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La révolution
Bolivarienne est à bout de souffle, tout porte à croire que Nicolas Maduro paiera pour un processus chaviste inachevé. En
effet, Après Simon Bolívar, Hugo Chavez est certainement la figure la plus
influente de l'histoire du Venezuela et l'une des personnalités les plus en vue
de l'anti-impérialisme que l'humanité ait jamais rencontré.
Hugo Chavez n'était pas un dogmatique. C'était juste un honnête homme, révolté par les injustices qui se passaient dans son pays. Sans théorie précise, il voulait simplement essayer de résoudre les problèmes de son peuple. On peut dire que le chavisme a été fondé depuis que Chavez a mené la rébellion militaire du 4 février 1992, mais c'est dès son élection comme président du Venezuela en 1998 que le chavisme a été connu de façon plus approfondie. Il s'est fixé pour objectif l'établissement du « socialisme du XXIe siècle », il met en place un ensemble de réformes, désigné sous le nom de « Révolution bolivarienne », et comprenant la promulgation d'une nouvelle Constitution, une politique de « démocratie participative », et la nationalisation des industries clés. Les ressources naturelles du Venezuela lui permettent de financer un ensemble de politiques sociales, et suscite l'enthousiasme d'une partie de la gauche et des nationalistes-révolutionnaires à l'échelle internationale. Sa politique fait l'objet de controverses : il lui est notamment reproché de ne pas poser les bases d'un développement durable au Venezuela, de gouverner de façon autoritaire et d'entretenir des liens avec plusieurs dictatures. Mais ceci s'explique par sa position gênante au Sud Américain mais pas que cela. Le Venezuela dort sur la première réserve de pétrole dans le monde estimée en 2018 à plus de 303,2 milliards de barils et 226 000 milliards de m3 de gaz .En 2015, le World Gold Council et le FMI dans un rapport étudiant les réserves d'or mondiales, prête à banque centrale du Venezuela, Banco Central de Venezuela (BCV), officiellement des réserves internationales de 367,6 tonnes d'or et ce pays se classe comme étant le 16e plus grand détenteur d'or du monde. Malheureusement, comme tous les pays à économie rentière, les reformes entreprises par ces 14 ans de règne n'ont pas réussi à diversifier l'économie du pays qui est resté jusqu'à sa mort le 05 mars 2013 entièrement dépendante des hydrocarbures pour 80% à son départ et 96% aujourd'hui avec une contraction du POB à plus de 53%. Son héritier qu'il a placé lui-même avant sa mort a tenté de poursuivre l'œuvre d' «El commande » mais les circonstances environnementales et surtout celles économiques ne lui ont pas été favorables. En effet, moins d'une année de sa prise le pouvoir, les prix du baril de pétrole ont entamé une chute considérable qui a été fatale non seulement pour le Venezuela mais tous les pays qui sont restés vulnérables d'abord au cours du pétrole et à la monnaie américaine. Elle l'a été plus pour ce pays avec l'arrivée de Trump dont l'objectif justement de se débarrasser d'un régime trop gauchiste et qui l'approvisionne en énergie. La crise économique qui s'en suivie devait creuser son déficits budgétaire qu'il l'a obligé à recourir à la planche à billet. Cette dernière a fait exploser le taux d'inflation qui a quitté la trajectoire linéaire pour prendre une allure exponentielle : 100, 1000, 10 000, 1000000% et aujourd'hui 2000 000% et s'attend fin 2019 à 10 000 000%. Les citoyens affamés fuient le pays par milliers. Aujourd'hui on parle de 3,5 millions de vénézuéliens qui ont quittés le pays durant cette moyenne période à raison de 2000 par jour. Automatiquement et avec un coup de pouce américain, cette crise a atteint vite le stade politique pour que de nombreux pays notamment limitrophes du sud américain qui ont jugé que Nicolas Maduro n'est plus l'homme de la situation d'où le conflit qui met en otage une population meurtrie par cette crise et pouvoir d'achat totalement effondré. Les aides humanitaires sont arrivées à la frontière mais sur injonction de Trump restent subordonnées au départ de Nicolas Maduro et un intérim donné Juan Guido qui s'était proclamé lui-même sous l'auspice de la vox populi. Le président en exercice fortement soutenu par l'armée refuse bien entendu. Constitutionnellement, tout le monde semble avoir raison mais la tactique politicienne prend le dessus au détriment d'une crise humanitaire annoncée. Comment à débuté cette crise ?Qui tire les ficelles ? Quelle est la situation économique actuelle ? Y aurait-il des moyens pour une sortie de crise ? 1- La crise ne date de ce janvier Les racines de la crise remontent à fin 2015, quand l'opposition avait remporté les élections législatives, gagnant la majorité au parlement. Très vite, Nicolas Maduro avait répliqué avec une Assemblée Constituante, uniquement composée de ses partisans, qui a confisqué la plupart des prérogatives des députés. Découragée, l'opposition a boycotté l'élection présidentielle de mai 2018 et considère le second mandat remporté par Nicolas Maduro comme frauduleux. C'est donc en vertu d'un article de la Constitution sur ce qu'il estime une vacance du pouvoir que Juan Guaido s'est autoproclamé président par intérim par la force de la constitution. Il se fixe comme objectif d'organiser des élections et sortir le pays de son marasme économique, entre hyperinflation (10.000.000% en 2019 selon le FMI) et pénuries, avec un bolivar qui a encore une fois été dévalué fin janvier par les autorités, cette fois de 35%. Pour y parvenir, Juan Guaido cherche à fissurer la loyauté de l'armée, essentielle au maintien au pouvoir de Nicolas Maduro depuis 2013. Il offre donc l'amnistie aux fonctionnaires et militaires acceptant de le soutenir. Comme l'a souligné la Maison Blanche, des dissensions commencent à apparaître au sein de l'armée. Attaché militaire du Venezuela à Washington, le colonel José Luis Silva a fait défection suivi début février par le patron de l'armée de l'air. Le Venezuela, pays pétrolier ruiné après avoir été le plus riche d'Amérique latine, est au centre de l'échiquier diplomatique international: du côté de Juan Guaido appuyé notamment par les États-Unis,et une grande partie de l'Europe et de l'Amérique latine, tandis que Nicolas Maduro est soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba. Le Canada accueillera à Ottawa une réunion d'urgence du Groupe de Lima, qu'il forme avec une dizaine de pays d'Amérique latine. Parallèlement, les ministres des Affaires étrangères de l'UE se sont penchés sur cette crise lors d'une réunion informelle jeudi et vendredi à Bucarest. Juan Guaido appelle à défiler à nouveau mercredi, «pour exiger des forces armées qu'elles se mettent du côté du peuple», puis samedi, «pour accompagner le soutien de l'Union Européenne et l'ultimatum». Six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont en effet donné à Nicolas Maduro jusqu'à dimanche 3 février 2019 pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaido comme président. Jusqu'à présent, Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013, se montre inflexible et rejette l'ultimatum des Européens. Pour ce dernier « Ceux qui affirment que Nicolás Maduro est un dictateur, un usurpateur et que la période présidentielle 2019-2025 manque de légitimité se sont-ils demandé pourquoi il était illégitime ? Ou répètent-ils simplement ce qu'ils entendent ? » Il se trouve que cette option n'est pas venue directement de l'opposition vénézuélienne Elle a été avancée par les 12 pays d'Amérique latine qui composent le groupe de Lima dans une déclaration commune. 2-Les Etats Unis multiplient la pression La diplomatie américaine a décidé de s'affranchir de tous les codes et usages ? La pugnace Nikki Haley, ambassadrice américaine à l'ONU, s'est jointe dans la nuit du 27 au 28 septembre 2018 à une manifestation d'opposants au président vénézuélien Nicolas Maduro, n'hésitant pas à prendre un mégaphone pour réclamer son départ. «Nous allons nous battre pour le Venezuela et nous allons continuer jusqu'à ce que Maduro parte !», a crié la haute diplomate, mégaphone à la main. «Nous avons besoin que vos voix portent et je vous le dis aussi, la voix des Etats-Unis sera forte», a-t-elle ajouté aux côtés d'opposants réunis dans une rue de New York près du siège de l'ONU. Les manifestants, en marge de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, brandissaient des pancartes portant l'inscription «SOS Venezuela» et chantaient : «Ce que nous voulons ? La liberté.» Le Venezuela est donc plus que jamais dans le collimateur de Washington qui semble trouver légitime de pratiquer l'ingérence la plus assumée dans les affaires intérieures du pays. Début août 2018, Nicolas Maduro avait été victime d'une tentative d'assassinat par drone. Dans une interview télévisée accordée à Fox News le 21 septembre, le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, avait annoncé que les Etats-Unis allaient mettre en place «une série d'actions», afin d'accentuer un peu plus leurs pressions à l'encontre Caracas. En plus, Le régime vénézuélien de Nicolas Maduro, désespéré de récupérer ses fonds qui s'amenuisent à l'étranger, a été bloqué dans sa tentative de retirer 1,2 milliard de dollars en or de la Banque d'Angleterre. La décision de la Banque d'Angleterre de rejeter la demande de retrait intervient après que des hauts responsables américains, dont le secrétaire d'État Michael Pompeo et le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, ont fait pression sur leurs homologues britanniques pour qu'ils aident à couper le régime de ses avoirs à l'étranger, selon l'un d'eux, qui a demandé à ne pas être identifié et rapporté par l'agence Bloomberg. Enfin, l'administration américaine a imposé lundi dernier de lourdes sanctions à la compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA, accusée d'être «un véhicule de corruption», pour faire pression sur le président Nicolas Maduro. Il s'agit des mesures de rétorsion les plus vigoureuses à ce jour de la part des États-Unis, qui ont reconnu la semaine dernière la légitimité de Juan Guaido, chef de file de l'opposition et président de l'Assemblée, lorsqu'il s'est proclamé chef de l'État par intérim. « Nous continuons à dénoncer la corruption du président vénézuélien Nicolas Maduro et de ses acolytes, et les mesures prises aujourd'hui garantissent qu'ils ne pourront plus piller les revenus du peuple vénézuélien », a déclaré John Bolton, conseiller à la Sécurité nationale, lors d'un point de presse à la Maison Blanche. Première source de revenus du Venezuela, PDVSA possède le raffineur américain Citgo Petroleum, qui est l'actif étranger le plus important du pays. Selon le Trésor américain, ces sanctions, qui interdisent à PDVSA de faire du commerce avec des entités américaines et gèlent ses avoirs à l'étranger, ont pour objectif d'empêcher « le détournement de davantage de ressources » par Nicolas Maduro. Au total, sept milliards de dollars d'actifs de la firme vont être gelés et elle sera privée de « plus de 11 milliards de dollars de recettes d'exportation dans l'année qui vient ». Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a indiqué que la levée éventuelle de ces nouvelles sanctions passerait « par un transfert rapide de son contrôle vers le président par intérim ou vers une administration démocratiquement élue » En ce qui concerne les raffineries de Citgo, filiale de PDVSA aux États-Unis, elles pourront néanmoins continuer à fonctionner - les transactions financières passant par un compte bloqué. Interrogé lors d'un point de presse à la Maison Blanche sur comment les revenus de Citgo seraient transférés à un nouveau gouvernement à Caracas le cas échéant, Steven Mnuchin a répondu : « Quand il y aura reconnaissance que la compagnie est la propriété des dirigeants légitimes, alors l'argent sera disponible pour M. Guaido ». Il a ajouté que pour l'instant Nicolas Maduro n'était « pas le leader adéquat pour ce pays en ce moment » et que les États-Unis protégeaient « les actifs de valeur pour le bénéfice du peuple vénézuélien ». Interrogé sur l'impact sur le prix de l'essence à la pompe que peuvent avoir ces mesures, Steven Mnuchin a rappelé que « les prix de l'essence n'avaient jamais été aussi bas depuis longtemps ». « Les raffineries concernées », qui sont basées en Louisiane, dans l'Illinois et au Texas, « ont un impact sur des régions spécifiques du pays », a encore affirmé le ministre américain. « Nous sommes confiants dans le fait qu'elles ont suffisamment de réserves pour ne pas provoquer d'impact important à court terme ». 3- les sanctions américaines sont contreproductives. S'il est vrai que la situation depuis pratiquement le début 2016 est devenue intenable pour une population dont le pouvoir d'achat ne cesse de se dégrader pour les mettre dans une phase de famine certaine. Pour la quatrième fois depuis la baisse du prix du baril de pétrole, le président Nicolás Maduro a augmenté le salaire minimum des Vénézuéliens. Il est passé 1er juillet à 3 millions de bolivars, contre 1 million depuis le 1er mai. A cette somme s'ajoute un bon alimentaire mensuel pour une valeur de 2,2 millions de bolivars. Le 1er janvier, le smic atteignait 250 000 bolivars. La spirale inflationniste qui dévaste l'économie du pays rend inutile toute tentative de conversion. Le gouvernement garde secret les chiffres de la hausse des prix, que des sources extérieures (Banque mondiale ou Fonds monétaire international) situent à 2 700% pour 2017, avec une prévision à 1000 000% pour 2018. La même banque annonce 10 000 000% fin 2019.Trois millions de bolivars, c'est le taux du dollar américain au marché noir. Un mois de salaire minimum équivaut donc à moins d'un euro. C'est bien sûr insuffisant pour s'alimenter pendant un mois. Suivant les témoignages, cette somme permet d'acheter deux bouteilles d'huile, ou un kilo de poulet, ou une douzaine d'œufs. Trois millions de bolivars, c'est dans de nombreux cas moins que le budget transports pour se rendre à son travail. L'hyperinflation transforme la vie quotidienne en casse-tête à tous les niveaux. Les billets en circulation ne suffisent plus. Les distributeurs des banques les accordent au compte-gouttes : on ne peut retirer que de quoi s'acheter un café. Et souvent, après une longue attente. Résultat : Ne pas manger à sa faim, a fait perdre au vénézuélien plus de 8,7 kg de son poids. C'est sur cette fibre que le président américain joue pour multiplier les sanctions envers ce pays dans le but de pousser la population affamée de se soulever contre Maduro et mettre quelqu'un de plus libéral étant donné les enjeux économiques avec ce pays. Il se trouve que comme en Iran, c'est l'effet contraire qui se passe. La cohésion populaire se solidarise avec le président actuel pour éviter une ingérence de ce qu'ils appellent « l'impérialisme voisin ». Les pour et les contre appellent à une sortie de crise pacifique. Dans les manifestations, on enregistre aucune casse à l'exception du côté pouvoir qui ont tiré à balles réelles faisant une quarantaine, plus 300 blessés et 850 arrestations C'est une population qui s'est montrée très sensibilisée sur la situation du pays, reconnait la légitimité des deux présidents qui s'affrontent pour le pouvoir. L'un ne reconnait pas la légitimité de l'autre et s'appuie sur la constitution pour prendre l'intérim, l'autre investi d'un mandat jusqu'au 2025. Mais cette population sait qu'elle est en face d'un choix crucial très loin de ces arguments politiciens. En effet, il s'agit pour elle de pousser Maduro de changer de tactique sans abandonner le chavisme par une politique de continuité ou suivre Juan Guaido pour une approche libérale qu'on lui connait. L'opposition vénézuélienne emmenée par Juan Guaido est structurée autour de deux principaux partis politiques : Primero Justicia, auquel M. Guaido appartient, et Voluntad popular. Il s'agit de deux partis jeunes, créés sous Chavez. Les racines du premier plongent dans l'histoire de la démocratie chrétienne vénézuélienne et le second se définit comme un mouvement de rénovation de la social-démocratie. Ils ne revendiquent pas cet héritage, et, pour eux, l'idéologie n'est pas un facteur déterminant pour les partis d'opposition. Leur composante politique est formée de technocrates ayant pour beaucoup fait des études à l'étranger, modérément libéraux en matière économique et désireux de retrouver un fonctionnement démocratique normal. Mais surtout, c'est un personnel politique jeune qui n'a connu que les chavistes au pouvoir, depuis 1998. On peut dire qu'ils leur donnent un coup de vieux. L'opposition n'a de toute façon pas d'autre choix que de s'appuyer sur de nouveaux visages, puisque ses responsables les plus chevronnés sont soit en prison, soit en résidence surveillée, soit en exil. Juan Guaido est le symbole de l'opposition, mais ce statut lui est tombé dessus par hasard. Depuis qu'il a obtenu la majorité à l'Assemblée nationale, en 2015, et que cette institution a perdu tout pouvoir, les deux principaux partis de l'opposition y assurent une présidence tournante. Quand le moment a été jugé opportun pour que le président de l'Assemblée nationale revendique la tête de l'Etat en niant toute légitimité de Nicolas Maduro, c'est Guaido qui occupait ce poste. Il faut donc relativiser les liens de l'opposition vénézuélienne avec des Etats étrangers hostiles au pouvoir de Maduro. D'abord parce que la loi de financement des partis politiques ne permet pas à ces formations d'être financées par des acteurs extérieurs. Par ailleurs, l'opposition qu'incarne Guaido est une opposition de dialogue qui rejette l'option militaire. Ce qui est inquiétant c'est que les Etats-Unis paraissent prêts à tout. S'il ne parvient pas à avancer pacifiquement, Guaido risque de se faire déborder par des extrémistes qui prient pour une invasion extérieure ou pour un coup d'Etat. Tout le monde y perdrait. Il sera impossible de reconstruire la démocratie après cela. En conclusion, le conflit si on peut l'appeler ainsi ne se limite pas un problème de ventre comme veut le prendre Trump mais existentielle. Il s'agit d'un tournant au Venezuela. L'hyperinflation n'est pas un fait inédit mais d'autres pays l'ont connue par la passé comme l'Allemagne en 1923 et le Zimbabwe en 2000 mais ils l'ont franchi sans toucher leur idéologie politique. Le cas du Venezuela étant donné sa situation géographique et son environnement pourrait s'éloigner de sa tendance actuelle. *Consultant, Economiste Pétrolier |
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