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Les
prévisions de la Banque mondiale pour l'économie algérienne sont mitigées, au
moment où certains experts algériens attirent l'attention des autorités sur les
dangers qui menacent le pays. Si elles sont des repères incontournables dans
l'établissement de perspectives économiques et financières par pays, et donc à
la base des conseils aux pays faisant face à des difficultés macroéconomiques,
les statistiques des institutions de Bretton Woods
font autorité. Autant le FMI que la BM et l'OMC sont chargés de scanner
périodiquement l'état et l'évolution de l'économie mondiale, et celle par pays,
justement pour éviter les chocs internes et les crises financières.
Dès lors, les conseils de la Banque mondiale à l'Algérie sont bons à prendre, et ses statistiques ne démentent pas également l'état de l'économie nationale qui est au creux de la vague et n'arrive plus à atteindre le seuil des 3%. Même si la Banque mondiale a revu en légère hausse les perspectives économiques de l'Algérie en 2019 et 2020, le seuil des 3% ne sera pas atteint dans les trois prochaines années au moins. Selon ses projections actualisées, la BM table désormais sur 2,3% de croissance en 2019 contre 2% prévus dans son précédent rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié en juin dernier. Les prévisions actualisées pour 2019 restent cependant moroses. En fait, si les institutions financières internationales se gardent de noircir le tableau général de l'économie nationale, c'est qu'elles ont de bonnes raisons de penser, comme une patrie des experts algériens, que le pays possède de grandes potentialités économiques et de valeur en termes de ressources humaines, qui ne sont pas valorisées, exploitées et rentabilisées. Car il y a des experts algériens qui pensent que la situation n'est pas aussi désespérée, et qu'il faut éviter ce climat de sinistrose qui s'est emparé de pans entiers d'acteurs et opérateurs économiques. «Care», un think-tank algérien pense que la situation actuelle mérite des ajustements et des réformes en profondeur, le retour à la bonne gouvernance qui suppose la fin de la corruption et de la bureaucratie. D'autres experts et économistes pensent également que la situation pourrait évoluer positivement dans quelques années, à l'orée de 2025 avec le début de l'exploitation du gaz de schiste selon des procédés d'extraction nouveaux qui n'attenteront pas à l'environnement. En outre, l'Algérie est capable d'exporter du brut et du gaz en grandes quantités d'ici 2030, selon des experts pétroliers, qui tablent également sur une reprise des cours entre 2019 et 2020. Pour les plus pragmatiques, comme le Pr. Abderahmane Mebtoul, l'Algérie a un répit de trois ans pour relancer son économie, et éviter d'ici là l'iceberg. Car il prévient : «Attention à ne pas aller au FMI dans quelques années». Et pour éviter ce scénario catastrophe, il faut revoir la politique économique et sociale et «se rassembler.» Tout comme l'ex-chef de gouvernement Ahmed Benbitour, Mebtoul prévient que «nous sommes en danger», et donc il faut réagir vite, et bien. Et, surtout, qu'on «tolère nos différences». Décrypté, le dernier rapport de la Banque mondiale sur l'Algérie déduit que le taux de croissance fléchit, avec une tendance inflationniste et un rebond du taux de chômage à 13%. Et le défi reste entier pour l'économie algérienne qui a de plus en plus de difficultés à financer par ses propres ressources les grands projets créateurs d'emploi et de distribution de salaires, et donc autant la paix sociale que sa décision politique face aux institutions de Bretton Woods. |
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