Le
financement non conventionnel ou la planche à billets est de retour. A l'arrêt
depuis mars dernier, le gouvernement relance la machine et ce sont 420
milliards de dinars qui ont été «imprimés» en septembre dernier. Ce mode de
financement présenté par ses défenseurs comme étant une décision souveraine de
l'Algérie et lui évite ainsi de recourir au FMI. Pourtant, de nombreux
économistes, mais pas que, s'alarment de cette politique monétaire craignant
l'impact inflationniste du financement non conventionnel qui aura lieu sans
toutefois être exagéré dans un premier temps, comme le soulignait Ferhat Aït
Ali, un économiste. L'ancien chef du gouvernement, Mokdad Sifi,
indiquait, lui, qu'il existe d'autres possibilités pour sortir de la crise
économique dont souffre l'Algérie, affirmant que «créer de la fausse monnaie et
des faux dinars est une solution qui ne peut pas marcher». Et de s'interroger
sur la viabilité de cette solution : «Si le recours à la planche à billets
était une bonne solution pour l'économie, pourquoi on ne retrouve pas cette
pratique dans d'autres pays » ? La destination même de ce financement est
remise en question. Décryptage : lorsque le projet de loi portant amendement de
la loi sur la monnaie et le crédit introduisant le recours au financement non
conventionnel a été adopté en septembre 2017, le gouvernement avait expliqué
que cette réforme permettra à la Banque d'Algérie de prêter directement au
Trésor public «afin de permettre à ce dernier de financer les déficits du
budget de l'État, de financer la dette publique interne et d'allouer des
ressources au Fonds national de l'investissement». Sur un délai de cinq ans.
Ferhat Aït Ali observait, à ce propos, que ces affectations ne figurent pas
dans le projet de révision de la loi. Comme l'emprunt obligataire est allé
«droit au financement du déficit» alors qu'il était censé financer des projets
générateurs de nouveaux revenus, Ferhat Aït Ali ajoute qu'«on n'est pas sûr que
l'émission monétaire sera affectée là où le gouvernement le dit». L'économiste
mettait également à mal les arguments avancés par le Premier ministre qui
faisait une comparaison osée avec les pays développés (USA, Europe, Japon) qui
ont eu recours au financement non conventionnel. Simplement pour lui, le
parallèle n'a pas lieu d'être dans la mesure où l'Algérie «est importatrice
nette de tous les effets négatifs de toutes les autres monnaies sur sa monnaie
intérieure», alors qu'en face, les Etats-Unis et l'Europe exportent de
l'inflation. Cette défiance s'explique par les nombreux rendez-vous ratés de
l'Algérie avec l'histoire faute d'une rationalité dans les prises de décision.
Depuis que l'Etat a décidé de ne plus être dépendant des recettes
d'hydrocarbures, rien n'a été réalisé dans ce sens.