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La science
vient de dé-couvrir les raisons qui ont poussé le kamis à défigurer la statue de Aïn
El Fouara. Des archéologues ont, en effet, découvert
dans la région de Sétif, des outils en pierre taillée remontant à 2,4 millions
d'années. Le violeur au burin de la nana de Francis de Saint-Vidal a agi par
atavisme, reproduisant les mêmes gestes réalisés par nos plus anciens ancêtres,
premiers autochtones de l'Algérie, qui aimaient travailler la pierre. Cette
découverte, dont on ne mesure pas encore l'importance, risque de bouleverser
les acquis scientifiques, préhistoriques, anthropologiques, sociologiques,
rhumatologiques et tutti quanti qui voulaient que l'Afrique de l'Est soit le
berceau unique de l'humanité. Pour une fois qu'on parle de nous en bien, enfin
pas de nous les Algériens «one, two, three», mais de la région géographique, on ne va pas faire
la fine bouche. L'Algérie ne fait plus l'actualité pour l'image négative
qu'elle véhicule à l'extérieur avec ses scandales à la Panama papers, l'exportation de sa jeunesse désespérée ou
l'importation de conteneurs d'ordures et de courants d'air, mais elle est au
centre de l'intérêt scientifique du monde. Qui connaissait Aïn
Boucherit avant cette découverte ? Personne en
Algérie, en dehors des chercheurs qui y travaillaient, de quelques bergers qui
surveillaient leurs troupeaux et des bureaux de vote itinérants qui se
rappelaient de son existence. En conclusion de profanes, l'être humain était en
Algérie, il y a 2,4 millions d'années. Voilà qui tempère un peu les ardeurs des
amateurs des origines du premier homme chez nous. Parlait-il kabyle ?
Mangeait-il des dattes ? Priait-il un dieu unique ? Regardait-il Al-Djazeera ? On peut se poser les questions qu'on veut quitte à avoir une migraine carabinée mais les réponses
sont inscrites dans ces outils découverts qui ne se souciaient ni de l'accent
de celui qui les a fabriqués ni de la couleur de sa peau.
L'homme marchait sur la terre d'Algérie, il y a de cela 2,4 millions d'années, bien avant la playstation ou les amoureux de Djanitou, ne votant ni pour le FLN ou le MSP, respectant la nature, des écolos de la première heure, qui chassaient pour se nourrir, ne haïssant pas leur proie. Puis est venu l'argent, les religions, les femmes et l'occupation française. L'Algérie a changé depuis et les outils oubliés, enterrés sous les plis de l'histoire, ont laissé place aux instituts de formation professionnelle et à l'Ansej. L'Algérie a de nouveau rendez-vous avec l'Histoire pour peu qu'un gratte-papier écervelé n'autorise l'ouverture d'une carrière de pierres dans la région, comme cela a été le cas du côté de Beni Abbès. |
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