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«Pour lutter
contre la progression de l'extrême-droite et l'utilisation des migrants comme bouc-émissaire»,
les rédactions des revues et sites Regards, Politis et Mediapart
se sont associées pour lancer le Manifeste «Pour l'accueil des migrants».
Ce dernier texte a été signé d'emblée par 150 intellectuels, artistes, militants associatifs, syndicalistes et personnalités de la société civile. Et nombreux sont qui l'on ralliés depuis. Elément d'actualité. Pour Macron : « les réfugiés ? Non merci » ; Emmanuel Macron a refusé en début de semaine dernière, une nouvelle fois l'accès à un port français du navire humanitaire «Aquarius », bientôt privé de pavillon par les autorités portuaires européennes et qui n'avait plus que 58 réfugiés, fuyant les côtes libyennes. Le navire, refusé dans tous les ports de l'UE, erre depuis plusieurs semaines. Le navire a essayé Marseille. Niet ! Le président français a expliqué son refus d'accueillir l'Aquarius et ses 58 rescapés en France «par une volonté de protéger le droit international des provocations politiques et de ne pas renforcer l'extrême droite en ouvrant les portes du pays». Position hélas approuvée selon une étude d'Odoxa, par 74% des sondés en France. Les précampagnes qui s'initient d'ores et déjà en préparations des élections européennes qui se dérouleront en mai 2019, manifestent que l'immigration (et son refus) sera des thèmes dominants de cette échéance. « Presque partout en Europe, de la Hongrie à l'Italie, en Allemagne ou en Pologne, en Autriche, en République tchèque ou dans les pays scandinaves, des partis de droite ultraconservatrice d'extrême-droite affichée, soit ont accédé au pouvoir, soit ont le vent en poupe. Et tous ont fait de l'immigration, leur cheval de bataille » constate l'éditorialiste du journal Le Monde, Gérard Courtois. En France, l'opinion publique, plus mesurée, reste inquiète surtout après la vague d'attentats terroristes subis dans le pays une dizaine depuis 2012 qui ont connu leur apogée, le 13 novembre 2015, avec les carnages dans la salle de spectacle du Bataclan et sur des terrasses de l'Est parisien : cent trente personnes, notamment des jeunes, sont tuées et plus de 350 sont blessées. L'Etat Islamique revendique les attaques. La déstabilisation et les conflits au Proche-Orient (Irak, Lybie, Syrie), les difficultés du Continent Africain ont également accru vers l'Europe l'arrivée d'un important flux de réfugiés. L'Allemagne a accueilli près d'un million de réfugiés ces dernières années. Une responsabilité historique de pays européens La France et le Royaume-Uni ont été pendant deux siècles, les deux plus grands empires coloniaux régnant sur l'ensemble de la planète, pendant plus d'un siècle. Ça vaut quelques réflexions sur les conséquences, à long terme, à propos de leurs relations et responsabilités auprès de leurs anciennes colonies, qu'elles ont dirigé pour le moins de façon pour le moins bureaucratique, voire parfois très brutale. Ce qui n'enlève rien aux responsabilités des gouvernants actuels, souvent confrontés à des crises économiques, sociales, voire des conflits, de ces « jeunes » nations qui ont accédé, parfois très difficilement, à leur indépendance au début de la seconde moitié du XXème siècle. En France, l'immigration a, depuis les années 60, été longuement et largement été favorisée par l'administration, à le demande des entreprises françaises de l'époque (Peugeot, Renault, le Charbon et la Sidérurgie, le bâtiment?) par un patronat qui y voyait l'occasion d'utiliser en France une main-d'œuvre extrêmement bon marché et qui leur permettait par ailleurs de maintenir une forte pression sur les salariés français. L'immigration algérienne a fortement crue à partir de 1965, trois ans après l'indépendance de cette ex-colonie. Et l'appel à une main-d'œuvre peu coûteuse continue, un demi-siècle, plus tard? La France et l'Irlande, les deux seuls pays européens à démographie positive Par ailleurs, la France est, avec l'Irlande, les deux seuls pays des 27 pays de l'Union Européenne à bénéficier en effet d'une démographie positive. Le fossé démographique s'est creusé en Europe depuis la chute du Rideau de fer, les anciens pays de l'Est ayant perdu jusqu'à un quart de leur population tandis que le solde est largement positif à l'ouest, selon une étude autrichienne parue au printemps 2018, qui souligne l'impact déterminant du facteur migratoire ! Aux résultats d'une démographie positive : une plus forte demande, et donc, les conditions d'une meilleure croissance à venir, et d'ores et déjà la possibilité des rétablir les déficits de l'État et ceux des Comptes sociaux. Miracle : les comptes de la Sécurité sociale française (Chômage, Retraite -malgré l'allongement de la vie ! -, Maladie) une fois et demi le budget de l'État, sont redevenus positifs en cette fin d'été. En 2019, le régime général de Sécurité sociale devrait afficher un excédent de 700 millions d'euros. En équilibre positif, pour la première fois depuis 18 ans ! Ce rétablissement est dû aux efforts demandés aux salariés (et pas assez aux actionnaires) mais également à l'augmentation du nombre d'actifs (qui ne signifie pas une baisse du pourcentage des chômeurs !). Cette démographie positive est également en partie due à l'intégration progressive de populations étrangères, migrantes en France, séduites par « l'attraction hexagonale » mais qui permettront, par leur activité aussi, de garantir les revenus de nos bons vieux retraités nationaux ! Différents types de migration Le texte proposé par le Manifeste des 150 intellectuels premiers signataires, n'opère néanmoins pas assez, néanmoins, la distinction entre les citoyens français d'origine étrangère (rappelons qu'est Français, tout citoyen qui nait en France), les migrations économiques et le mouvement important des réfugiés qui ont dû, pour fuir les guerres ou la misère, quitter leur pays pour ne pas dépérir ou mourir. Selon Eurostat, «un immigrant est une personne qui vient ou revient de l'étranger pour établir sa résidence dans un pays donné pendant un certain temps, après avoir eu précédemment sa résidence habituelle dans un autre pays», dans la très grande majorité des cas, pour des raisons économiques En règle générale, il souhaite rester dans le pays d'adoption. Un demandeur d'asile est une personne qui a engagé des procédures pour obtenir une protection internationale. En France, c'est à l'Office français de protection des réfugiés et des apatrides, l'OFPRA, que les demandeurs d'asile déposent leur demande. Il n'est pas «réfugié», au sens administratif. Au terme de la procédure administrative, le demandeur peut se voir, ou non, accorder un statut de réfugié, une protection subsidiaire, ou une protection pour des raisons humanitaires. Sur l'immigration économique : pour l'essentiel, issue en France, du Maghreb et de l'Afrique. En France, l'immigration « économique » reste très raisonnée et même en baisse par rapport aux années 80-2000 : en 2017, 27000 premières demandes ont enregistrées pour un motif économique. Le reste vient du rassemblement familial et des demandes d'étudiants souhaitant rejoindre l'université française : selon les chiffres de l'immigration publiés au mois de juin 2018 par le ministère de l'Intérieur, 242.665 personnes se sont vues délivrer un titre de séjour, 87.109 pour regroupement familial, 78.478 pour les étudiants. Quant aux réfugiés : l'UE en a accueilli 700 000 en 2016, la France seulement 78000 en 2017. Ces nouveaux arrivants s'intègrent, contrairement aux discours de l'extrême-droite et d'une certaine crainte populaire, dans une population française infiniment plus nombreuse. Au 1I?³ janvier 2018, la France compte 67,2 millions d'habitants. Avec les entrées de ressortissants étrangers sur le territoire, la France comptait, fin 2015 sur son sol, quelque 8 millions de personnes nées à l'étranger, soit 12,3% de sa population totale. A titre de comparaison, ce pourcentage s'élevait à 28% pour l'Australie (6,7 millions d'étrangers), 20,3% pour le Canada (7,2 millions), 14,2% pour l'Allemagne (11,4 millions) ou 13,9% pour le Royaume-Uni (8,9 millions). Une intégration pas toujours facile L'intégration des anciennes et nouvelles populations migrantes s'effectuent-elles bien ? Réponses diverses : « très bien », « pas tellement » et « pas du tout ». Si l'on connaît le voisin (épicier, patron de bistro, infirmière, camarade de bureau? (Maghrébin, Chinois, Croate?)? Tout va plutôt bien. Mais les « Français de souche » regardent les « autres » étrangers avec méfiance, d'autant que les immigrés vivent en France dans des quartiers difficiles où le taux de chômage voisine souvent les 50%. Des populations qui subissent, outre la misère sociale, la délinquance, la méfiance, voire le racisme. Racisme exprimé par des populations de « Français de souche » qui subissent souvent la même dégradation des conditions sociales et qui voient les populations migrantes ou issues de l'immigration comme des concurrents sur le marché du travail ou de la protection sociale. A l'origine de ce sentiment, une stagnation des revenus des classes populaires et une perte pour un grand nombre de revenus des classes moyennes. Une intégration des jeunes encore plus difficile Rappelons, enfin que les premiers immigrés du Maghreb en France ont été enregistrés en 1848. Les jeunes des banlieues font partie de la 6ème, 7ème, 8eme génération.., vivant en France. Ils ne parlent plus depuis longtemps les langues d'origine, l'Arabe, les langues berbères ou les multiples dialectes africains de leurs origines familiales, pas plus qu'ils ne connaissent leur pays d'origine historique dans lesquels, ils ne se sont jamais rendu, encore moins les rites culturels de leurs arrières grands-parents. On les dit arabes, Maliens, Sénégalais.., mais ils ne connaissent aucunement leurs très lointains pays d'origine. Mais on ne les considère pas pour autant, comme « Français », même s'ils en possèdent pleinement la nationalité. D'où, dans un pays qui souvent les rejette, où ils ne trouvent pas de boulot, c'est la recherche d'une « origine » parfois mythique et hélas, dans le cas souvent religieuse. Le problème de fond reste donc avant tout social (éducation, formation, emploi). Mais du coup, dans cette absence de politique d'intégration surgissent les « faux-conflits », d'insertion mais également de culture : la montée de l'Islamisme radical, est souvent vécue dans les banlieues comme l'affirmation d'une « identité », même imaginaire. cette affirmation culturelle, sans aucune relation avec le terrorisme islamiste est néanmoins mal vécue par les aborigènes locaux, ou « Français de souche » même si c'est un pays, historiquement de culture chrétienne, certes, avec des traditions régionales particulières, mais pourtant dans une forte affirmation culturelle française qui s'estime « universelle », et par ailleurs amoureux d'une France républicaine et laïque, depuis la Révolution française. Liberté, Égalité, Fraternité. Il faudrait d'ailleurs appliquer ces principes plus souvent? L'accession rapide à la nationalité française, ses droits et ses devoirs devrait être, par exemple une revendication essentielle. « La migration n'est un mal que dans les sociétés qui tournent le dos au partage. La liberté de circulation et l'égalité des droits sociaux pour les immigrés présents dans les pays d'accueil sont des droits fondamentaux de l'humanité » rappelle à juste raison le Manifeste « Pour l'accueil des migrants ». |
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