|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
«En
tant qu'Etat nous devons mettre fin à la guerre civile sanglante que le Tatmadaw mène avec férocité et brutalité contre nos propres
frères ethniques... Nous devons également mettre fin à ce qui est considéré, de
manière crédible et de plus en plus visible, comme une politique de génocide
contre les Rohingyas... Je dois rappeler que, dans le
passé, les gouvernements birmans ont officiellement reconnu les Rohingyas comme un groupe ethnique de notre pays ayant vécu
sur ses terres ancestrales...» (Mung Zarni, professeur auprès des universités anglaises et
américaines, opposant bouddhiste birman: «Lettre
Ouverte à Aung San Suu Kyi»)
«Des actes génocidaires sont commis contre les Rohingyas ...avec l'intention de les détruire totalement ou partiellement... Un génocide a été ou est commis contre les Musulmans Rohingyas dans l'Etat de Rakhine au Myanmar.»(Rapport de Fortifyright de l'Université de Yale, USA, www. fortifyright.org). Depuis le 25 Août de cette année, et suivant les récents rapports des institutions internationales, plus de 582000 membres de la minorité musulmane des Rohingyas - dont prés de soixante pour cent sont des enfants - ont été expulsés, manu militari, du territoire de Myanmar par l'armée birmane («Tatmadaw» en birman). De la reconnaissance même de chefs d'états de la «communauté internationale,» il s'agit de rien moins qu'une vaste opération de nettoyage ethnique, prétextant de la lutte contre le «terrorisme islamique.» Cependant, en dehors de manifestations de pitié et de communiqués diplomatiques ambigus , cette même «communauté internationale» a fait preuve d'une rare retenue dans ses réactions face à ce crime contre l'humanité. Les réunions du Conseil de Sécurité consacrées à ce qui est la phase finale d'un projet génocidaire- inscrit dans les lois birmanes sur la défense de la pureté raciale, inspirées directement de l'idéologie nazie,-qui dure depuis 55 années, se sont effectuées de manière furtive et futile; ces réunions, convoquées dans l'urgence, n'ont donné lieu jusqu'à présent à aucune décision contraignant la junte et sa fantoche, Aung San Suu Kyi, à arrêter le massacre de la minorité la plus opprimée du monde, qui se trouve , pour son grand malheur, de confession musulmane, donc interdite de se défendre, même si elle est massacrée en gros et en détail. Le crime des Rohingyas : Etre des Musulmans Un journaliste anglais, Joseph Allchin, domicilié à Dhaka, au Bengladesh, et couvrant le Myanmar pour le compte d'un grand nombre de journaux britanniques et américains, a bien expliqué la ligne de pensée de ceux qui prônent la neutralité et la passivité devant ce génocide patent. Voici ce qu'il écrit dans un article sous le titre de « Myanmar, L'Invention des «Extrémistes» Rohingyas» article paru dans l'hebdomadaire :»New York Review Of Books»(numéro du 2 Octobre 2017). «Les militaires birmans ont forcé plus d'un demi million de Rohingyas à fuir à travers la frontière au Bengladesh où ils ont rejoint les quelque cinq mille autres qui avaient fui auparavant les conditions de quasi apartheid et les pogroms des années récentes. «Le gouvernement du Myanmar est confronté à de nombreux mouvements insurrectionnels ethniques. Par exemple, dans le nord du pays, l'Armée Pour l'Indépendance du Kachin conduit une insurrection, qui est autrement mieux armée, dans les territoires frontaliers de la Chine. Pourtant, les Kachins, qui sont souvent des Chrétiens, n'ont pas été soumis à une telle campagne totale de nettoyage ethnique ou à l'accusation de terrorisme du fait de leur religion. La différence est que les Rohingyas sont, pour la plupart, des Musulmans Sunnites. Les dirigeants militaires birmans ont depuis longtemps tenté de décrire les Rohingyas comme une cinquième colonne d'extrémistes islamistes dangereux entretenant des liens avec el Qaida.» Les Rohingyas ne sont pas les seuls à se rebeller contre la junte birmane Au cours de cette toute récente période, d'autres mouvements d'insurgés à base ethnique et/ou religieuse, se sont manifesté par des attaques armées contre les forces de l'ordre birmanes. Ainsi, l'Armée Pour l'Indépendance du Kachin(KIA) a , depuis novembre 2016 (voir Christian Science Monitor du 21 Novembre 2016) signé un accord avec trois autres groupes armés, «l'Armée de l'Alliance Nationale Démocratique du Myanmar,» représentant la minorité ethnique chinoise, «l'Armée Ta'ang de Libération Nationale,» et «l'Armée Arakanaise»(cette dernière, composée de Bouddhistes, mène sa guérilla anti- gouvernementale dans l'Etat de Rakhine), pour mener des attaques conjointes contre l'armée birmane. Depuis cette unification, et encore tout récemment, de nombreux postes de police et baraquement militaires ont été attaqués par cette coalition insurrectionnelle, sans que cela donne lieu, contre les minorités ethniques en cause, au type de répression violente et systématique de l'armée birmane, qui s'acharne contre les Rohingyas. Les régions où ces groupes sont actifs n'ont pas vu l'ampleur des destructions systématiques et des massacres, qui n'épargnent ni femmes, ni enfants, perpétrés par les forces de l'ordre birmanes contre les agglomérations habitées par les Rohingyas, massacres révélés par les médias et confirmés par les rapports des organisations internationales, et destructions prouvées par les images satellitaires. Voici ce que montrent ces images satellitaires analysées par «Human Right Watch,» (rapport du 17 Octobre 2017) : «Un total de 866 villages à Maungdaw, Rathedaung, et Buthidaung dans l'Etat de Rakhine ont été... partiellement ou entièrement détruits...entre le 25 Août et le 25 Septembre... Dans beaucoup d'endroits, les images de satellite montrent des incendies brulant simultanément sur de grande étendues et pour de longues périodes.» La « Générosité Internationale» mobilisée pour la réussite du génocide des Rohingyas! Entre-temps, la «communauté internationale» s'est abstenue d'imposer des sanctions contre la junte, ou même de lancer une opération militaire musclée contre elle, comme cela aurait certainement été le cas, si un pays musulman avait, non seulement dépouillé de sa citoyenneté une minorité non musulmane, mais l'aurait également emprisonné à vie dans de vastes camps de concentration, et exclue totalement de la vie politique, économique et sociale, puis expulsée en masse, et par millions. Au lieu de réagir avec rapidité, fermeté et violence extrême, -comme elle l'a fait dans d'autres cas loin d'être aussi dramatiques que ce que l'armée birmane perpètre en «séance continue,» - pour arrêter les massacres, les destructions de propriété, et les expulsions massives actuelles, voici que la «communauté internationale,» se réunit en conférence pour financer le génocide des Rohingyas. Elle veut imposer au pays voisin d'accueillir en permanence, et de maintenir sur son territoire ces victimes,- dépouillées de leur citoyenneté dans leur propre patrie et rendues, par la loi birmane, apatrides depuis trente cinq ans,- du nettoyage ethnique ultime mené par l'armée birmane, sous «l'œil attendrie et le leadership directe de sa «diva» titulaire du Prix Nobel de la Paix. C'est là le comble du cynisme politique! Les expressions de compassion et de pitié ornent effectivement différents discours et déclarations par les hautes autorités des pays membres de la «communauté internationale;» mais ces pays tout puissants, et si sensibles à la misère humaine qu'ils sont prêts à mobiliser leurs forces militaires pour la soulager en tout point du globe, se gardent bien, avec une prudence quelque peu étrange, d'annoncer des mesures visant directement les autorités perpétrant ce génocide-ou même de les condamner ne serait-ce que légèrement. Face à cette placidité, ces expressions de compassion apparaissent pour ce qu'elles sont : la manifestation d'une extrême hypocrisie, et d'un cynisme absolu, car, en même temps, est transféré le blâme de ces crimes contre l'humanité, non seulement sur les victimes, mais également sur le Bengladesh, le pays qui accueillent ces victimes. Ce n'est pas Aung San Suu Kyi ou Tatmadaw qui seraient à blâmer, mais le Bengladesh s'il refusait de collaborer pour faire de ce nettoyage ethnique évident un «succès historique,» pour un «retour rapide de la paix en Birmanie.» Le génocide des Rohingyas n'est pas un évènement causé par la colère divine! Par leur inaction, et leur volonté de traiter la crise comme essentiellement un problème humanitaire, les membres de cette «communauté internationale» assimilent le génocide des Rohingyas aux pertes humaines et aux dégâts causées par un phénomène naturel catastrophique, comme un tremblement de terre, une famine, un tsunami, ou une inondation, demandant la mobilisation de moyens financiers pour venir en aide aux victimes. La notion de crime contre l'humanité est évacuée, et la convention internationale sur le crime de génocide adoptée en 1948 totalement passée sous silence, au grand bonheur et au profit de la junte birmane. Le problème devient un fait divers catastrophique, imposé par la fatalité, entrainant simple expression de compassion et une opportunité de prouver l'humanisme des «plus riches,» et d'aider une population désespérée. Et pourtant les souffrances des Rohingyas n'ont rien de spontané, ni de causé par la manifestation de la «colère divine» ou de la puissance des phénomènes naturels ,dont le contrôle échappe à l'homme. D'Evian à Genève, la distance est courte, et les circonstances sont les mêmes La junte, tout comme d'ailleurs son animatrice et sa porte-parole, la tristement célèbre Aung San Suu Kyi, la «coqueluche» des bonnes âmes de la «communauté internationale,» est ainsi disculpée, et le drame qu'elle a provoqué transféré au pays voisin et aux contribuables de la «communauté internationale.» Les autorités birmane pourront alors avec justesse paraphraser, sans y ajouter ou y retrancher un mot la terrible phrase d' Adolph Hitler à l'annonce de la «Conférence d'Evian, (6 au 15 Juillet 1938)chargée d'organiser l'accueil des membres des «races inférieures,» expulsés d'Allemagne ou la fuyant: « Je ne peux qu'espérer et attendre que l'autre monde, qui éprouve une sympathie si profonde pour ces criminels, sera au moins suffisamment généreux pour convertir cette sympathie en aide pratique. Quant à nous, de notre côté, nous sommes prêts à mettre tous ces criminels à la disposition de ces pays, et pour autant que cela me concerne, dans des bateaux de luxe.»(dans «Ronie S. Landau(2006) : «L'Holocauste Nazi» Editions Tauris, 2006, p. 140). La suite des évènements est connue; ils sont gravés, en lettres de feu et de sang, dans l'histoire de l'humanité, si ce n'est dans sa chair même. La générosité internationale au service des crimes contre l'humanité peut avoir des conséquences catastrophiques et incontrôlables. En conclusion : Pour ceux qui nourrissent encore l'illusion de progrès dans le droit international, et l'émergence d'une superstructure qui dépasserait les états, et qui serait chargée d'imposer un minimum de moralité dans les relations entre les peuples et à l'intérieur des différents états, la déception doit être immense. La force, seule source du droit international, et les intérêts égoïstes des états apparaissent comme les principes exclusifs des relations internationales. Le masque de «l'intervention humanitaire,» justifiant les agressions contre certains états récalcitrants, est finalement dévoilé. Le génocide du peuple Rohingya en est la preuve la plus récente. Des calculs complexes de rapport coûts/bénéfices conduisent certainement la «communauté internationale « à choisir de subventionner ce génocide au lieu de l'arrêter, par les pressions diplomatiques, si ce n'est pas l'usage de leur puissance de feu infinie, si facilement brandie et effectivement déployée dans d'autres situations de crise récentes au Maghreb, comme au Moyen-Orient, et contre des gouvernements et des peuples musulmans. Il n'y a finalement rien d'humanitaire dans la prétention de «défense des droits de l'homme.» Le seul ressort de l'action internationale est constitué par les intérêts de la «communauté internationale.» La question ultime reviendrait à se demander: quel est le «taux de rendement interne» du génocide «réussi» des Rohingyas? Et l'aide aux refugiés serait alors un investissement qui rapporterait une masse de profits à nombre de pays, au lieu d'être un geste humanitaire exprimant la compassion envers un peuple menacé d'annihilation. Financer un génocide, ça rapporte gros, et ça protège les investissements déjà établis! Finalement, rien ne vaut le masque de la compassion pour cacher sa complicité avec- et son appui à- la barbarie! |
|