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Faut-il se méfier des législatives ?

par Moncef Wafi

Comme déjà rapporté dans ce même espace, la tendance à la participation aux prochaines législatives d'avril se confirme au détriment de l'option du boycott longtemps érigée en mode réponse par les partis politiques dits de l'opposition. Tous les grands cadors partisans, toutes chapelles confondues, ont annoncé leur présence à ce rendez-vous des urnes hormis la formation de Benflis qui se dirigerait vers l'abstention et le PT de Louisa Hanoune qui ne s'est pas encore prononcée mais qui sera vraisemblablement sur la ligne de départ.

Les islamistes, eux, sont partants, en rangs dispersés ou en fusionnant comme cela est le cas du PJD de Abdallah Djaballah avec son ancienne formation politique Ennahda. Un cas de figure qui ne doit pourtant pas faire d'émules connaissant les egos démesurés des uns et des autres. L'autre alternative est de voir des listes communes à deux voire trois partis politiques ou alors assister à la multiplication des listes indépendantes. Aucun suspense n'est attendu du côté du RND et du FLN et des partis satellitaires qui gravitent en orbite autour de la présidence.

Même si les participants ne versent pas dans une confiance aveugle en la Haute instance indépendante de surveillance des élections, le RCD évoquant même l'amorce d'une fraude électorale à travers les voix des corps constitués, un consensus implicite semble se dégager cette fois autour de ces législatives. Ont-ils reçu des garanties ? Et si oui, elles proviennent de qui, alors ? Les partis politiques s'engagent-ils dans cette bataille dans l'inconnu connaissant d'avance les résultats qui vont en découler ? En l'absence de toutes indications, même partielles, aucune lecture ne peut venir, pour l'heure, éclairer la direction que vont prendre ces élections, les premières post-nouvelle Constitution. Assisterons-nous alors à un remake des précédents votes entachés de fraudes massives, selon l'opposition ? Si oui, on voit mal les partis démocrates et républicains s'accommoder d'une telle réalité et offrir, sur un plateau d'argent, la légitimité d'élections truquées en y prenant part. Ces législatives sont cruciales parce qu'elles interviennent dans un contexte économique désastreux et le rôle que devront jouer les prochains députés est tributaire de la stabilité du pays. Faire comme leurs prédécesseurs et applaudir à toutes les augmentations, en y allant même de leur excès de zèle, peut mener l'Algérie vers le précipice qui n'est plus qu'à une ou deux provocations de trop.

Si les partis ont raison de ne pas laisser le champ libre, il est impératif que les citoyens se mobilisent pour contrecarrer toute tentative de fraude. La tentation est grande et le danger encore plus grand si de nouveau la majorité parlementaire est une marionnette aux mains du gouvernement.