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Déjà que
son autorité était chancelante, le gouvernement libyen d'unité nationale est,
malgré le succès remporté à Syrte sur les combattants de Daech
par les milices armées qui lui sont liées, affaibli encore plus par la prise de
contrôle des terminaux pétroliers de l'Est, les plus importants du pays -
opérée par l'armée nationale libyenne commandée par le général Khalifa Haftar lequel agit pour le compte du Parlement de Tobrouk
qui refuse sa reconnaissance à l'exécutif installé à Tripoli.
Le coup est rude pour le gouvernement d'unité nationale car il le prive de la possibilité de bénéficier des subsides que procure la commercialisation de la production de pétrole qui arrive aux terminaux de l'Est dont il a un dramatique besoin pour atténuer la descente aux enfers des citoyens libyens et s'assurer ainsi leur soutien. Haftar a choisi le « bon moment » pour engager l'épreuve de force avec le gouvernement de Tripoli auquel il ne pardonne pas de lui avoir refusé le poste de commandant en chef des forces armées libyennes. Celui pendant lequel les milices alliées du gouvernement se trouvaient à mener l'offensive sur Syrte pour en chasser les éléments de Daech qui en ont pris le contrôle. A moins de renoncer au gain qu'est la reprise de Syrte à Daech, le gouvernement de Tripoli ne peut répliquer en lançant les milices qui lui sont alliées dans une opération de reprise des terminaux pétroliers tombés sous la coupe des forces fidèles au général. L'offensive lancée contre lui par Haftar le fragilise diplomatiquement également car elle fait apparaître qu'il n'a d'unité nationale que le nom. Même les puissances l'ayant reconnu comme tel et lui prodiguent leur «soutien» suite à la prise de contrôle des terminaux pétroliers par les hommes du général Haftar ne peuvent désormais qu'admettre que «l'unité nationale» dont en a émané le gouvernement de Tripoli ne reflète pas la réalité du terrain en Libye et n'a pas suscité un rapport de force favorable à ce gouvernement. C'est pourquoi tout en tentant de brider par la menace les «appétits» de pouvoir du général en question, elles vont devoir faire pression sur le gouvernement d'unité nationale pour qu'il se fasse plus accommodant à son égard et recherche un terrain de compromis avec son camp. Sauf qu'ayant manœuvré et manipulé tant un camp que l'autre qui se disputent le pouvoir sur le pays, il est incertain qu'elles obtiennent d'eux un accord de réconciliation qui préserverait la Libye de la dislocation et d'un retour en force de Daech profitant d'une reprise de la guerre civile dans le pays. L'on n'insistera jamais trop sur la responsabilité aveugle et criminelle de ces puissances sur ce qu'endurent et traversent la Libye et son peuple. Ce sont elles en effet qui sont cause de la situation dans laquelle ce pays se retrouve. Le pire est que ces puissances persistent à jeter de l'huile sur le feu en Libye, à attiser les antagonismes entre les parties prenantes du conflit et à faire dans l'ambiguïté par la reconnaissance diplomatique qu'elles accordent à l'un tout en octroyant soutien et encouragement à l'autre. L'Algérie que l'évolution dangereuse de la situation en Libye préoccupe au premier chef n'est pas dupe de l'hypocrisie intéressée de leurs agissements dans ce pays. Elle s'implique résolument et discrètement pour tenter de convaincre les parties libyennes que la sauvegarde et la survie de leur nation ne viendront pas de Washington, Paris, Rome, Doha ou de toute autre capitale étrangère, mais de leur capacité à promouvoir un dialogue libyo-libyen et à trouver un terrain d'entente sur l'avenir qu'elles veulent pour leur pays. |
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