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Dans la nouvelle civilisation de ce 21ème siècle qui repose, plus que
jamais, sur la culture, la connaissance et le savoir, les sociétés qui,
travaillant pour le présent et l'avenir de leurs populations, et qui cherchent
à donner un sens à leur existence, en contribuant à la construction d'une
prospérité pour toutes et pour tous, savent que l'avenir de leurs générations
futures ne tient qu'à la qualité de leur éducation et de leur formation, pour
acquérir et maîtriser les arts et les métiers qui les mettront dans le chemin
vertueux du progrès.
Il est tout à fait rassurant, qu'au plus haut niveau de l'État l'on puisse, enfin, admettre, que l'école du « parcoeurisme » et des générations de récitants, dressés et formatés souvent en marge des programmes officiels, dans un esprit de soumission à l'ordre établi, est loin d'assurer un avenir et une situation prospères à nos enfants, dans un monde, de plus en plus, attentif aux libertés individuelles et collectives, un monde régi par la recherche de nouveaux acquis et performances scientifiques et technologiques. Cette vérité, longtemps occultée comme un secret de polichinelle, méritait, pourtant, qu'elle soit fortement soulignée et rappelée. Cela a été fait par le Premier ministre à l'occasion du conclave des cadres de l'Education nationale et c'est là, certainement, un point positif qui a eu le mérite de suggérer, par la suite, sur initiative de Mme la ministre, l'ouverture d'un large débat interactif qui a permis à l'ensemble des acteurs du système éducatif de s'exprimer et de donner leurs points de vue ! Comment en serait-il autrement, lorsqu'on sait que l'école, cette « citadelle républicaine », censée dispenser le savoir et la science, a été prise d'assaut et squattée pendant des décennies par des indus occupants, aux idéologies malsaines, sous couvert de la défense de l'identité et des « constantes » nationales ? C'est ainsi, qu'à défaut de former et de produire des élites en nombre suffisant et selon les standards internationaux avérés, notre société ne pouvait être qu'en retard par rapport aux autres pays dans sa quête vers le progrès, d'où l'incertitude quant à son arrimage dans l'évolution de son siècle. Oui, il faut le dire très franchement et sans détours, la conspiration pour ne pas dire l'attaque contre l'école de la citoyenneté, a commencé très tôt. Cette stratégie d'entrisme puis de « purification » du corps social, dans la perspective de sa soumission et son asservissement, a atteint le stade de l'irréversibilité, avec le coup de force opéré par les ennemis du bilinguisme et de la nécessité d'élever le niveau des enseignants en langue arabe pour parvenir à un niveau supérieur de formation nationale, lors de l'éviction de Mostafa Lacheraf « Allah yarhmou », cet honorable ministre de l'Education, homme d'État émérite, sociologue et historien auteur de l'ouvrage : « Des noms et des lieux, Mémoires d'une Algérie oubliée », qui scrutait, avec objectivité et un esprit d'analyse, toujours critique et scientifique, les entrailles de cette Algérie profonde, pour mettre en valeur les diversités de notre pays-continent et de notre identité plurielle, longtemps perçue comme objet de division et non, comme une richesse nationale insoupçonnée et un atout important pour la construction d'une société durable et consensuelle. L'école à laquelle rêvait cette illustre personnalité, cet authentique intellectuel et militant des causes justes, était celle de l'esprit cartésien, du travail continu et de l'excellence. Cette école avait pour objectif, la formation dans le bilinguisme, des femmes et des hommes acquis à la cause de la citoyenneté, dotés d'une personnalité authentiquement algérienne, d'un esprit d'analyse et de synthèse, cette chose formidable qui malheureusement, a quitté nos espaces du savoir et de la connaissance. L'école de ce grand Monsieur, auteur de cet autre ouvrage sur : « L'Algérie : nation et société », n'avait rien à voir avec celle préconisée et défendue par des esprits « mutants » et « moyenâgeux » devenus par la suite des intégristes radicaux de toutes tendances et options confondues qui vous mettent les « bâtons dans les roues », vous causant bien du souci, parce que cherchant à entraver vos actions et celles de la communauté de l'éducation encore saine et préservée de la volonté néfaste d'instrumentaliser l'école à des fins idéologiques et politiques passéistes. Quel dommage pour l'Algérie d'avoir été déviée, si prématurément de son élan et de sa trajectoire vers le progrès, dès la fin des années 70 ! Elle aurait pu être, sans l'effet maléfique de ces apprentis sorciers, d'un niveau tout au moins égal à celui de la Turquie, de l'Espagne ou du Portugal d'aujourd'hui, si son intelligentsia, n'avait pas était marginalisée, discriminée et muselée, comme pour retarder l'émancipation de notre société, dont le statut a été réduit à la seule fonction de voter et d'applaudir, ceux qui veillent à sa destinée, sous la bénédiction de l'État providence dévoyé ! Oui ! L'histoire retiendra que ce sont ces gens à l'esprit perfide, qui ont été, de tout temps, la source des malheurs de notre Nation et son cauchemar ! De par leur faute, et non celle du corps enseignant, devenu ce « mouton noir » qu'on accuse à tort et à travers, notre système éducatif est malade à en mourir, d'où l'urgence de procéder à sa réanimation, et c'est ce que vous tentez, avec beaucoup de courage et d'abnégation de faire, Mme la ministre, dans un climat des plus hostiles, sans ménager vos forces et votre volonté d'agir, qualités que vous reconnaissent bon nombre de nos concitoyennes et concitoyens, et pas seulement les parents d'élèves ! À la différence de vos nombreux prédécesseurs, vous avez compris que la restauration matérielle de l'école ne saurait suffire à elle seule ! Oui ! L'école sinistrée n'est pas seulement une affaire de déficit en classes, en cantines, en chauffage, en transport, ou de disponibilité d'ouvrages et de postes budgétaires, comme précédemment rabâché, à chaque rentrée scolaire, masquant ainsi l'ampleur de l'échec et du naufrage de notre école ! Si ce n'était que cela, l'on peut dire sans hésitation, que ces insuffisances matérielles peuvent être comblées, dès lors que des programmes ambitieux sont déjà en voie d'achèvement ou en cours de réalisation ! Le problème est malheureusement plus profond, c'est celui d'un système éducatif naviguant à vue, par touches successives, sans stratégie claire, sans cap ni horizon et qu'on rafistole régulièrement tel un mur de façade, sans prendre le soin de consolider ses fondations et sa superstructure. Il est à vrai dire, celui de l'absence d'un projet de société qui ne relève pas de votre seule volonté, et sans lequel notre système éducatif continuera à évoluer dans l'incertitude du lendemain, malgré tous les efforts entrepris. Oui ! Il faut être sérieux dans notre évaluation, parce que les gens ne sont pas dupes ! Il s'agit de l'avenir de nos enfants et du devenir de notre société et notre jugement doit être, par conséquent, impartial. Dans la réforme du système éducatif que vous menez, tout doit commencer par cette question que nous devons nous poser à haute et intelligible voix, et sans aucune arrière-pensée : quelle école voulons-nous bâtir et pour quelle société de demain ? Pour y répondre correctement, il s'agira de mettre les intérêts des générations futures au-dessus de toute considération conjoncturelle ou politicienne, en sachant que c'est la configuration du monde de demain, qui déterminera les contours du projet de l'école à laquelle aspirent tous les parents soucieux de donner à leurs enfants, la meilleure éducation possible. Dans un article, paru sur ?Le Quotidien d'Oran', le 27 août 2013, j'avais évoqué, non sans une réelle nostalgie, je dois l'avouer, cette école d'hier que je qualifiais comme celle de la citoyenneté et celle d'aujourd'hui, de nos espoirs déchus, sans en faire, pour autant, un conflit de générations, juste pour donner une idée, à nos enfants sur ce qu'était l'école de leurs parents. Il est bien évident qu'après cela, il fallait, cette fois-ci, parler de l'école de demain qui devra réserver à nos concitoyennes et à nos concitoyens une place honorable, dans un monde fait de compétitivités, de stimulations et de challenges. Cette école à laquelle aspire toute société déterminée à se frayer un chemin dans la voie du progrès, est déjà aujourd'hui, celle de ces pays qui ont atteint le stade de la performance et de l'excellence. C'est dire tout le retard que nous avons pris sur les autres et tous les efforts et les moyens qu'il faudra consentir et mobiliser, pour tenter de corriger la trajectoire de notre système éducatif, non pas seulement par l'allègement du poids du cartable - ce qui relève tout simplement du bon sens- mais surtout, par la recherche d'un meilleur fonctionnement et de meilleures performances, ce à quoi vous vous attelez, depuis votre arrivée à la tête de ce ministère. Chercher à comprendre les secrets de la réussite des autres, c'est espérer pouvoir en tirer quelques enseignements utiles qui puissent éclairer les décideurs en charge de ce dossier vital pour l'avenir de notre société. Alors, bien sûr, vous avez sans aucun doute, été amenée à vous poser toutes ces questions qui viennent à l'esprit des gens soucieux d'un avenir meilleur pour leurs progénitures ! Qu'avons-nous fait pour nos enfants pour mieux les accompagner et les préparer dans cette perspective d'un monde fait de compétitions, sans merci, où ne seront à l'aise et capables de survivre que ceux qui auront fait de l'acquisition du savoir et de la connaissance leur credo ? De quel legs pourront-ils se prévaloir à l'avènement de l'ère post-pétrole ? Avons-nous suffisamment cogité et concocté pour eux, un projet d'avenir qui puisse les prémunir de la cruauté d'un monde où il n'y aura guère de place pour ceux, qui comme nous, « assis tailleur » se contentent de contempler le firmament, tout en ayant déjà consommé en rentiers invétérés les richesses, pourtant limitées et fragiles, de notre sous-sol ? Dans notre inconscient collectif et plus par impuissance, nous nous remettons, chaque fois, à Dieu, en répétant à l'unisson : « likhlag ma y dayâa » à défaut d'assumer correctement notre responsabilité à l'égard de nos progénitures, comme si nous étions absous de nos fautes et dispensés de tout effort, dès lors que nous disposons de cette illusion de bien-être qui entretient notre paresse atavique et notre vanité. Alors oui, Mme la ministre si c'est ainsi que vous vivez l'école, vous avez mille fois raisons de ne faire aucune concession aux adversaires de l'école du savoir, de la science et du progrès, lorsqu'il s'agit de préserver et de construire l'avenir de nos enfants dont nous sommes toutes et tous comptables ! Nous sommes à vos côtés ! Vous avez raison et votre démarche est la bonne ! Cette question déterminante pour l'avenir de notre pays, à l'instar de bien d'autres, est trop sérieuse pour qu'il soit possible d'emprunter indéfiniment ce type de raccourci qui fait référence aux seules normes et règles basées sur le spirituel, le sacré et la religion, le plus souvent mal assimilée et mal interprétée ! C'est trop facile ! Ce n'est là qu'une fuite en avant et une forme de démission face à la difficulté d'affirmation de notre véritable personnalité par le travail et l'intelligence et non pas, par la distribution d'une rente au demeurant éphémère ! «Dieu donne sa nourriture à chaque oiseau, mais il ne la jette pas dans le nid », dit le proverbe chinois. Alors, quelle que soit notre façon de voir les choses et d'appréhender les intérêts présents et futurs de nos enfants, l'on doit comprendre définitivement, que l'avenir de toute Nation, digne de ce nom, se conçoit in-situ, à partir : d'une vision stratégique sur le long terme, d'une dose de génie et d'intelligence dans le management des affaires publiques, d'une gouvernance appropriée et d'une somme de labeur individuel et collectif. Ce sont-là les ingrédients qui font la différence entre ceux qui avancent et ceux qui reculent tout en feignant de « travailler », pas plus de vingt minutes par jour ! Oui, il faut le dire et le répéter, autant de fois que nécessaire et sans craindre l'overdose, « il n'y a point de vent favorable pour ceux qui ne savent pas où ils vont » ! Même qu'à bien y réfléchir, il est à craindre que nous allons droit contre le mur, s'il fallait comme par le passé, se satisfaire de notre indigence culturelle, des médiocres résultats d'un système éducatif fait de cartables lourds, d'idées courtes et de chantages pédagogico-idéologiques, à répétition, tout au long de l'année, alors que l'école a maintes fois été diagnostiquée comme étant en faillite et/ou sinistrée. C'est pourquoi, nous ne devons plus avoir peur d'engager, avec résolution et suite dans les idées,² de véritables réformes pour renflouer et remettre sur pied ? l'école du savoir universel, et nul n'a le droit de prendre nos enfants en otages ! Nous devons appliquer la loi, dans toute sa rigueur, pour combattre, sans complaisance, la violence instaurée dans cette institution pourtant républicaine. Il faut le dire et le redire autant de fois que nécessaire ! Tout commence et finit par l'éducation, et l'école doit être la première priorité parce qu'elle est l'indicateur majeur qui donne le sens de la mesure des actions entreprises par les pouvoirs publics, pour faire en sorte que le rêve d'une nation déterminée à s'en sortir (si elle le souhaite bien évidemment) puisse devenir la réalité de demain. Il faut avoir le courage de l'affirmer, tout de go ! Le problème de l'école réside dans l'absence d'un projet de société clair et tout doit commencer par la réponse apportée à cette question qu'on doit se poser à haute et intelligible voix et sans aucune arrière-pensée. Quelle école voulons-nous construire ; conforter, accompagner et développer pour la société de demain ? Oui ! C'est la configuration du monde de demain qui déterminera les contours du projet de l'école à laquelle aspirent tous les parents soucieux de donner à leurs enfants la meilleure éducation possible. Cette école de la compétitivité, de l'excellence et du challenge, celle à laquelle aspire toute société déterminée à se frayer un chemin dans la voie du progrès, est celle qui sied le mieux aux intérêts des générations actuelles et surtout futures. C'est à partir de là que tout le reste pourra se décliner et se mettre en place : la nature et les volumes des programmes pédagogiques appropriés, les profils et le niveau de formation du corps enseignant et son évaluation périodique, la gestion administrative des carrières, le système d'orientation et de conseil des élèves, en fonction de leurs capacités intrinsèques, réduisant, ainsi, le fort taux d'échecs scolaires, etc. ? Mais après tout, y a- t-il une vie qui vaille bien la peine d'être vécue sans peurs et sans risques ? Avoir peur de ne pas être à la hauteur de la tâche et des défis est la base de toutes nos peurs. Certes, avoir peur de l'échec est un sentiment tout à fait naturel ! Mais laisser cette peur nous tétaniser, inhiber toutes nos initiatives et empêcher la réalisation des rêves d'une nation qui aspire au progrès et à la prospérité partagée est une véritable tragédie et catastrophe. Alors, c'est au niveau de l'école que doivent être apportés et au plus vite, les correctifs indispensables et nécessaires. Nous disposons, en ces centaines de milliers de licenciés, actuellement en situation de précarité (dépendant du filet social ou chômeurs), et ceux à venir, d'un formidable vivier en ressources humaines, dans lequel nous pouvons puiser. Ce potentiel appréciable est l'atout majeur de l'école de demain, une école qui pourra se doter de véritables instituteurs, de professeurs, d'inspecteurs, de conseillers pédagogiques et de gestionnaires, en tout genre, pour peu que l'on assure leur mise à niveau et leur recyclage. Cela pourrait se concevoir, dans le cadre d'une formation complémentaire, de deux années, tout au plus, pour ces centaines de milliers de jeunes licenciés, qui doivent disposer de connaissances solides dans les domaines de la pédagogie, de la psychologie des enfants et des adolescents, de l'anthropologie et de l'histoire, des langues, des mathématiques, des sciences de la communication et du management. Cela pose, bien évidemment, la question fondamentale de la revalorisation pédagogique des écoles normales supérieures et leur redéploiement aux échelons régionaux (Sud, Centre, Est et l'Ouest). L'on doit, aussi, songer à mettre en place un système rigoureux d'orientation, dès le C.E.M., afin de déceler ceux parmi les élèves qui ne disposent pas de grandes aptitudes et de motivation pour la poursuite de longues études, tout en ayant des prédispositions à apprendre un métier, non pas uniquement de façon théorique, en face d'un tableau noir, mais surtout en ateliers d'exercices pratiques avec de vrais enseignants, comme il en existe partout dans le monde, en Allemagne, en France, en Espagne, en Turquie, en Syrie, en Egypte, au Maroc, en Iran et dans d'autres pays, ce qui pose avec acuité, la nécessité de procéder à la réouverture et au fonctionnement des lycées et établissements de formations agricoles et techniques tels qu'ils ont existé, dans la plupart des wilayas, dans les années 80. C'est aux coopérants originaires de pays à la pointe de la formation professionnelle qu'on devrait faire appel, pour non seulement recycler le corps enseignant de nos centres de formation professionnelle, mais aussi, pour encadrer convenablement les jeunes en apprentissage, qui doivent, aussi bénéficier d'un présalaire, afin qu'ils puissent songer uniquement à leurs études. Oui ! L'école a un contentieux, pour ne pas dire une dette à régler à la rue qui a accueilli des milliers d'élèves qu'elle n'a pas su intéresser, motiver et retenir jusqu'au terme des cursus d'enseignement et de formation. C'est là, Madame la ministre, la responsabilité de toute une équipe gouvernementale qui se doit de vous soutenir ! Dites-le haut et fort afin que tout un chacun le sache ! La récupération de ces centaines de milliers de jeunes par les différents dispositifs d'apprentissage, sans cesse revisités, aux plans de leur contenu pratique et de leurs mesures incitatives, est le premier pas à faire en direction de l'école de la « deuxième chance ». Il faut, aussi, dire que la notion de réussite est tout à fait relative et quelle est multiple ; elle peut-être, de types intellectuel, professionnel, sportif ou artistique. C'est à chacun selon son rythme, son potentiel et selon ses aptitudes, d'où la nécessité de mettre en place un système performant d'orientation, à partir du collège. Il s'agit de distinguer les élèves qui doivent aller en formation professionnelle, de ceux aptes à poursuivre des études universitaires et les surdoués qu'on devra orienter vers les écoles d'excellence, et notamment les écoles normales. Force est d'admettre, que la question de l'orientation scolaire pose avec acuité celle de l'interdépendance du couple Education/Formation professionnelle, d'où la nécessité de domicilier les fonctions de l'éducation nationale, de formation et de l'apprentissage au sein d'une même structure ministérielle. Cela présente, pour le système éducatif et de formation de demain, l'avantage de gagner, en cohérence et en efficacité, par la mutualisation et la rationalisation des moyens disponibles et/ou à mobiliser ? C'est là, une manière de soustraire la grande majorité des jeunes, en échec scolaire, aux risques encourus à cause des activités informelles, souvent génératrices de tous les dangers. Oui, « à qui sait attendre pour mieux apprendre, le temps finira par ouvrir ses portes » ! C'est vrai, aussi, que comme dit le proverbe, « avec le temps et la patience, la feuille de mûrier devient de la soie ». C'est de cette manière, et seulement de cette manière que les jeunes, convenablement formés et orientés, à partir du collège, finiront par se rendre compte, que les statuts de maçon, carreleur, restaurateur de sites et monuments, peintre, charpentier, plombier, menuisier, ébéniste, électricien, frigoriste, bourrelier, ferronnier ou de tout autre artisan, sont dignes d'être acceptés car suffisamment valorisants et motivants. Il n'y a pas de sous métier, lorsque le cœur est mis à la besogne ! Ce n'est que dans le contexte de cette démarche saine qui donne un sens à l'effort, que l'ANSEJ, le CNAC et les banques pourront apporter efficacement, leur contribution à la construction d'un avenir possible, pour nos jeunes, en les aidant à acquérir les équipements, selon la formule du leasing, et les locaux nécessaires pour accueillir leurs activités. Il s'agit de faire du triptyque : éducation, formation, emploi, l'ossature véritable de notre nouvelle politique de développement, à moyen et long termes. C'est justement dans cet état d'esprit qui doit être celui de l'équipe pluridisciplinaire que vous coordonnez et animez Mme la ministre, avec ténacité, abnégation et courage que vous pouvez résister à cet environnement connu pour être hostile à toute réforme du système éducatif. Par votre persévérance vous avez marqué des points, en cassant bien des tabous à la peau dure, d'où les coups nombreux qui vous furent assénés et dont vous vous êtes, à chaque fois, relevée avec toujours plus de détermination, en « Fahla », tel ce roseau de la fable de Maître Lafontaine, qui plie parfois par souci tactique, mais sans jamais casser ! Cela montre, si besoin est, que la gestion de ce secteur stratégique et sensible reste une affaire de spécialistes, comme vous l'êtes en sociologue de l'éducation ayant dirigé, il n'y a pas si longtemps, avec brio, le Centre de Recherche en anthropologie sociale et culturelle et sa revue scientifique de notoriété internationale, ?Insaniyat'. Merci à vous, madame la ministre ! Vous honorez notre pays ! Vous méritez tout notre respect pour tout ce que vous avez pu entreprendre jusqu'à présent, là où vos prédécesseurs ont lamentablement échoué pour des raisons diverses. Vous êtes pour moi, la digne héritière de notre grand maître Mostafa Lacheraf ! De là où il est, il ne pourrait qu'être fier de vous, lui qui a été un fervent et admirable défenseur de l'école du savoir, des sciences et de l'effort continu ! Que Dieu vous préserve du mauvais œil, afin que vous puissiez garder la même fougue et la même ardeur au travail, qualités que nul ne peut vous enlever ! Vous avez droit à tous nos égards et à toute notre considération, nous qui sommes du côté des responsables et cadres qui veulent travailler et consacrer leur temps pour construire et faire avancer notre société, même si de façon symbolique, faut-il le déplorer, eu égard aux nombreuses embûches qui jalonnent le chemin, long et tortueux, restant à parcourir, pour atteindre l'objectif visé ; une société digne de ce nom, articulée autour d'une école des sciences et des lumières, et non autour de l'échec et de la régression, que d'aucuns ont pu trouver féconde, un certain jour. Alors oui ! Nous sommes à vos côtés, n'en déplaise aux esprits détracteurs ! *Professeur |
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