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Alger se loge.
Ailleurs aussi. Des milliers de logements sont construits. Zoukh
a tenu ses promesses. La problématique du logement est un défi presque relevé.
Mais la crise multidimensionnelle qui transperce le pays n'a pas fini de dire
son dernier mot pour perpétuer et pour longtemps ce défi.
Une nouvelle approche dépolitisée, débureaucratisée et largement privatisée s'impose. Elle réduirait à grande échelle la crise qui obstrue l'accès au logement. L'Etat qui produit le fromage et le yaourt, qui usine le ciment et l'asphalte se doit aussi de faire disparaître son rôle d'Etat logeur. Pas pour le moment. Tout ceci devrait être être l'apanage d'un secteur privé hautement professionnel et surtout sain. Avec des mécanismes clairs et régulés, l'on empêcherait la surenchère et surtout la spéculation qui gangrènent les rouages de cet important vecteur de promotion sociale. L'Etat régalien ainsi interviendra comme à travers le monde par le truchement des aides personnalisées au logement. Ainsi la révolte des démunis, même si elle n'arrive pas à se réaliser, aura l'audace de compliquer davantage le climat social déjà malsain. Si l'Etat continue à offrir de gigantesques efforts pour la résorption du déficit ; cet effort ne peut être maintenu à la longue. L'habitat en général manque encore d'une maturité politique dans sa globalité nonobstant le charisme d'un ministre plus indiqué que tous les autres. Le logement est ainsi et le restera pour des temps le souci majeur et controversé dans le développement de la société. Il est au centre de toute la problématique nationale. Mêmes les assises de l'urbanisme, les différentes formules testées, l'ingénierie es experts et la niaiserie des demandeurs n'ont pas eu l'air d'avoir rapporté un peu d'air frais dans le creux des idées et dans l'âme des dossiers. Construire c'est créer. Bien construire c'est bien habiter, diraient les avertis. Bien construire c'est envahir tout le terrain, diraient les rationalistes mercantiles. Mais construire n'est jamais détruire le beau, anéantir l'historique, ou putréfier le naturel ! Alors ceci demeure un autre aspect du logement. Les cités, du moins certaines d'entre elles ne ressemblent à rien, sauf à des mouroirs ou à moindre gravité à des espaces destinés au sommeil. En fait le dessin des cités ne se fait-il pas en amont d'une étude lue et approuvée par l'initiateur qui n'est autre que l'autorité publique ? Qu'avions-nous fait de cette fameuse « centralité » ? Si la centralité vise à réhabiliter la vie en milieu urbain il faudrait d'abord clamer que nous construisons très mal. L'euphorie vers la convoitise du foncier n'a pas eu de limites. Les règles les plus élémentaires en termes de beauté et de viabilité sont totalement absentes. Les ruelles ont remplacé les boulevards. Le carrelage supplante le pavé. La bordure du trottoir n'est plus en pierre taillée. L'agencement des rues ne répond plus aux besoins de l'esthétique urbaine. Le béton dévore l'espace avec l'appétit d'une nécrose jamais rassasiée. Ni les délais de réalisation, ni le plan d'occupation au sol, ni les dégagements ou les traitements de façades ne sont objet à un respect rigoureux ou approximatif encore moins à un contrôle pour forcer légalement ce respect. Cette façon de gérer à la va-vite va garder à jamais des séquelles indélébiles. Un décor brut de briques, de dalles et de parpaings. Des constructions jamais finies, inachevées ou grossièrement entamées témoignent toujours de cette ruée vers l'auto-construction incontrôlée, libre et sauvage. Sans le savoir l'on a pu quand même faire naître des bizarreries Et c'est vrai lorsque l'on pense que la ville et ses logements se construisent déjà dans ces rames de papiers que constituent les dossiers administratifs d'octroi de différents permis, arrêtés, décisions, autorisations, permissions, certificats tant pour construire, démolir, modifier, clôturer, agrandir ou réceptionner. Autrement dit ; la ville se fait construire, démolir ou modifier petit à petit par les actes de gestion de ceux qui sont investis du pouvoir de signature de ces effets. Mais l'on sait tous et d'emblée que l'acte administratif délivré n'est que légal et réglementaire. Quant à son application sur un lopin de terre, on est loin de la conformité et de l'authenticité physique et matérielle. Aussi est-il à constater que dans chaque ville d'énormes monstruosités existent. Certaines cités font peur. A voir toute une ligne du RDC en rideaux métalliques clos, alignés comme une rangée de soldats, à ne pas voir des ascenseurs dans des hauteurs de cinq étages ca vous donne l'envie de fuir ce monde. Ceci engendrera à long terme des frais supplémentaires à supporter par le ministre de la santé et grèverait davantage la sécurité sociale. Les maladies chroniques, l'essoufflement et la HTA. Le logement devient ainsi un levier politique. Il semble faire la stance la plus préludée, tant dans le propos politique que dans l'antipolitique. Au sein des bilans que dans l'approvisionnement du commérage et la digression, il fait la distinction, par étage entre un pauvre et un riche. Convoité, il continue à bon ou mauvais escient de faire la source la plus indiquée pour faire de l'émeute ou marquer sa grogne sociale. Des doutes subsistent quand à penser qu'il est la seule revendication capable de générer des foules. Loin d'une revendication purement politique. Derrière chaque logement se cachent des fortunes et des misères. La fortune des magouilleurs, l'indigence de l'ouvrier, de l'artisan et du quémandeur non servi. Dans le privé et tant que l'espace foncier n'arrive plus à trouver ses repères d'assainissement et de transparence ; le tripotage mafieux et outrancier parfois persistera à faire amasser des sous affranchis de tout impôt. La promotion immobilière n'a en rien résout le problème. Elle l'aurait peut être exacerbé en faisant sortir au grand jour les disparités criardes qui s'affichent entre les uns et les autres. La fraude fiscale fait des siennes en ce domaine. L'on vend pour tant l'on déclare l'avoir cédé à tant. Par ailleurs le logement en fait ne se confine pas ainsi à une simple mesure architecturale d'un F à chiffre déterminé. Il est une équation diabolique. Il vient certes combler un déficit de quiétude et de bien-être, mais aussi remplir les poches. Il reste également l'objet idéal qui laisse fantasmer des familles en devenant une promesse préférée dans la bouche des gouverneurs. Le nombre est toujours là pour tenir lieu de discours et disqualifier la vertu constructive. L'Etat, par une philosophie constitutionnelle s'est mis à dos le devoir de loger tout le monde. Ce qui ne se passe pas ainsi ailleurs. L'Etat social et protecteur fait du logement social, une politique sociale à même d'apaiser toute tension sociale. Le promoteur privé, l'initiateur immobilier tout en ayant segment dans l'instrument de l'habitat n'est pas mis judicieusement en relief. S'il est fait appel à lui, c'est beaucoup plus le gain, le profit et les plus-values qui l'agréent. C'est tout à fait dirions-nous légitime. Mais de là à en faire un enjeu capital pour l'enrichissement illicite et spéculatif, l'Etat se doit d'agir en profondeur. Le LSP dans son acception pervertie est mort. Il demeure sous le linceul du prêt bancaire et de la faveur drapière de la CNL. Il aurait fait tant de victimes que d'émules. Le LPA vient ainsi s'ériger sur les débris désolés de son aïeul. La différence n'aurait été que dans l'appellation. L'unité spatiale étant la même. L'architecture toujours analogue. Alors que le pire des malfaçons et de la fraude entrepreneuriale se trouve dans le social. . Avoir un logement, un quelconque F...x, dans une quelconque cage d'escalier dans n'importe quel immeuble, situé à n'importe quelle cité, serait une rêverie idéale, fortement entretenue, documents à l'appui par des recensements, des enquêtes, des comptes rendus. En finalité, le malheur épars et diffus est plus fort que la jubilation. Plus dense et intenable que l'allégresse précisée au nombre des attributions. Des clapiers entassés l'un sur l'autre. Mal fait, réalisé loin de tout contrôle, un aménagement hybride, un espace trop réduit, des chambres cellulaires, un semblant de séjour, une menuiserie de planche, une quincaillerie de pacotille, une tuyauterie passoire, une cuisine vulgaire à « potager » abrupt. Le tout enchâssé dans un immeuble déplaisant au portillon d'une vraie cage de mini-escaliers. L'on voit ainsi que c'est le nombre qui prime sur la qualité. D'où l'obligation pour tout locataire qui perd son bonheur à la première ouverture de son logis passant pour flambant neuf de remuer sol et mur pour effectuer une réfection quasi-totale. Sur le flanc de chaque immeuble objet d'une nouvelle affectation des déblais et des détritus s'amoncellent exprimant de la sorte que tout a été changé et modifié sans études, sans autorisations et avec beaucoup de frais. N'y aurait-il pas là une réflexion à apporter en vue d'amener cet effort personnel de réaménagement à s'introduire, selon le « goût ou le besoin » de l'affectataire et à ses dépens, dans les travaux qui se font initialement ? Ce type social de logement est prédestiné par le principe à suppléer l'habitat dit précaire. Mais dans ce monde, qui n'est pas celui des anges ; la magouille aussi bat son plein. Des énergumènes dont l'audace et l'agressivité les font autoproclamer maitres de céans se sont érigés pour dresser des transactions de cession informelles. Quelques dizaines de millions contre quelques mètres carrés de baraques closes et couvertes et voilà une nouvelle demande qui vient accroitre la longue liste d'attente. Que peut faire le programme de l'Etat pour pouvoir dans un souci de paix sociale satisfaire coûte que coûte ces besoins le plus souvent préfabriqués ? Profitant d'une part de l'impunité pour ces constructions illicites qui se trouvent en plus couronnées par l'octroi d'un logement et de la largesse des pouvoirs publics à tranquilliser ces indus constructeurs d'autre part ; la frénésie s'est emparée de tout le monde. Une baraque, un logement devrait être remplacé par une baraque, une geôle. Ou s'investir à trouver un moyen pour freiner cet élan qui, croyons-le ne s'arrêtera jamais. Il y aura toujours des poches lugubres et hideux, plein de toubs et de zinc à sévir sur les lits d'oueds ou les lisières des grandes agglomérations. C'est devenu dans certaines grosses métropoles un marché florissant mais aussi un centre d'attente pour un dénouement heureux sûr et certain. Il suffit d'avoir la patience de braver chaud et froid pendant une ou deux années, et les clefs sont dans la main. Pendant que d'autres plus dignes, plus honnêtes et debout se refusant à s'inscrire dans ces « taudis de la honte » rongent leurs doigts et se contentent d'être entièrement confiants envers leur Etat. Ils attendent, ils louent, sous-louent, se démordent et s'abritent à tout va et à tout vent, mais n'admettent pas de cautionner de telles postures. Un toit pour tout le monde n'est pas pour demain. |
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