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Passer de locataire à propriétaire
par Hamid Dahmani
«Kane kari, we s'bah moul dar». (De locataire, il est devenu propriétaire de la
maison.) Tel est cet adage qui pointe le brusque retournement de situations. (Djek b'wedjh, wa
s'bah b'wedjh) est une couleur maléfique qui illustre
l'escroquerie et la convoitise des biens d'autrui. Une autre citation similaire
fait aussi allusion à ce type de situations; «Dakhaltou yessekhane, b'hach kerih» (je l'ai fait
rentrer chez moi pour se réchauffer, il a écarté ses pieds pour s'installer.)
L'heure est propice aux opportunistes de tous bords qui veulent gagner la
confiance des plus crédules pour les dépouiller. Les faux semblants ne
s'endorment pas sur le rôti. Ils abusent de la bonté de leurs interlocuteurs
pour les mettre à nu. Ils veillent et planifient intelligemment pour porter
leur coup fatal. Ils attendent les moments voulus pour nous étonner à la
dernière minute. Ces individus sont décrits comme ayant un flanc de loup et un
autre de renard. (Djemb dhib
wa djemb thaalab). Il faut se méfier de l'eau qui dort, disent les
sages. Faire une confiance aveugle aux beaux parleurs mène généralement à la
déception en fin de compte. La pitié sans bornes est un sentiment qui conduit
souvent à des différents qui tournent au vinaigre. Un simulacre qui évoque les
scènes d'abus de confiance de sinistres individus qui trahissent la confiance.
Faire une transaction en dehors du circuit légal et louer un local ou une
maison par exemple à une tierce personne sans établir un acte notarié officiel,
fini couramment devant les tribunaux. Rouler quelqu'un dans la farine pour
prendre sa place ou s'approprier de son bien illégalement est devenu un fait
anodin dans le présent. Les adeptes de la malhonnêteté, il y en a bezef
aujourd'hui et attendent au coin de la rue que le pigeon se présente. Prêter un
bien pour dépanner quelqu'un qui est dans une mauvaise passe peut conduire à ce
type de mésaventure qui vous fera regretter votre geste naïf. Passer du titre
de locataire à celui de propriétaire des lieux est une prouesse satanique des
plus fines. Les fourbes ont des désirs et des visées immorales pour déposséder
injustement leurs bienfaiteurs. On aura tout vu dans ce bas monde. Notre
existence est pleine de citations de sagesse, mais cela n'empêche pas les
entourloupettes quotidiennes. «Djit naaounou fi kbar mou, h'rab li bel fes» (je suis venu
lui donner un coup de main pour creuser la tombe de sa mère, il s'est enfui
avec ma pioche.) Assister quelqu'un pour le sortir des ennuis et en guise de
remerciements, il jouera de vos pieds pour vous écarter et prendre votre place
sans aucune honte. Les fins orateurs et les hommes politiques bernent et
embobinent aussi en permanence la société avec de fausses promesses juste le
temps de parvenir à leurs objectifs et de se faire oublier jusqu'aux prochaines
élections. Les dissimulés sont des comédiens aguerris à ce genre de scènes
apitoyantes. Ils pleurent à chaudes larmes pour vous émouvoir et piquer ensuite
votre place. La concurrence et l'ambition déloyale poussent les envieux à
entreprendre des actions aux conséquences des fois dramatiques uniquement pour
assouvir leur soif opportuniste. «Kane kari» pour un
bail ou un mandat «we s'bah moul
dar» qui ne veut pas sortir ou partir. Cette espèce veut s'imposer contre notre
volonté. Ils veulent se maintenir par l'intimidation, la pression, la tromperie
pour faire aboutir leur sinistre projet. «Kane kari»,
ou bien «kane moul dar»,
tout a une fin sur cette terre et c'est pourquoi on dit aussi «kana h'na we rah».
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