Lors de sa visite d'inspection aux troupes stationnées aux
frontières algéro-libyennes, le général de corps d'armée, chef de l'état-major
de l'APN, les a appelés à la vigilance. Ce n'est pas la première fois que,
s'adressant aux troupes, Gaid Salah requiert la vigilance. Dans toutes les
allocutions qu'il a prononcées au cours de ses très fréquentes inspections des
Régions et autres structures de l'armée nationale, il a lancé un appel
similaire. Celui que le chef de l'état-major a réitéré à l'occasion de sa
visite d'inspection des troupes déployées aux frontières algéro-libyennes a eu
néanmoins une tonalité qui a laissé percer que le haut commandement militaire
s'attend à ce que les troubles et aggravations inédites de la situation
sécuritaire que vit la région augurent sans doute qu'ils vont avoir des
conséquences néfastes pour l'Algérie. Ce qui se passe précisément aux
frontières sud-est du pays a rendu l'appel de Gaid Salah d'une impérieuse
nécessité. Mais face aux menaces que les troubles de la région font planer sur
l'Algérie, il n'y a pas que la vigilance de l'ANP et des forces de sécurité qui
est de mise. Bien entendu que celles-ci, étant le bouclier sécuritaire de la
nation, ont cette obligation de vigilance mais la nature de ces menaces est
telle que l'armée et les forces de sécurité doivent compter sur l'existence
d'un front intérieur uni et solidaire avec leurs actions et vigilant à déjouer
les risques de « fitna » au sein de la société algérienne auxquels les ennemis
de l'Algérie, intérieurs et extérieurs, tenteront, c'est une certitude, de leur
donner une réalité. A voir le lamentable spectacle qu'offre la scène politique
avec ses polémiques dont le seul résultat est qu'il fait apparaître leurs protagonistes
acharnés non à rassembler le peuple mais à l'opposer front contre front, il y a
l'évidence que la gravité de la situation à nos frontières, telle que présentée
sans détour par le chef de l'état-major de l'ANP, ne semble pas inspirer aux
acteurs politiques l'obligation de taire leur différends et divergences du
moins faire passer avant eux la nécessité existentielle pour la nation à former
un front intérieur, rempart contre les menées subversives déstabilisatrices qui
sont à l'œuvre trouvant adeptes et exécutants en son sein. Ces menées sont
inspirées, orchestrées, financées et matériellement assistées par des parties
étrangères voulant mettre à genou l'Algérie et l'enfoncer dans un chaos comme
celui dans lequel ont été mis, l'Irak, la Libye, la Syrie, le Yémen. Les
acteurs politiques, autant ceux du camp du pouvoir que de l'opposition,
commettent une tragique erreur à camper sur leur certitude d'être les seuls à
pouvoir prémunir la nation des dangers qui la guettent. Les uns et les autres
seront balayés au cas où ils se matérialiseront et qu'ils ne seront pas
parvenus à bâtir un front intérieur de riposte. Ce qui en découlera pour
l'Algérie échappera en effet au contrôle des uns et des autres, car voulu et
planifié par ces parties étrangères dont le seul but est la destruction de
l'Etat algérien et le renvoi de la nation algérienne aux temps obscures de ses
divisions, luttes tribales et rejet du progrès et de la modernité.