|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Voici déjà trois semaines que l'emploi du temps des écoliers est
complètement chamboulé dans certains établissements scolaires, à cause de
l'obstination d'un mouvement de grève jusqu'au-boutiste. Mais que cachent les
revendications extravagantes et fantaisistes du Cnapest ?
Demander la retraite après 25 ans de service, pour les enseignants, reviendrait à créer deux collèges de citoyens; les maîtres privilégiés et le reste des travailleurs qui attendraient l'âge de 60 ans pour en bénéficier. Cela reviendrait à créer des régimes spéciaux de retraite, comme dans certains pays, selon les corporations. Les différences de statuts porteraient sur l'âge de cessation d'activité et sur la durée de cotisation à cause de la pénibilité ressentie au travail, dans certaines professions. En quoi le métier d'enseignant est plus pénible que d'autres ? En amplitude, en durée et rythme de travail, l'enseignant travaille au plus 34 semaines sur les 52 par an, un service hebdomadaire officiel de 18 heures, généralement réparties sur 4 jours. Cependant, beaucoup de professeurs de l'enseignement secondaire font moins de 18 heures de cours par semaine, souvent certains autres ne font que 10 heures comme les professeurs des langues allemande et espagnole. Que dire des professions à travail alterné en équipes successives, de nuit et de jour, ou de 08h00 du matin à 16h30 le soir, sans interruption pendant 11 mois, comme dans le milieu hospitalier, un autre secteur de la fonction publique ? Au titre des contraintes physiques marquées : les enseignants ne sont pas soumis aux manutentions manuelles de charges, aux postures pénibles, aux positions forcées des articulations et aux vibrations mécaniques. L'enseignant peut circuler et s'asseoir si le besoin en est ressenti; il a sa chaise et son bureau dans sa salle de classe, comme il peut faire des mini pauses pendant le cours qui ne dure que, rarement, une heure complète (le temps de changer de salle, le temps de faire rentrer les élèves, etc.). Au titre de l'environnement physique agressif, contrairement aux hospitaliers, l'enseignant ne travaille pas au contact des agents chimiques dangereux, des agents infectieux, des radiations, des fumées (incinérations), des poussières (on n'utilise plus les bâtons de craie au tableau), ou dans les activités exercées dans des températures extrêmes (les salles sont chauffées au Nord et climatisées au Sud), ni dans le bruit (un professeur compétent, qui maîtrise ses élèves, n'en est pas soumis). Demander des avancements et des promotions automatiques relève de la démagogie et renvoie à l'injustice. Pourquoi demande-t-on aux postulants aux postes de directeur d'établissement, aux inspecteurs de l'Education de passer un examen et faire une formation ? Quand un enseignant passe au grade de professeur formateur, à échelle 16, seulement par son ancienneté ! Ne favorise-t-on pas, dans ce cas, la médiocrité et l'inhibition, l'effort et l'étouffement du mérite ? Il serait judicieux de promouvoir ceux qui participent par leurs publications et leurs travaux de recherche pédagogique dans des revues spécialisées qu'il serait temps de créer par le ministère de l'Education nationale en collaboration avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ces revues spécialisées seraient aussi un frein au phénomène de plagiat et du « copier-coller » qui gangrène l'université algérienne. Un travail qui n'est pas publié dans ces revues spécialisées et mises en lignes, ne doit en aucun cas être validé pour ne plus parler de Recteur d'université « copieur-colleur» comme le relate la presse aujourd'hui. La grève est un droit, mais elle ne doit en aucun cas ligoter la liberté et le droit des élèves pour un enseignement déterminant dans leur réussite scolaire. Dans d'autres pays, les arrêts de travail sont une exception, il y a plusieurs modalités d'exprimer des revendications socioprofessionnelles légitimes des enseignants : dispenser les cours aux élèves et ne pas corriger les examens d'évaluation, boycotter les conseils de classe, faire le service minimum en dispensant un cours sur deux, scinder la classe des élèves en deux groupes, grouper deux classes pendant le même cours, dispenser les cours seulement aux classes d'examen, accompagner les élèves de terminale avec les CD qui leur ont été distribués, etc. Les solutions sont nombreuses, si les volontés y sont aussi, pour arriver à une relation civilisée de ?'gagnant-gagnant''. Dans tout cela, il aurait été légitime de revendiquer une justice salariale entre le secteur de la fonction publique, représenté par les damnés que sont les enseignants, le personnel hospitalier et le personnel de l'administration locale, avec le secteur économique public et les caisses qui sont plus avantagés en salaires, en primes de départ à la retraite et autres faveurs et privilèges, dans un pays qui ne crée aucune richesse, mais fait seulement distribuer la rente pétrolière. Sait-on qu'un médecin (baccalauréat mention très bien et 07 années d'études) du secteur public perçoit en salaire moins qu'un simple chef de bureau d'une entreprise (niveau scolaire???) ou une caisse de retraite ? Sait-on qu'un agent hospitalier n'a aucune prime de départ en retraite quand ceux des autres secteurs partent avec un million de dinars, voilà l'injustice qu'il faut dénoncer ! Ou bien le Cnapest se trompe de combat, ou bien les enjeux de cette grève sont d'une autre nature, comme dans les années 1970, quand le système avait jeté en pâture le réformiste, M. Mostefa Lacheraf. Cette fois-ci, c'est le projet d'une Ecole algérienne, moderne et décomplexée, compétitive, créative et innovante, défendu par Mme Benghebrit et son équipe; soutenu par beaucoup d'intellectuels et la majorité des enseignants qu'on veut tuer dans l'œuf. |
|