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Contrairement
à d'autres pays producteurs de pétrole aux économies et finances dépendantes à
l'excès du cours de cette ressource, l'Algérie grâce à une gestion prudente de
ses avoirs financiers générés par ses exportations énergétiques dispose
effectivement d'une marge de sécurité lui permettant de faire face pour un
temps encore aux pertes financières pour elle engendrées par la chute sévère
des prix du baril.
Sécurisées de ce fait pour le court terme, les autorités algériennes ont toutefois la hantise que la crise pétrolière s'installe dans la durée, ce qui aura pour effet inéluctable un grave problème financier pour le pays avec incidences dangereuses sur ses plans de développement économique et sa politique sociale. Elles ont tenté d'anticiper cette inquiétante perspective en plaidant au sein de l'OPEP de concert avec d'autres pays membres pour une réduction des productions de celle-ci qui en asséchant en partie l'excédent pétrolier que recèle l'offre, contribuerait sinon à conserver aux cours un plafond acceptable du moins à atténuer leur chute. En vain, à cause de l'opposition aux calculs multiples dans laquelle campe l'Arabie saoudite qui condamne de ce fait l'OPEP à la paralysie. Face au blocage saoudien, Alger plaide désormais à l'unisson avec le Venezuela pour la constitution d'un front des pays producteurs du pétrole plus large que celui réunissant les seuls membres de l'OPEP. C'est ce à quoi vise l'initiative diplomatique à laquelle le président a donné le coup d'envoi en missionnant dans un but exploratoire le ministre de l'Energie Youcef Yousfi en Azerbaïdjan, celui de la Justice Tayeb Louh dans la péninsule arabique et en chargeant le Premier ministre Abdelmalek Sellal d'adresser un courrier dans ce sens aux pays africains producteurs de pétrole. A priori et au vu que la Russie, l'Iran et l'Irak, grands exportateurs de pétrole, sont confrontés douloureusement aux conséquences de la dégringolade des cours de cette ressource, l'on devrait s'attendre à ce qu'ils agissent de leur côté pour pousser à la constitution de ce large front des producteurs. Moscou et Téhéran que le président vénézuelien Nicolas Maduro a démarchés dans ce sens se sont déclarés favorables à une position concertée des pays producteurs. L'Algérie semble avoir été investie par les partisans de cette démarche de la mission la plus délicate : celle d'y rallier les Etats africains producteurs pétroliers et surtout les monarchies du Golfe s'alignant traditionnellement sur l'Arabie saoudite. Aux uns et aux autres, il s'agit de démontrer ce que la position saoudienne a d'égoïste dans ses motivations et de dangereux par ses conséquences à court ou moyen terme pour leurs intérêts nationaux respectifs. Et pour cela leur faire prendre conscience qu'en n'intervenant pas de façon concertée pour stopper la chute des prix et contribuer ainsi à leur redressement, il en résultera pour chacun des pertes de rentrées financières colossales et plus grave encore un bradage criminel de leur principale ressource. Leur union est la seule façon pour contrer la stratégie saoudienne basée sur la conviction des autorités de Ryadh que le royaume peut indéfiniment pomper plus pour suppléer aux réductions que les autres producteurs pourraient convenir d'opérer dans leurs productions. Le crédit et la diplomatie algérienne ont là un défi à relever qui n'est ni banal ni aisé. |
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