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Une nouvelle loi de finances est entrée en vigueur le 1er janvier 2015. La
mise en vigueur de cette loi a été signée par le président de la République le
30 décembre 2014. Comme c'est admis, tout en étant un acte juridique, la loi de
finances est aussi un acte politique et singulièrement économique.
Il est admis qu'elle définisse les transferts et affectations des ressources nécessaires à la réalisation des projets structurants retenus ou à achever. Elle fonde ses arrêts sur les prévisions des ressources et sur les recettes fiscales comme elle définit en même temps les charges de fonctionnement des institutions de l'État et de leurs démembrements. Et ce pour l'exercice 2015. C'est l'occasion de définir ou redéfinir les ressources et les dépenses prévisionnelles relatives à l'ensemble des comptes. Dans cette perspective, la gouvernance financière veillerait donc à un équilibre budgétaire prévisionnel en cohésion avec ses moyens financiers (ressources). Les moyens financiers de notre Pays sont générés essentiellement par les ressources pétrolières et la fiscalité. Il semble que tous ces calculs soient élaborés sur la base référentielle de 37 dollars le baril de pétrole alors que ce baril est atteint d'une baisse de plus de 50 % de sa valeur de juin 2014. Nos ressources pétrolières sont liées aux comportements économiques et acteurs du marché international du pétrole. Le négoce et les manœuvres internationaux réduisent souvent les champs d'influence de notre Pays sur le cours du prix du baril alors que le financement de nos engagements en reste lié. Ce qui n'est pas le cas pour l'Arabie Saoudite ou le Koweït. L'économie des Pays comme l'Arabie Saoudite et ses alliés notamment du Golf ne semble pas inquiétée par la chute des prix de baril. Membre très influent de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) l'Arabie Saoudite (et ses alliés) a mis toute son influence à la réunion de Vienne du 28/11/2014, pour faire éclater les espoirs de l'Algérie qui a misé fort sur cette réunion pour stopper la tendance baissière du cours du Pétrole. L'Arabie Saoudite a fait encore mieux ; elle a été jusqu'à cautionner la perte de la valeur du baril durant l'année 2014. Saudi Aramco continue à annoncer la baisse des prix de son pétrole vers l'Asie et vers les États Unis. Une telle attitude, eu égard au péril encouru par les économies de bon nombre de pays dépendant de le rente pétrolière, fait dans une indifférence qui s'éloigne du mode de fonctionnement consensuel et de la raison d'être de l'OPEP. Le ministre du pétrole de l'Arabie Saoudite affirme que freiner la baisse du cout du baril est " une logique tordue ". Sa logique est qu'il n'est pas raisonnable que "des producteurs à haut rendement réduisent leur production, alors que ceux à faible rentabilité continuent à produire". "Si je réduis (la production), qu'adviendra-t-il de ma part de marché ? Les prix vont remonter mais les Russes, les Brésiliens et les producteurs américains de pétrole de schiste vont prendre ma part" C'est le membre influent de l'OPEP qui paralyse ainsi l'action de l'OPEP en augmentant sa production à plus de 9,6 millions de barils par jour sur les 76,053 Mb/j de la production mondiale. L'Arabie Saoudite raisonne non pas en augmentation de cout du baril et en veillant à une meilleure recette financière mais en préservation de sa part du marché quelque soit la baisse prix du pétrole au dépens des autres producteurs. "Nous sommes le producteur le plus efficace " rappelle-t-il. Est-ce rationnel de miser sur l'augmentation quantitative de la production plutôt que sur le prix? dans la logique du Ministre Saoudien la réponse est unilatéralement affirmative. Mr Ali Nouaimi affirme "Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'OPEP de baisser leur production, quel qu'en soit le prix. Même s'il descend à 20, 40, 50, 60 dollars, c'est hors de propos.". L'Algérie (1,484 M b/j) est membre de l'OPEP. Les autres membres de l' OPEP, tels que l'Iran ( 3,200 Mb/j ), l'Irak (3,054 Mb/j ), le Venezuela (2,3 Mb/j), le Nigéria (2,369 Mb/j), l'Angola (1,784 Mb/j),), la Lybie (0,9 Mb/j) et l'Équateur (0,526 Mb/j qui avec l'Algérie produisent 15,617 millions de barils /jour soit 48,3 % de la production de l'OPEP, sont-ils engagés par l'affirmation de Ali Nouaimi ? Il semble que non. En effet la résolution de maintenir la production de l'OPEP à 32,34 millions de barils /jour va beaucoup plus dans le sens de la consolidation commerciale du pétrole des États Unis que dans le sens du consensus de l'OPEP. L'argument fondé sur la singularisation de la découverte et exploitation du pétrole de schiste sert l'Arabie Saoudite à engendrer une politique commerciale en conformité avec celle des producteurs des 70% de la production mondiale assurées par d'autres pays que l''OPEP. Le Venezuela affirme que c'est " la guerre du pétrole ". La réaction du Venezuela a été de proposer son pétrole sous la barre des 50 dollars le baril. Ce qui ne surprend plus, c'est la préoccupation de l'Arabie Saoudite qui est de veiller à sa position de fournisseur privilégié sur le marché international quel qu'en soit le prix. C'est de bonne politique mais l'OPEP a-t-il raison d'exister ? Pour appliquer leur politique pétrolière, l'Arabie Saoudite et ses alliés naturels n'attendent rien de l'OPEP. Ils ne rêvent pas ; ils ont les moyens de leur politique Avec ses alliés naturels du Golf, Qatar (1,553 Mb/j), Koweït (2,65Mb/j) les Émirats arabes unis (2,82 Mb/j), ils assurent à eux seuls les 51,6 % de la production de l'OPEP correspondant à 21,95 % de la production mondiale. A elle seule l'Arabie Saoudite produit 12,7 % de la production mondiale. Mais l'attitude de l'Arabie Saoudite n'est pas la seule à avoir contribué à la baisse du cout du baril. Les grandes économies à fortes consommation de pétrole qu'elles ne produisent pas, ont dans leur majorité, été confrontée à un recul de leurs croissances respectives. A l'exception de la chine leurs croissances respectives se sont installées et pour une durée prévue longue, entre 0,1 et 3 %. Pour freiner cette décroissance les différents gouvernements se sont imposé des mesures qui convergent toutes vers la réduction de la consommation du pétrole et vers la redéfinition du dispositif fiscal d'une part et social d'autre part. D'où la tendance baissière des couts du pétrole. Ces crises économiques ne tolèreraient pas de si tôt la reprise du prix du baril. Elles ont trouvé pour cela un allié de taille, membre influent de " la famille " OPEP, qui partage l'intérêt de faire échouer toutes tentatives de réduire la production de l'OPEP ; autrement le dispositif réactif de ces gouvernements aurait été inopérant. A cette cadence, les exportations du pétrole algérien qui contribuait à plus de 40 % du PIB réduiraient fortement les recettes nationales. Une telle prévision conforterait l'incertitude sur les élaborations budgétaires de l'exercice 2015. Qu'adviendrait-il des grands projets engagés par l'Algérie et du plan quinquennal (environ 260 millions US $) ? Qu'adviendrait-t-il de " l'assistanat " social auquel se sont habitués nos velléitaires ? Sans se confondre dans la panique, ce questionnement est légitime. Le Président de la république a effectivement réagi avant de signer la loi des finances 2015. Il n'a pas hésité à consacrer un conseil restreint pour instruire les auteurs de la loi des finances 2015 à revenir à une meilleure prévision et à un réalisme qu'on n'aurait jamais du et depuis longtemps s'en départir. Gérer c'est prévoir. C'est le simple principe de ne s'engager financièrement qu'en deçà de ce qu'on gagne. Un Conseil restreint initié et présidé par le chef de l''État pour rappeler à la gouvernance de la finance nationale de moduler ses " assurances " quand à la rigueur des équilibres financiers. Un tel Conseil renvoie la gouvernance financière à revoir ses prévisions. Par quelle valeur ajoutée sont préfinancés les 13% d'augmentation des importations ? Ni la population (consommation), ni les équipements structurants n'ont accru en une année de 13 %. Ce n'est certainement pas les prix d'acquisition eu égard à la parité qui expliquent la nécessité d'importer 13 % de plus alors que l'excédent commercial a baissé de 39 % par rapport à l'exercice 2013. L'observation récurrente depuis plus d'une génération, celle de discourir que les exportations hors hydrocarbures doivent contribuer à une meilleure balance commerciale, acceptable et libérée de la tutelle des recettes d'hydrocarbures, devient une urgence exécutoire. Importer 58 milliards de dollars US et exporter hors hydrocarbures 2,5 milliards de dollars US, n'est ce pas irrationnel ? C'est tout au moins hasardeux. Un comportement de riche avec les moyens de pauvre. Les entrepreneurs avaient, à leur avènement depuis l'année 1995, pour vocation de créer les emplois et la valeur ajoutée. Qu'en est-il ? Nous exportons toujours moins de 3 milliards de dollars US. Ces "créateurs de richesses " se sont convertis dans leur majorité (en valeurs traitées) en importateurs. L'exception confirme " la règle". L'expérience ANSEJ relève de l'effort d'accompagnement de l'État. L'ANSEJ devait réhabiliter la notion de travail ou créer le un ou deux millions d'emplois attendus au moment où le prix du pétrole chute (et pour longtemps) de plus de 50 % de sa valeur de 2013. Quel est le taux d'appartenance des promoteurs ANSEJ au sein de cette fédération d'entrepreneurs qui se réfugient dans la revendication d'un marché financier en ignorant totalement l'existence d'une bourse d'Alger à laquelle ils n'adhèrent pas. Ces mêmes opérateurs nationaux parlent brusquement de " l'austérité ". Mais une politique d'austérité est cette " politique économique qui vise à réduire l'ensemble des revenus disponibles pour la consommation par le recours à l'impôt, au blocage des salaires à l'emprunt forcé, aux restrictions des crédits et au contrôle des investissements ". Les salaires ne sont pas touchés ! mieux encore, ils ont augmenté. La consommation n'est pas atteinte ! Le dispositif fiscal dans ses grandes lignes n'a pas varié ! Mais Est-ce de l'austérité que de rappeler aux entreprises et aux opérateurs nationaux que, depuis longtemps, ils ne répondent plus à la demande nationale mais favorisent et défendent les importations tous azimuts ? Est-ce de l'austérité que ces opérateurs sachent qu'ils font dans l'inflation quand ils optent pour l'abandon de la production locale? Est-ce de l'austérité quand le statut financier de l'Algérie reste encore solvable ? Est-ce de l'austérité que de veiller à ce que la dette publique intérieure soit moins de 8 % du PIB ? Y a-t-il austérité si chaque velléitaire vivait de ses moyens autrement dit du produit de son travail ? Est-ce de l'austérité que de se remettre en cause et se consacrer à réaliser les capacités de production au dépens de l'importation ? Pousser à un standing en harmonie avec ses moyens n'est pas austérité. Rappeler qu'un standing de vie est pléthorique quand il n'est pas justifié, n'est pas austérité. Est-ce austérité que de justifier l'acquisition d'un logement de 120 m² contre 1400 fois le SMIG ? Est-ce austérité que de réduire les préfinancements massifs des importations de ce qui n'est pas prioritaire? Revoir à la baisse les 7,6 milliard de dollars d'importation de véhicules n'est pas austérité. Il n'est pas austère que de décider de repenser la structure des investissements en révisant les priorités et consacrer l'investissement effectivement productif en rapport avec la demande du marché.. Est-il austère en ces temps que de s'interroger sur le seuil de référence à 37 dollars le baril pour élaborer une loi des finances ? Il n'est pas austère que de faire dans la tradition d'un budget déficitaire pour recourir aux prélèvements dans le Fonds de régulation des recettes. Une contraction de ce fonds de régulation de 5238 milliards de dinars à fin 2013, à 4773 milliards d DA à fin juin 2014; Est-ce une austérité ? Les opérateurs économiques font ils dans l'austérité quand ils restent passifs devant le rapport (Oct.2014) de la Banque d'Algérie : "Les réserves officielles de change se sont contractées à 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014, après une progression au second semestre de 2013 à 194 milliards de dollars en fin de période." Il n'est pas austère que d'admettre que des restes à réaliser de 900 milliards de DA au titre de la TVA, de plus de 400 milliards de DA au titre de l'IRG, de 260 milliards de DA au titre de la TAP et de 110 milliards de DA au titre de l'IBS soient des manques à encaisser pour le trésor public au moment où les 70 % des recettes fiscales provenant de la fiscalité pétrolière ne soient plus garanties.. C'est un décaissement déguisé et indu. Il est effectivement non austère que de rappeler que les impôts doivent retrouver leur vocation de deuxième ressource financière en mesure de compenser le manque à gagner pétrolier. Est il austère que de réorienter l'importation du thon rouge, du merlan, de la sardine, des crustacés, des crevettes et des langoustes vers la réhabilitation de notre production halieutique? Est il austère que de traquer cette flotte halieutique qui se reconvertit au large des 1400 Km de cotes nationales, en pourvoyeurs des chalutiers espagnoles de ces mêmes produits faisant ainsi dans l'inflation nationale des prix du poisson ? il n'est pas austère que d'investir sur une contribution de 1400 Km de cote sur une mer encore poissonneuse quoiqu'on en dise. Est-il austère qu'après avoir mobilisé les aides de l'État, l'agriculteur se transforme en importateur de pommes de terre, de tomates, d'oignons d'échalotes, de choux-fleurs, de carottes, de navets, de laitue, d'haricots, de fèves etc. ? Est-il austère que de reconvertir nos terres (à ne pas confondre avec les terres arides de l'Arabie Saoudite) en espace bétonné ? Pour ménager notre velléitaire de son austérité et le soulager, il ne manquait que d'importer les ananas, les avocats, des orange, des clémentines, du citron, du raisin, la pastèque, le melon, les pommes, les poires, les abricots, les pêches, des fraises Mais ces produits étaient d'une qualité si excellente qu'ils faisaient de l'Algérie un grand exportateur. Est il austère que de réhabiliter cette production sur nos terres ? Il n'est pas austère que d'admettre qu'acheter et vendre est un retard pour les ambitions nationales. La santé, l'industrie à valeur ajoutée forte, le tourisme et la recherche et développement des applications industrielles sont des vecteurs d'investissements à prioriser Le premier semestre 2015 verra le prix du baril de pétrole bradé à 40 dollars US. Il voisinera la référence budgétaire de 37 dollars. A cet effet il convient d'admettre que par le Conseil ministériel restreint, le Chef de l'État a non seulement exprimé ses réserves mais rappelé la responsabilité des hommes et des femmes de la gouvernance financière sur le devenir proche de notre économie et sur la solvabilité du Pays. |
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