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Au moment où le lander neau politique algérois comme frappé
d'autisme est encore à s'égarer dans des scénarios aussi «cocasses» les uns que
les autres, comme la nomination d'un nouveau timonier à la chefferie du
gouvernement ou la dissolution de l'Assemblée populaire nationale, tout le
monde perd de vue que le pays continue à être perçu, ici comme ailleurs, comme
un véritable théâtre des paradoxes. Mais envers et contre tout, et à rebours du
bon sens le plus prosaïque, une hirondelle, sans faire le printemps dans tout
son éclat, peut néanmoins annoncer sa venue, à condition que personne ne trouve
un malin plaisir à tout le temps lui détruire son nid. Et c'est justement pour
cette même raison qu'un homme seul face à tous, fût-il de la stature de
Abdelaziz Bouteflika, ne peut s'improviser «faiseur de miracles» en ces temps
tourmentés où seules l'intelligence et la synergie des compétences, toutes les
compétences sans exclusive aucune, sont à même de nous arrimer au wagon qui
sépare encore le pays du train à grande vitesse du développement.
La volonté affichée par l'aréopage politique aux commandes du pays d'aller de l'avant a souvent été contrariée, voire freinée que l'impression est tenace chez tout Algérien que l'Algérie continue à être une immense machine en panne. En dépit d'un potentiel humain et financier fabuleux, des retards énormes restent à rattraper dans nombre de segments vitaux de la vie du pays et des Algériens. Le pays, «cerné» par des défis majeurs, doit se remettre au plus vite au boulot. Il y a là une grande urgence. Fort d'un soutien sans faille de deux électeurs sur trois, le président de la République, pour sa quatrième mandature à la tête de la plus haute charge de l'Etat, n'a pas et n'aura pas droit à la traditionnelle «pause» politique dite d'état de grâce. Sa mission à la tête du pays pour le prochain quinquennat sera d'autant plus historique que le pays a besoin d'un autre électrochoc pour se mettre au diapason des défis qui l'attendent. Force est de reconnaître que la tendance générale n'en est pas pour autant à un redressement notable de l'économie toujours convalescente du pays. Pour son dernier mandat présidentiel, Bouteflika sait qu'il sera pris au mot. Créer trois millions d'emplois, construire un (autre) million de logements ou encore améliorer le pouvoir d'achat des Algériens ont été les trois promesses-clés sur lesquelles Bouteflika a été plébiscité. Mais le plus grand pari, pas du tout aisé à relever, reste celui de réformer en profondeur l'appareil de l'Etat et remettre à niveau des institutions pas toujours au diapason des attentes immenses de la population. La rémission d'un mal ne signifiant pas forcément sa guérison, la relance de l'investissement par la dépense publique, doctrine économique chère au président Bouteflika depuis son arrivée au pouvoir en 1999, ne peut à elle seule ranimer une immense machine économique en panne et son faible niveau de compétitivité à l'échelon régional et international. L'économie fondée sur la connaissance étant actuellement une «néo-religion» qui a fait partout ailleurs la preuve par neuf de sa viabilité et de son efficience, l'Algérie ne pourrait aller à l'encontre de ce qui se fait de meilleur sous d'autres latitudes, comme une gestion maîtrisée de l'argent public et une lutte sans merci contre la corruption, véritable plaie ouverte dans le tissu économique et social du pays. Faire retrouver à l'université sa faculté originelle, celle de se mettre au service du développement du pays, et repenser une stratégie industrielle capable de servir de locomotive à une économie victime de changements de cap trop brusques sont les deux autres dossiers brûlants à déposer sur la table du prochain exécutif gouvernemental, que l'on dit imminent. Ne pas remettre en cause la politique d'Infitah économique du pays et lutter contre la tentation de toujours privilégier l'acte «social» au détriment d'un management «sans états d'âme» de l'économie nationale sont à coup sûr des errements à éviter à tout prix. |
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