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En quoi un stade de football des temps présents
serait-il différent d'une arène de gladiateurs des époques d'hier ? Les mises à
mort et les glorioles sont les mêmes et si le ballon et les gants de boxe ont
remplacé les lions et les tridents, les euphories populaires n'ont pas changé.
Elle est quand même remarquable cette frénésie qui transporte des peuples et
des pays entiers. C'est bien là une drôle d'humanité qui s'abreuve à satiété
d'un opium curieux.
On explique ici et là que les rassemblements que permet le sport sont des catalyseurs d'union patriotique et que les arènes ont été construites par les hommes pour procurer des ivresses collectives particulières jugées nécessaires pour nourrir une nationale cohésion. Mais à quel prix et au nombre de combien d'esprits qui se dérèglent le temps d'une compétition ? Bien sûr qu'il y a une forme de débilité à vouloir se convaincre qu'il s'agit bien d'un noble art à admirer deux boxeurs qui s'échangent des coups avec hargne parfois jusqu'à la mort. Bien entendu que l'imbécilité est vite retrouvée quand on se surprend à se passionner pour un homme qui court derrière un morceau de cuir pour nous amuser. L'indécence est enfin étalée quand un saltimbanque du ballon a un salaire qui nourrirait tout un pays. A la vérité, l'irrationnel dans toutes liesses constatées à la faveur des duels sportifs passionnés, plus qu'il n'offre matière de satisfaction et de fierté devrait nous permettre de nous interroger sur un phénomène humain presque insensé. Beaucoup y trouvent leur compte. Les amuseurs, les politiques comme les affairistes. Le déplacement des grands soucis des peuples, de la rue aux arènes offre bien du répit. Quand l'opinion se fige sur le loisir alors qu'elle n'a pas de quoi manger et qu'elle n'a pas été capable d'étouffer les guerres et les conflits, le divertissement devient alors à l'évidence diversion. Ce voyage des foules vers la déraison ne serait en fait que la manifestation d'une évidente carence des hommes incapables de se gérer. |
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