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Coupe du monde : une si longue traversée de désert? !

par Slemnia Bendaoud

Personne ne pouvait vraiment imaginer une si dramatique et une aussi piètre exhibition des Verts, même si le grand Brésil était, lui aussi, au menu de notre équipe nationale, pour cette nouvelle édition !

1986 : LE GRAND GACHIS, MALGRE L'EXPERIENCE ACQUISE SUR LE TERRAIN !

La réputation de la sélection algérienne était si bien répandue, désormais bien connue, qu'il était vraiment bien difficile de prévoir un tel mauvais parcours, cet autre revers, au vu de tous ces nombreux réglages entre-temps opérés.

Si durant la précédente édition, on s'en mordait encore les doigts à l'issue de la phase de poules telle que l'avait d'ailleurs fait lors du premier match l'entraineur allemand Jupp Derwal, au Mexique, par contre, tout le monde semblait vraiment bien fixé sur la tâche qui attendait nos capés, l'expérience aidant.

De plus, l'un des indices les plus marquants et facteurs les plus probants, était fort justement que la sélection algérienne avait réussi avec grand panache tous ses matchs qualificatifs pour ce Mondial de Mexico 1986, ne concédant, par conséquent, aucune défaite lors de ses nombreuses confrontations au cours de ce longs déplacements africains.

Potentiellement mieux fournie et techniquement encore plus aguerrie, l'équipe à Rabah Saâdane carburait donc à plein régime, se faisant respecter là où elle se présentait et évoluait comme sur du velours, tant elle fascinait tout son monde grâce à son jeu raffiné, fouillé et très prisé.

Réussir un aussi prestigieux parcours était de nature à mieux considérer cette sélection, ayant au passage acquis ses principaux automatismes pour s'installer désormais dans la cour des grandes nations footballistiques, à la réputation bien établie et au jeu très fouillé.

En fait, tout militait en faveur de cette progression importante, décrochée haut la main dans le concert de ce jeu très technique et plein-les-yeux développé par ces pépites de la balle ronde algérienne, soucieux de mettre à profit cette grande expérience, à l'effet de corriger ces ?'ratés'' commis durant la précédente édition, en Espagne.

Apparemment, rien ne présageait de ce vent de la subite défaite ou imprévisible catastrophe qui allait sévir en grand maitre pour s'emparer si facilement et docilement de ce football haut de gamme dont rêvait jusqu'alors de sa pure technique les plus sévères critiques de la balle ronde, tout comme d'ailleurs ceux très férus de ce jeu si ensorcelant qui épatait tout son monde par ses gestes techniques hors du commun, bien comparables, par moments, à ceux de ces tout prestigieux brésiliens d'antan.

Comment donc cet espoir si fou pouvait-il se transformer sine-die en cette inexplicable tragédie, si vile si mesquine ? Y-avait-il une quelconque comédie ? Comment surtout cet avenir certain d'un foot qui avait acquis sur le terrain ses lettres de noblesse pouvait-il si rapidement tomber dans les travées de toutes ces faiblesses assassines qui nous blessent si fortement et très douloureusement, même à présent que la cicatrice s'est plutôt refermée, grâce à cet autre espoir (renaissant de ses cendres !) de 2014 qui pointe à l'horizon ?

Comment donc avions-nous viré si instantanément pour quitter cet Azur de la plus haute sphère du beau football pour se retrouver au sein de ces travers de la pure médiocrité qui nous fait reculer et surtout racler les profondeurs abyssales du ballon rond ?

Pour tous les amoureux du beau football algérien et de son jeu très spectaculaire, il y avait, quelque part, maldonne ; puisque tout le monde ne jouait pas vraiment franc-jeu ! On attendait donc impatiemment ces autres éclairées explications qui tardaient encore à s'exprimer.

Et il eut fallu la création salutaire de ces chaines satellitaires privées pour qu'un début de réponse à cette inattendue catastrophe sportive se fasse manifester, plutôt vite enseveli et si savamment instrumentalisé par cette autre attitude très conservatrice de ces vieux gardiens du temple, agissant toujours sous le couvert de cette raison d'état afin de camoufler les erreurs, de peur de subir la colère de la rue et les soubresauts d'une conscience populaire, restée encore éveillée, malgré l'usure du temps et l'avalanche des grands évènements sociaux longtemps subis dans sa propre chair et quotidien.

Et tel un secret de polichinelle, les réelles causes de cette inexplicable déroute sportive auront toujours été sciemment tues, même si des voix de joueurs, d'acteurs et de techniciens, se sont déjà élevées pour dénoncer ou pour se démarquer de cette attitude très négative, ayant terni l'image de marque de notre beau football.

Par bribes, à moitié soutirées ou à moitié devinées, l'environnement immédiat de notre football était donc parvenu à cette vérité dont le monde officiel du ballon rond tenait toujours à la garder sous silence, comme toujours ou de tradition, se gardant, même après cette longue période, de communiquer sur ce brûlant dossier.

A postériori, il existe trois bonnes raisons qui justifient ce désastre footballistique, aujourd'hui même non encore définitivement consommé dont la synthèse s'articule autour de paramètres suivants :

- Un imprévisible remaniement ministériel dont le nouveau promu avait complètement chamboulé les plans d'actions de son prédécesseur pour définitivement s'inscrire en porte-à-faux avec la politique sportive du pays prônée jusqu'alors ;

- Une richesse pléthorique d'un effectif de très grande valeur technique dont les premiers sacrifiés n'ont été que ceux du produit local et du terroir qui étaient allés les premiers très loin chercher cette seconde qualification de suite dans cette très relevée compétition mondiale ;

- Un interventionnisme à outrance de la tutelle administrative et politique dans les aspects technico-tactiques relevant exclusivement des prérogatives du staff technique ainsi que d'autres volets relevant des spécialistes de la sélection, manifesté avec beaucoup de mépris et grand amateurisme avéré ?

Aussi, de très rares échos, ceux mettant si longuement à pouvoir finalement se manifester publiquement, ne donnent malheureusement pas toute cette explication plausible dont se doivent pourtant nos représentants du ballon rond de la communiquer sans tarder à qui de droit et au très large public tout particulièrement.

Le groupe dont avait justement hérité l'Algérie la mettait face à des équipes qui étaient ?excepté le grand Brésil- à sa portée, puisque constitué également de la toute modeste Irlande du Nord et de cette peu convaincante Espagne.

Tout comme d'ailleurs, sa première confrontation, programmée contre cette même Irlande du Nord, pouvait lui ouvrir manifestement grande ouverte la voie de déjà se placer en grand favori dès l'entame de cette poule, somme toute, très équilibrée.

Malheureusement, ce nul fatidique concédé contre cette plutôt bien quelconque sélection de l'archipel britannique n'allait-il, lui aussi, pas accentuer la chute, puis la vertigineuse descente aux enfers d'un grand héros, commençant finalement par douter avant tout de ses propres capacités et chances, sans compter aussi sur l'apport certain de ces autres atouts détenus par son adversaire du jour.

L'apport des Medjadi (Liégeon), Benmabrouk, Chebel et Maroc, loin de constituer cet amalgame de choix brillamment réalisé lors de la précédente édition, était devenu une sérieuse raison ou source d'exclusion de ces grands talents formés justement à l'école algérienne dont tout particulièrement l'ex capitaine d'équipe Ali Fergani et le très prometteur Hocine Yahi, pouvant lui aussi jouer à tous les compartiments de l'attaque algérienne, nonobstant le fait qu'ils avaient, eux aussi, participé aux matchs de qualification de la sélection algérienne.

Le match les opposant au Brésil reste -tout compte fait- la seule petite consolation, eu égard à ce grand jeu développé, avec art et assurance, devant ces maitres incontestés du ballon tond, dont les occasions ratées par l'équipe algérienne auraient pu la consacrer ?si jamais celles-ci étaient sérieusement exploitées a bon escient- comme le grand vainqueur de cette très honorable confrontation.

N'empêche qu'avec cet autre résultat négatif enregistré par l'équipe algérienne, ses chances de qualification pour le prochain tour commençaient par s'amenuisaient mais n'étaient, par contre, pas totalement anéanties ; puisqu'une bonne victoire contre l'Espagne dans son dernier match de poule, qui n'était guère un foudre de guerre, pouvait lui ouvrir de nouveau ce podium de la seconde place au sein du groupe considéré.

Ce fut donc ce match de la toute dernière chance pour les deux sélections concernées qui faisait vraiment peur à ce futur détenteur de la coupe du monde de 2006, en l'occurrence l'Espagne, dont la qualification était subordonnée à une victoire obligatoire sur son adversaire du jour.

La frustration algérienne était des plus difficiles à avaler ou ingurgiter dans la mesure où l'autre sélection africaine, celle maghrébine, le Maroc, pour ainsi dire, terminait, lui, en bon premier de son groupe, celui qui comptait pourtant l'Angleterre, la Pologne et le Portugal, avec seulement quatre petits points, compte que pouvait aisément réaliser l'Algérie au sein de sa propre poule .

D'autant plus qu'à la place d'un intraitable Badou Zaki, l'Algérie disposait déjà d'un très prometteur Nasseredine Drid ; et qu'au lieu d'un impérial Timouni on avait encore en place un Grand Belloumi, toujours pourvu de son naturel génie ; et qu'en face de ce virevoltant poison d'un Aziz Bouderbala on comptait beaucoup sur cet art consommé d'un Rabah Madjer ; et qu'en tout état de cause, un époustouflant Mohamed Kaci-Said valait bien ce très besogneux Abdelmadjid Dolmy?

Seulement, les Dieux des stades avaient donc déjà dicté leur choix implacable et indiscutable : ce fut à l'Algérie, la première, de quitter, surtout la tête basse, à la différence de son voisin marocain, cette très huppée scène footballistique, même si au départ, elle figurait déjà parmi ces grands favoris, afin d'y jouer les tout premiers ou très avancés rôles !

Dans les coulisses, ce match décisif était déjà perdu dans l'esprit des joueurs algériens, bien avant le jour de la rencontre toute indiquée. Une affaire de sous et ses nombreux dessous est donc venue tout détruire dans ce qui restait commun au groupe, pour finalement tout chambouler dans cette préparation d'avant-match où des commis de l'état n'ayant rien à voir avec le sport y venaient dicter leur loi, imposer des noms de joueurs et exigeaient à tout le monde leurs très controversées conditions.

Au mieux : ce fut cette surprenante élimination ; au pire : ce fut ce très grand gâchis qui allait irrémédiablement, et très pour longtemps encore, définitivement condamner notre cher et très spectaculaire football-gala, très pressé de définitivement s'éclipser devant tant de malheur qui lui arrivait en si peu de temps.

Conjugué à cette période très trouble de la politique du pays, il eut tout de même ce reflexe inouï et sursaut très honorable de sauver toutefois la face à un pays en proie à cette inextricable tragédie qui le secouera de plein fouet, en lui assurant sa seule coupe d'Afrique des Nations, jouée en 1990 sur le sol Algérien.

Depuis lors, ce fut ce déclin en chute libre qui durera près d'un quart de siècle...

2010 : UN RETOUR A LA PEINE

A la chute libre de ces prix du pétrole de l'automne 1986, allait lui succéder celle de notre football, traversant cette autre période très compliquée de sa longue histoire, parsemée de ses nombreuses embûches et soumises très violemment à ces nouveaux écueils politiques.

A l'inverse des années d'avant, notre football ne produisait plus ce très prisé talent. On en était encore resté à ce pousse-ballon de la situation la plus trouble de l'histoire de l'Algérie. Et, petit à petit, le stade n'intéressait plus grand-monde. Ni en tant que véritable acteur, ni même juste comme simple spectateur !

La disette footballistique semblait s'installer donc durablement, à un moment où le foot n'intéressait plus grand-monde. Le facteur sécuritaire allait fondamentalement transformer le quotidien des algériens : on fuyait le douar, le bourg, la maison, le stade, le cinéma, le théâtre, les librairies, les bibliothèques, les salles de lectures ainsi que tout autre public d'apprentissage ou de divertissement.

L'heure était donc à cette vie des gens recroquevillées sur eux-mêmes, capitonnées au sein de leurs demeures et calfeutrées dans leurs soucis d'échapper à la mort, laquelle, chaque jour, rodait dans les parages, emportant des quartiers entiers ou des bourgs complets de ces cités périphériques ou de ces hameaux isolés et perdus dans la forêt.

On se barricadait, attendant cette mort, devenue désormais très proche, venir, au petit matin ou dès la tombée de la nuit, nous cueillir comme des fruits bien mûrs au pied du lit, au bas de l'escalier, au seuil de notre porte, sur la terrasse des immeubles, sur ces routes meurtrières, au sein des fourrés de ces rivages du fleuve ou tout près des cimetières?

Le foot était donc remis aux calendes grecques. Son spectacle n'étant pas le bienvenu, laissant la place à d'autres plus sérieuses priorités. Celles se rapportant bien malheureusement à ces autres besoins primaires ! Il s'agissait de ce besoin sécuritaire, véritable support et catalyseur de tous les autres besoins confondus à eux-mêmes ou pris séparément.

Et ni l'USM Alger en ?'champion's league'' africaine, au milieu des années quatre-vingt dix et bien postérieurement, ni même la JS Kabylie, en coupe de la CAF, engrangée pourtant à plusieurs reprises, n'ont pu toutefois rien changé à ce paysage sportif devenu par miracle des plus indigents au plan de la pratique footballistique internationale au cours des grands rendez-vous mondiaux.

Le purgatoire devait longtemps durer jusqu'à bien souvent nous faire perdre tout hypothétique espoir de revenir à notre très ancien ou meilleur niveau, n'était-ce encore cette nouvelle réglementation de la FIFA (Fédération Internationale de Football) de permettre aux jeunes binationaux, ayant joué sous le maillot tricolore avant d'atteindre l'âge de vingt-et-un ans, d'opter finalement selon leur choix personnel en faveur de leur pays d'origine ; c'est-à-dire l'Algérie, pays de leurs aïeux.

Devant le très faible niveau de notre championnat national, assez pauvre en joueurs talentueux comme il savait si généreusement les procréer autrefois, la seule voie plausible ou salutaire qui restait aux dirigeants de la fédération algérienne de football (FAF) était d'aller directement les puiser ou trouver au sein de ce nouveau vivier et grand réservoir, à titre gratuit, en usant à dessein de cette seule fibre nationaliste, au point de faire cet autre aumône et stupide porte-à-porte au sein de leurs demeures parentales.

Le lien social ancestral ainsi que cette autre carrière internationale à rapidement relancer allaient faire, à eux seuls, tout le reste. Et c'est ainsi donc que le véritable filon aura été trouvé.

Sans le moindre investissement ! Sans jamais avoir à se casser la tête pour longtemps former à la maison ces jeunes talents ! Sans trop se soucier de cette précieuse jument qui leur refile chaque année son étalon !

Et dès l'entame de la coupe d'Afrique 2004, tout ce beau monde, assidument formé au sein des écoles de football français, était ramené manu militari du vieux continent, afin de renforcer avec la composante humaine de la sélection algérienne.

Nous eûmes droit à faire la connaissance avec ces défenseurs de grand métier à l'image de Antar Yahia et Madjid Bouguerra, ou à des maitres à jouer de la trempe de Abdelnasser Ouadah, Karim Ziani et Djmel Belmadi, sinon de ces chasseurs de buts du calibre de Abdelmalek Cherrad, Nassim Akrour ou Mansour Boutabout.

Ils en formeront l'assise de la sélection nationale, groupe auquel, Rabah Saâdane et ses deux assistants, Boualem Charef et Ait Mohamed, lui adjoindront la crème des joueurs locaux, à l'effet de disposer d'une équipe compétitive de haut niveau.

La formule magique était donc toute prête, désormais il ne manquait plus qu'à la mettre rapidement en application. En réelle exécution. Pour avoir eu à se mesurer dans la série des poules à de très coriaces adversaires comme l'Egypte, alors codétenteur du record avec le Ghana, ainsi que le très redoutable Cameroun d'Etoo' et Rigobert Song, ses chances de passer au prochain tour étaient très minimes. Et pourtant, l'Algérie réussit à se qualifier, aux dépens de cette même Egypte et de l'autre locataire du même groupe, en l'occurrence, le Zimbabwe.

Ainsi était née cette nouvelle équipe algérienne aux forceps, même si aux quarts de finale de cette même édition, elle gâchera lamentablement cette très nette occasion de jouer les demi-finales, se faisant tout bêtement rattraper au score par le Maroc à la toute dernière minute du match, pour finalement laisser filer entre les doigts, aux prolongations, une qualification qui lui tendait pourtant bien haut les deux bras.

Le retour du Cheikh Rabah Saâdane y était pour beaucoup. Plus tard, il eut cette main heureuse à mettre sur ces oiseaux rares qui consolideront le groupe. Comme en 1982 et 1986, l'enfant du pays récidivait encore en 2010.

Il fut cet artisan de nombreux succès de la sélection nationale qui surent nous apprendre à de nouveau sourire ! A finalement applaudir toutes ces belles prestations de notre renouveau footballistique ! Il aura donc vraiment eu ce très grand mérite de remettre à nouveau notre foot sur orbite.

L'espoir revenait de loin ! De très loin même ? ! Au trot, à grand galop, à grandes chevauchées et longues enjambées, et dès le premier coup d'essai ! On aura fini tout de même par découvrir avec beaucoup de peine notre football d'antan ! Les bons résultats se succédaient, très puissants, bien percutants. Les prouesses techniques se répétaient, encore plus présentes et plus que jamais très convaincantes !

L'homme de la situation venait donc de reprendre sérieusement en main les règnes de l'équipe nationale. En grand pompier, à l'image d'ailleurs de son ainé et devancier, Hamid Zouba, ayant fait, lui en son temps, déjà ces six allers et retours, Rabah Saâdane, ne refusait jamais de conduire les verts lorsque la tempête sévissait de toute sa grande force au sein de notre football.

Ayant, à la fois, eu le privilège de cumuler ce statut fort envié d'avoir été successivement au tout début de son aventure footballistique le joueur, l'étudiant, ensuite le professeur, puis le technicien et, au final, l'entraineur et le sélectionneur, Cheikh Rabah Saâdane aura gravi, un à un et sans discontinuité, tous les échelons de nature à au mieux forger son talent et très grande carrière professionnelle internationale.

Rappelé 1999 en sa qualité de ce véritable pompier qui ne craint jamais d'affronter les hautes flammes dévastatrices de notre si beau et très spectaculaire football, après cette autre parenthèse de flottement, entre 2004 et sa date de reprise de ses fonctions, faisant piètre figure dans les éliminatoires du Mondial Allemand de 2006, il saura encore su rebâtir son équipe, en lui impulsant cette toute nécessaire âme qui lui manquait d'aller conquérir ces tout précieux succès en terre africaine, afin de nouveau l'installer comme autrefois tout à fait en haut de cette brochette de sélections qui ouvraient droit au podium du football mondial.

Déjà dès le tirage au sort des éliminatoires de la coupe du monde de 2010, devant avoir lieu en Afrique du Sud, nous plaçant au sein de ce même groupe que l'Egypte, le grand favori de la poule, la Zambie et le Rwanda, l'espoir de faire revenir la sélection algérienne à son meilleur niveau footballistique était de nouveau permis.

L'Egypte, même déjà sextuple champion d'Afrique, était jouable, plutôt bien prenable, pratiquant en plus ce football très technique qui sied le mieux à l'Algérie. Celui trop physique des pays anglophones était le plus redouté.

Et bien avant même l'entame de ces matchs-couperets, nous savions déjà que les résultats enregistrés entre ces trois premières sélections allaient déterminer le futur favori du groupe pour la phase finale prévue en Afrique du Sud.

Seulement, ces inévitables et très explosives confrontations directes, devant avoir lieu entre l'Algérie et l'Egypte, émergeaient somptueusement du lot, tenant compte, d'abord, de cette grande susceptibilité existant entre les deux pays, question de leadership dans le concert de la balle ronde arabe et africaine, mais aussi et surtout à propos de ce retour tonitruant parmi les grandes nations invitées à la phase finale de la coupe du monde de 2010, après une absence qui aura duré respectivement 24 et 20 années consécutives.

Deux scores devaient donc vraiment booster le moral des algériens : celui acquis à Blida contre justement ces mêmes égyptiens sur le score de trois buts à un, et celui arraché à Lusaka (Zambie) même par les camarades de Rafik Saifi par l'entremise de deux banderilles, très nettes et bien percutantes.

Depuis lors, les algériens, tout comme d'ailleurs les égyptiens jouaient toujours, tous les jours que fait le Bon Dieu, leur match d'appui à distance ou à l'avance, comme ce signe très prémonitoire de résultat déjà acquis dans ce match retour du Caire qui n'allait finalement, lui aussi, pas départager les deux sélections, faisant à sa manière prolonger indéfiniment ce suspense insupportable.

L'été 2010 fut donc très chaud. A son soleil de plomb s'était donc mêlée cette autre chaleur humaine du foot qui égaillait toutes nos chaumières, monopolisant tous nos discours, prenant beaucoup de notre temps, puisque nous vivions cette dernière confrontation à fleur de peau.

Le foot, levier incontestable de la politique, prenait le dessus sur toutes nos bien réelles préoccupations. A telle enseigne qu'on vivait toutes ces probables séquences d'un mach qui n'avait pas encore eu lieu.

Si bien que le jour du match en question, l'on ne faisait presque tous que revoir à postériori ce film de la veille, nonobstant son résultat, nous focalisant surtout sur cette possible animosité qui allait voler la vedette au grand jeu produit, souhaité ou réellement développé, sur le terrain de vérité.

Au jour « j », nombreux étaient donc ces frileux algériens qui appréhendaient ce ?'petit quelque chose'' qui allait illico presto transposer le match de son rectangle vert vers cet autre univers de terrain politique bien fatal, où l'arme de combat appropriée se moquait royalement de toutes conventions et autre humaines appréhensions.

Il fallait donc partir en guerre comme si devant faire la guerre à ce frère-ennemi de ce pays voisin, sans jamais faire de victimes, afin de définitivement asseoir une supposée suprématie ou de reconquérir par la force des jarrets un espace très prisé. Comme prélude à une suite de combat très palpitante, le score de ce sixième match mettant aux prises ces deux équipes nord-africaines a, lui aussi, ramené son grain de sel, envoyant les deux sélections vers ce mémorable Oum Derman (Soudan) où la vista avérée de nos combinards politiciens, astucieusement conjuguée aux nombreux flots et interminables lots de sous de Hassi Messaoud et à la ?'grinta'' d'un onze algérien, très touché dans son amour-propre, allait donc faire la différence à tous les niveaux, prenant de vitesse une ?'hypothétique succession à la tête de la gouvernance Egyptienne'', embourbée dans ses nombreuses dettes et illusions politiques farfelues, dont le printemps arabe allait, juste une année plus tard, les mettre à néant et aux poubelles de l'Histoire des Pharaons.

Ne répondant pas spontanément ou très directement aux provocations osées égyptiennes, l'Algérie, hissée désormais très haut dans le gotha footballistique mondial, grâce à ce tir meurtrier et libérateur de Yahia, ce vrai Antar des pharaons, brillamment sollicité auparavant par ce génie de son co-équipier Karim Ziani, allait encore une fois s'imposer intelligemment sur ce plan purement politique, gardant très diplomatiquement ses distances de convenance avec ce pays frère et ami.

L'Egypte, sans vraiment démériter, devait avec le temps se plier à cette logique implacable de la coupe du monde qui choisit à sa manière son Prince charmant. Preuve en est : en demi-finale de la coupe d'Afrique des nations, jouée juste quelques semaines plus tard, les pharaons, seront consacrés ce quintuple champion de l'épreuve concernée, prenant, au passage, une toute petite revanche sur les capés de Rabah Saâdane.

Aller en phase finale de la coupe du monde avec cet effectif peu riche, et vraiment bien pauvre en réelles et plus que nécessaires doublures, ne pouvait donc que jouer un bien mauvais tour à la sélection algérienne.

Rabah Saâdane, en premier, en était d'ailleurs bien conscient, dès lors qu'on devait affronter de grandes écuries comme l'Angleterre ou les Etats-Unis d'Amérique, pour jouer finalement à fond la prudence, mettant à profit son système longtemps affiné de ce 5/3/2 rapidement transformer en 3/5/2, dont les résultats auraient pu être bien meilleurs, s'il disposait déjà d'attaquant au punch avéré et n'avions surtout pas, dès le départ ,été pris de cours par cette Slovénie, laquelle nous avait dès vraiment brouillé toutes nos cartes de tenter de jouer à un quelconque exploit. L'essentiel n'était-il pas de revenir à notre meilleur niveau, et attendre, par la suite, venir à petit trot, ce grand renouveau du football algérien !