|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Après la participation -somme toute- honorable du Maroc en 1970, et celle
tout à fait bien surprenante de la Tunisie de 1978, est venu donc le tour de
l'Algérie de goûter à ces joutes footballistiques mondiales de très haut
niveau.
Cette année-là, ce fut l'Espagne, en tant que pays organisateur, qui accueillait tout son monde, comptant désormais 24 pays qualifiés au lieu de seize précédemment. Pour les algériens, la distance était tellement si courte qu'il fallait tout juste traverser à la nage la Méditerranée pour y assister. Le temps s'y prêtait fort bien. L'aventure, elle aussi, en valait vraiment la chandelle. Ne manquait alors plus que ce courage hors de nos harraga(s) des temps présents. Ce fut comme s'il fallait faire le mur, cet autre mur plat, extra-calme, immense, immobile dans son lent mouvement, très humide et si profond, couché à même la surface de l'eau, pour parvenir sain et sauf, sur l'autre rive de la Méditerranée, au sein de ce pays du sud du plus vieux continent. A l'époque, la Harga mettait encore du temps à se manifester. Les misérables moyens de sa réelle expression n'étaient -eux aussi- pas encore totalement réunis, sinon bien compris, du fait qu'on croyait encore aux dires fabuleux ou vaniteux de nos gouvernants d'antan, presque tous métamorphosés en ceux très arrogants d'aujourd'hui. Sinon nombreux seraient ces aventuriers qui auraient usé de leurs modestes radeaux ! Dieu merci ! le visa ne posait, lui aussi, pas autant de problèmes et de barrières infranchissables qu'aujourd'hui, en raison de cette facilité accordée à la liberté de déplacement des personnes d'un continent à un autre. Ainsi, en un seul saut, tous ces jeunes algériens s'étaient retrouvés sur l'autre rive de la grande bleue, sur ce sol tant convoité de l'autre continent, celui le plus vieux du monde. L'expédition était donc des plus faciles à tenter, et des plus irrésistibles à ne pouvoir honorer. Son objectif n'a cependant rien à voir avec celle de nos ancêtres, tentée il y a un peu plus de onze longs siècles, pour une toute autre raison, laquelle prit fin en 1492 avec ces revenants de l'Andalousie, alors violemment chassés des lieux par les chrétiens. En honorables citoyens, les supporters algériens s'étaient alors de nouveau déplacés en cette terre d'Andalousie où leurs aïeux devaient laisser une très grande histoire et de bien pérennes nobles traditions. En véritable inconnue de tout son monde s'était encore aventurée sur la scène footballistique internationale la sélection algérienne de football dont très peu de sa composante humaine évoluait déjà à un très haut niveau au sein des clubs huppés de l'étranger. Mieux encore, les quelques matchs de préparation de cette phase finale disputés contre pourtant de bien solides sparring-partenaires et autres clubs de grand prestige ou même sélections nationales, n'avaient cependant pas été très largement médiatisés ou bien suivis par les spécialistes de la balle ronde ; il vrai aussi par la faute à ce manque flagrant de développement des techniques de communication et des médias de l'époque considérée. En véritable inconnue du bataillon, l'Algérie faisait alors figure -tout comme d'ailleurs, dans son propre groupe, le Cameroun, l'autre sélection africaine qualifiée à cette même phase finale - de ce tout petit poucet, d'aventurier, de véritable faire-valoir? On en était resté encore là, figé à ces autres considérations, où seul le tout possible trouble-fête footballistique -jamais exclu au sein des hautes compétitions- pouvait faire probablement chambouler l'ordre ainsi conçu de toute cette hiérarchie bien établie, qui allait cependant jouer un bien mauvais tour aux pourtant très spécialistes de la balle ronde. La logique du foot, ayant toujours été principalement celle du terrain, cette autre logique qui se moque bien royalement de toutes les autres statistiques ou très précises prévisions des sciences les plus mouvantes et des situations les plus prolixes du monde, devait donc prendre en défaut tout son monde à la ronde, puisque, dans son écrasante majorité, pris sérieusement au dépourvu, pour n'avoir pas à bien connaitre de l'évolution réelle du football algérien. Dans la peau d'un vrai lièvre, maigrichon chaton ou tout petit louveteau, on le prenait tous pour ce petit animal bien distrait, un peu juste suspect, sans plus ! N'était-ce ce respect par juste correction dû à l'adversaire, plusieurs formations, bien connues du monde du football, n'auraient pas parié un seul sou sur les chances de la sélection algérienne, tant les railleries allaient déjà bon train du côté des allemands, et dès le jour du tirage au sort du groupe considéré. De source coulaient donc ces buts imaginaires, marqués à la pelle et à la série ou menés avec une autre facilité déconcertante, jusqu'à humilier l'adversaire sans même avoir à se mesurer contre lui sur ce terrain de vérité. De l'autre côté de la Méditerranée tout comme d'ailleurs un peu partout dans le reste du monde, on se demandait déjà à quelle sauce allait être dévorée cette toute jeune sélection algérienne où n'étaient connus parmi sa composante humaine que ces quelques éléments évoluant au sein du championnat français, à l'exemple, bien évidemment, de Mustapha Dahleb, Noureddine Korichi et Faouzi Mansouri, ajoutés à cet expatrié ou exilé de Djamel Zidane, évoluant, lui, au sein de ce plat pays cher à Jacques Brel. Très peu d'informations circulaient à l'époque sur le sol de l'autre continent à propos du niveau technique atteint par notre sélection nationale. Faute justement d'avoir osé cette toute nécessaire opération d'espionnage de proximité ou de convenance appropriée, ayant actuellement cours au sein des coulisses de la balle ronde. Et ce fut à son avantage ! Son statut de simple figurant, très loin de celui des autres sérieux prétendants, ne le dérangeait nullement. Bien au contraire, il aura eu ce grand mérite à le préserver du mauvais œil, lui permettant également de garder intactes toutes ses chances de réussir un véritable exploit, à mesure qu'elle continuait encore à bien croire en ses réelles possibilités de vraiment développer à fond son propre jeu et football-maison. Habillée très élégamment par notre défunte SONITEX (Société Nationale des Textiles), l'équipe algérienne foulait pour la première fois de sa vie la pelouse du stade de Gigon, en véritable conquérant, tant la personnalité de l'Algérien était suffisamment mise en avant, dans la forme et le design que dans le fond de son jeu pratiqué sur le terrain des opérations. L'Allemagne, en bien mauvais élève de football, ne pouvait donc s'imaginer que ce jeu maghrébin allait encore une fois lui être fatal pour réserver cette autre grosse surprise. Souffrant déjà le martyre en 1970 devant le Maroc et son but précocement marqué par son joueur Houmane à la 21', il devait marquer ensuite le pas en 1978 devant ce génie de Tarek Diab et ses très coriaces co-équipiers, pour finalement tout bonnement s'incliner devant Mustapha Dahleb et consorts. Pour un coup d'essai, ce fut donc un véritable coup de maitre ! Battre le futur finaliste et déjà double détenteur des précédentes éditions, et dès l'entame de la toute nouvelle compétition, relevait désormais de cet exploit, juste quelques minutes plutôt vraiment inimaginable ! Totalement improbable ! Vraiment peu concevable ! Pour avoir mis le bon pied à l'étrier, l'Algérie aura, à l'arrivée, réussi ce très grand galop. Cette autre magnifique chevauchée ! Il ne lui manquait plus qu'à enchainer ces autres bonnes courses, afin de tenter de jouer à fond son coup, en tentant le tout pour le tout. Chose qui ne paraissait tout de même pas très difficile à réaliser, tenant compte de la très relevée qualité de l'effectif algérien de l'époque. Faut-il, au besoin, le rappeler que le sélectionneur avait vraiment l'embarras du choix, jusqu'à pouvoir disposer de deux équipes d'égale qualité, avec notamment des joueurs très polyvalents, pouvant évoluer à tous les postes-clefs de la sélection. Formée de grands techniciens, à l'envergure avérée, presque tous des gauchers innés de surcroit, chose qui leur ouvrait ces perspectives de jouer pratiquement à toutes les positions du compartiment offensif ou de la préparation de l'amorce des attaques, l'équipe, bien huilée telle une véritable mécanique très minutieusement mise au point, rassurait à tous les niveaux ; tant ses prestations étaient presque toutes bien réussies sur le terrains des opérations. Des maitres à jouer de la trempe de ces grands magiciens de la balle ronde au sein de cette équipe, il y en avait vraiment à la pelle. A telle enseigne qu'un Lakhdar Belloumi jouait astucieusement comme ce faux centre-avant ou qu'un Mustapha Dahleb évoluait un cran derrière, par mesure défensive très prudentielle dans ce nouveau rôle de ce faux milieu récupérateur. C'est dire que l'équipe pullulait de ses étoiles étincelantes qui ensorcelaient tout leur monde, prenant souvent en défaut leur direct adversaire. La richesse de l'effectif poussait déjà le staff technique à tomber dans cet embarras du choix, mettant finalement le sélectionneur national dans une situation très sérieuse et des plus délicates, de manière à arriver à pouvoir tirer grand profit du dispositif le plus performant de l'équipe qu'il devait aligner le jour du match ; laquelle formation ainsi formée devait, en plus du choix du profil et de la qualité technique de ses propres éléments, répondre également à ce besoin imminent de mettre en échec l'adversaire dans ses mouvements et autres tentatives de construction de son propre jeu. Malheureusement, gagné par l'euphorie démesurée ou bien exagérée du fameux et mémorable exploit, brillamment réalisé contre l'ogre allemand, le staff technique algérien n'usera jamais de cette autre utile possibilité et très sérieuse alternative qui lui était cependant offerte sur un vrai plateau, afin de prendre de cours ou en défaut son prochain adversaire dans la poule, celui qui n'était autre que ce cousin germain de la Germanie, et d'aligner une toute autre variante, capable de complètement le désorienter. Commentant ce fâcheux évènement (notre inexpliquée défaite contre la sélection de l'Autriche), Monsieur Rachid Mekhloufi, usant de ce brin d'humour purement algérien, aura à l'égard du public cette très amusante explication ; " A l'époque, en haut lieu du pouvoir algérien, les directives qui nous avaient été données étaient juste de battre la RFA et de revenir ensuite aussitôt au pays ! ". C'est dire que l'ampleur du satisfecit de l'exploit isolé, conjuguée surtout à l'inexpérience avérée, devaient finalement l'emporter sur ce devoir permanent de jouer à fond nos chances d'aller le plus loin possible dans cette très relevée compétition internationale afin de mieux jauger de nos réelles capacités à se mesurer aux plus renommées formations footballistiques de la planète. Ainsi, l'Algérie, en s'inclinant si bêtement devant l'Autriche, devait très sérieusement compromettre ses réelles chances d'aller au second tour, en perdant cette rencontre qu'il ne fallait justement jamais perdre ; lequel résultat négatif pesait vraiment très lourd dans le classement final du groupe, puisque ouvrant aux cousins Germains, à la faveur du calendrier des rencontres de la poule, cette autre voie de pouvoir combiner entre eux ce résultat final qui les avait alors extirpé de leur si dangereuse situation. Et même si cette honteuse combine faite autrefois en sourdine, sur le dos du football algérien, réalisée de surcroit au su et au vu de tout le monde, allait pousser la toute puissante FIFA, dans un reflexe de se dédouaner de son mystérieux silence, à finalement bien revoir dès la prochaine édition sa programmation, cela n'empêche que la seule victime de ce " jeu de famille " n'était autre que cette Algérie qui savait pratiquer ce très beau football qui fascina tous les spectateurs du monde du sport. L'histoire du foot retiendra, en fait, que la faute commise incombe surtout à notre très mauvaise gestion des autres rencontres programmées en poule, après avoir justement réalisé le plus dur à faire au sein de cette compétition. Quant à cette troisième confrontation qui nous avait opposé au Chili, notre longue avance manifestée déjà au score juste à la mi-temps, affichée au tableau de marque par trois buts à zéro, aurait pu constituer pour nous cette autre échappatoire par le biais d'un bien meilleur goal-average lequel aurait sérieusement mis en danger les chances d'aller au deuxième tour de nos principaux concurrents. Le pire dans tout cela est qu'en gagnant deux matchs sur trois, l'Algérie n'a pu malheureusement (par le fait de ce miracle de la combine !) accéder au second tour, à cause justement de ce tout dernier match arrangé entre cousins germains, ou aussi par la faute à une très mauvaise programmation des rencontres, sinon à cause encore d'une gestion plutôt chaotique de notre première participation. Et quelques en soient les raisons invoquées sur le champ ou à postériori, il y eut cette toute néfaste et très longue réminiscence de tous ces autres relents d'une très grande frustration : celle de n'avoir justement pas vraiment cru en nos toutes réelles possibilités de jouer à fond nos pourtant bien possibles chances de qualification à ce second tour de la compétition. Pour un coup d'essai, n'étions-nous finalement pas passés juste à côté d'un véritable coup de maitre ? Et trente-deux ans plus tard, on s'en mord encore vraiment les doigts ! |
|