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« Nous accédons à
ce que l'on appelle penser si nous-mêmes pensons. Pour qu'une telle tentative
réussisse nous devons être prêts à apprendre la pensée. » Martin Heidegger, In
Qu'appelle-t-on penser ?
A quoi sert une salle du cinéma, du théâtre et du spectacle quand il n'y pas a de spectateur ? A quoi sert un musée quand il n'a pas de visiteurs ? Peu importe la somme d'argent alloué à ce service si les intéressés ne sont pas sensibilisés à l'acte culturel, à la beauté et à l'art en générale. Il s'agit du citoyen algérien, car, à mon sens, la culture n'est pas une question de bâtiment ou d'une exposition, mais il s'agit bel est bien, de l'Homme et de l'Art. L'art s'adresse à l'intellect, en l'occurrence à la création, à l'imagination et (en amont de) à la pensée. Qu'on le veuille ou non, l'Etat se trouve au cœur de toute réflexion sur la culture. L'Etat a donc administré la culture. Elle a bâti des budgets, réglé des conflits sociaux, préparer des lois et des décrets, rendu des arbitrages, nommé des responsables, inventé des procédures, moderniser les structure, bref tout ce qui est l'ordinaire de l'administration. Cependant, l'Etat est incapable de mettre une politique culturelle durable. Khalida Toumi, ex-ministre de la Culture, a réussi à donner une certaine énergie à ce secteur, même avec toutes les critiques qu'on peut à lui rapprocher, concernant les budgets, les libertés, etc. Néanmoins, il y a des espaces culturelles qui se réaniment, qui vivent un peu. Il y a des spectacles, qui se professionnalisent, de plus en plus. Cependant, le tout n'est pas uniquement une question d'infrastructure, toutefois, il y a la question de la formation, la qualité des œuvres d'arts, tout domaine confondu, et la liberté de la création, et enfin le spectateur, c'est-à-dire, l'accès à l'art n'est pas initié à l'école, il est plus dans la transmission familiale. La culture en Algérie est réservée à une minorité d'initiés. Il y a une crise de spectateur en Algérie ! Parfois, une pièce de théâtre est présentée pour une dizaine de personnes uniquement, voire même moins. Un grand parti d'algériens ont déserté les salles de spectacles, parfois insensible à l'Art. Cette insensibilité est perceptible au quotidien : dans l'habillement, l'architecture, les incivilités, etc. En Algérie, les espaces culturels sont réduits « à la maison de la culture », « maison de jeunes » et à des festivités sporadiques et/ou estivales. Néanmoins, il me semble qu'il existe une confusion entre la culture et la politique culturelle. Celle-ci ne risque-t-elle pas d'étouffer la culture, ne serait-ce qu'en raison d'une logique permanente qui conduit toujours la culture à trahir la politique et les artistes, les écrivains, etc., à s'insurger contre le pouvoir ? Il est impensable d'envisager une politique culturelle sans offrir un environnement de liberté, c'est la condition sine-qua-non pour assurer une durabilité de la création. Ceci dit, cet espace de liberté s'appuie sur une culture démocratique, en l'occurrence avec des institutions qui respectent les lois constitutionnelles et qui n'abdiquent pas devant d'autres formes de loi. Que faire ? Doit-on mener des politiques culturelles sans qu'elles soient enracinées dans la pratique culturelle ? Doit-on continuer à se plaindre de l'absence des salles de spectacles, sans penser à la qualité et à la gestion de ces salles (le parking, les toilette, la restauration, etc.) ? Doit-on construire des espaces culturels pour qu'ils soient vides plus tard ? Doit-on laisser nos sites archéologiques délabrés, sans aucune clôture, ni surveillance, livrés à l'abondante ? Etc. Non ! La première urgence : c'est l'école. On devrait réconcilier l'école à l'Art et à la culture en Algérie, car il s'agit d'un processus long et d'une politique culturelle pour l'avenir de la nation, mais et surtout, c'est le seul moyen pour préserver la culture elle-même, voire même notre identité culturelle ! Il est difficile d'aborder la question culturelle sur une génération, car elle est l'affaire de plusieurs générations. Ainsi le meilleur investissement c'est l'école, qui assure la transmission transgénérationnel. L'art et la culture, y compris la culture scientifique et technique, sont de puissants vecteurs de liberté, d'émancipation individuelle et d'intégration sociale. C'est pourquoi l'École doit contribuer à faire découvrir aux élèves la variété des richesses culturelles et, plus encore, à éveiller leur sensibilité artistique et créatrice. Sans quoi, la seule prise en charge par les familles ou le monde associatif est facteur d'importantes inégalités. L'éducation artistique et culturelle doit être une priorité´ de la politique éducative. Elle devrait être menée d'abord a? l'école. Car elle s'adresse a? l'intelligence sensible, trop souvent négligée, en faisant appel a? des démarches nouvelles et concrètes qui mettent l'accent sur la réalisation de projets artistiques dans l'école. Elle offre aux enfants des expériences qui mettent en valeur l'émotion dans une grande variété´ de moyens d'expression. De plus, les pratiques artistiques sont essentielles pour la formation de l'esprit. Elles font partie des acquisitions les plus fondamentales et concourent a? la maîtrise des langages. Les arts et la culture sont un chemin d'accès privilégie´ aux savoirs et une motivation pour apprendre. Ceci dit, nous pensons qu'une politique éducative à l'art et à la culture est urgente et à ce titre nous proposons : ? la généralisation de l'enseignement de la culture et de l'art a? l'ensemble des enfants du préscolaire a? la terminale ; ? la diversification des domaines artistiques ; ? associer les espaces culturelles à l'éducation national : qui pourrait se traduire par des coopération permanant, comme par exemple aller voir un filme au cinéma, une pièce de théâtre, un spectacle de danse, au musée, au site archéologique, etc., comme une activité scolaire et pas comme un loisir ; ? L'école doit s'ouvrir au monde culturel en invitant des acteurs culturels dans leur établissement (écrivain, artistes, etc.) ; ? Une démarche pédagogique est nécessaire pour donner un sens à l'œuvre, car une pièce de théâtre ou un tableau ce n'est pas uniquement un spectacle, mais il est d'abord une œuvre qui mérite méditation, explication, afin de saisir son sens et les conditions de sa création. Deuxième élément de cette réflexion. On ne peut pas envisager une politique culturelle sans un projet étudié sur plusieurs années. Ainsi, la formation est la substance de tout projet, d'où l'importance de créer ou d'ouvrir des spécialités d'Arts dans les différentes universités, d'une part pour les préparer à l'enseignement primaire, secondaire ou universitaire et d'autre part pour assurer des nouveaux artistes, réalisateurs, écrivains, comédiens, des critiques d'arts, etc. Un autre point que je n'ai pas abordé, c'est la question commerciale de la culture, car elle est une industrie, qui crée des emplois, mais ceci est une autre histoire. |
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