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Paris et
Washington font valoir que la coopération entre l'Algérie et l'Europe pour un
partenariat énergétique et sécuritaire « stabilisera » l'Algérie. Penser cela,
c'est faire l'économie d'une analyse sérieuse de la situation en Algérie et à
masquer cette carence. La stabilité n'est pas une vertu en soi, lorsqu'il s'agit
de pérenniser ou d'aggraver un ordre des choses malsain.
Selon Henry S. ENSHER, Ambassadeur des USA en Algérie, dans un entretien paru sur TSA du 17 avril dernier, affirme que le gouvernement américain soutient les efforts de l'Algérie pour stabiliser et sécuriser la région. D'autre part, il faut déduire que l'administration américaine a tacitement soutenu le 4é mandat, par la présence physique et incongrue de J. KERRY, Secrétaire d'Etat US, à quelques jours du scrutin présidentiel. Il est fort probable qu'en contrepartie à ce soutient, a été demandé à la partie algérienne de rechercher les voies et moyens de concrétiser le projet d'intégration maghrébine, selon l'APS. Plus particulièrement, de régler les divergences avec le Maroc, de soutenir la Tunisie dans sa transition, d'aider la Libye sur le plan sécuritaire et de stabiliser la région, comme vient de le confirmer l'Ambassadeur US à Alger. Par contre, soutenue par la manne pétrolière et gazière, l'Algérie pourrait se dispenser d'entamer les réformes structurelles qui lui permettraient de passer d'une économie prédatrice à la production de richesses. Les pétro- et les gazo-dollars renforceront la structure militaro-oligarchique du pouvoir algérien. Cette économie rentière a préfiguré toutes les formes de corruption où le pouvoir à ce jour, par le biais de ses structures, trouve son compte et n'a nullement le souhait que ça change. Les occidentaux semblent prêts à s'accommoder de cette situation. Cette structure militaro-oligarchique du pouvoir algérien s'accapare annuellement les 2/3 des richesses nationales sous forme de : hauts salaires (entre 10 et 25 fois le SNMG), pensions spéciales, subventions et divers avantages sociaux (logements standing gratuits, crédits bancaires bonifiés, couverture médicale spéciale, etc?). Sans oublier que cette même structure est coupable de gabegie, de corruption et de fuites de faramineuses sommes de capitaux vers les capitales occidentales et moyen-orientales, sous forme de transactions immobilières, de comptes bancaires codés bien garnis et de différents placements. Cette répartition injuste et inéquitable des richesses du pays, constituées par la fiscalité dite pétrolière est la source essentielle des conflits sociaux récurrents. Vu la grande disparité dans les revenus entre citoyens, normalement égaux, cela pose vraiment pour l'avenir immédiat de l'Algérie. La majeure partie de la population est profondément frustrée. Puisque cette manne providentielle, provenant des revenus de l'énergie, n'est ni le fruit d'efforts consentis ni équitablement répartie. Elle demande que justice lui soit rétablie, que son dû lui soit rendu, par tous les moyens, relativement pacifiques pour l'instant. Mais si la situation actuelle perdure, rien ni personne ne pourrait prédire ce qui adviendrait de l'Algérie au cas où d'autres moyens seraient utilisés pour arracher ses droits légitimes sur les richesses du pays. L'Algérie n'a pas d'autre alternative que de revoir en urgence les modalités de cette répartition, pour qu'elle soit plus équitable, d'instaurer une justice sociale afin d'éviter des conséquences fâcheuses et désastreuses sur le front social, sur le plan sécuritaire et pour sa stabilité précaire dans le très court terme, quand la rente ne sera plus capable de soutenir la gabegie étatique, ses dépenses irréfléchies ni d'alimenter la corruption. Certes, le déficit du Budget inquiète, la masse salariale et les transferts sociaux grandissants aussi, mais leur répartition injuste et inéquitable inquiète plus. En cas de chute brusque des cours des hydrocarbures, comme en 1986, il y aurait un risque réel d'un réveil encore beaucoup plus brusque qu'en octobre 1988. La société toute entière supporterait les coûts de ce type de gestion et de cet ordre économique rentier qui consacre la primature commerciale sur celle de la production de richesses. Il faut méditer les conséquences d'une mauvaise approche et d'une mauvaise interprétation des changements qui se font dans différentes régions du monde. Nul n'est à l'abri et surtout pas l'Algérie. La cause principale de la perte inéluctable du pays ne serait nullement la malédiction du pétrole mais le manque flagrant de clairvoyance des dirigeants. Justement, pour comprendre la situation actuelle et la guerre de positionnement globale pour le contrôle de l'énergie, clé du développement, et la place que l'Algérie occupe dans l'Échiquier mondial, il faut savoir que la majeure partie des hydrocarbures sont distribués par des oléoducs et des gazoducs en plus des méthaniers pour les produits liquéfiés et afin d'atteindre des marchés lointains par rapport à la source, formant ainsi des réseaux transnationaux, voire transcontinentaux qu'il est aisé de contrôler, soit à la source, soit sur leur parcours ou encore aux terminaux maritimes. Cette énergie est donc vulnérable. Les conflits passés et futurs deviennent plus compréhensibles en suivant le tracé des oléoducs/gazoducs existants et ceux envisagés, leurs parcours ou l'emplacement des accès maritimes. Le mode d'emploi de Washington et des ses alliés est d'une simplicité affligeante : En spéculant à la fois sur l'affaiblissement de la Russie, par tous les moyens disponibles, et sur les velléités d'indépendance des ethnies religieuses ou nationalistes des populations. Les scenarios possibles et réalisables, sous ses différentes variantes, en Algérie dans les quelques années, trouvent leur illustrations détaillées dans l'histoire récente des conflits d'intérêts stratégiques des dernières 50 années dans certaines régions et zones, proches de nous. Le Canal de Suez et sa guerre de 1956 ; la guerre du golfe en 1991 pour « protéger » les monarchies pétrolières, contrôler la production et s'installer militairement dans la zone MENA ; la guerre en Tchétchénie pour essayer d'étendre ce contrôle au bassin de la Caspienne ; le démembrement de l'Ex-Yougoslavie et créant des Etats-tampons. Ces trois dernières guerres des années quatre-vingt-dix ont préfiguré les conflits actuels et futurs au moins le prochaine quart de siècle. Au début des années deux mille, l'arnaque du 11 septembre 2001 assimilée, les USA passent à la troisième phase de leur plan en envahissant l'Afghanistan, contrôlant ainsi les accès et les voies d'acheminement de l'énergie vers les grands pays de l'Asie et de l'Asie-Pacifique. Ce fut pareillement pour la prise de Baghdad et le démantèlement de fait de l'Irak en entités, pour mieux contrôler ces richesses énergétiques, en jouant sur leurs divergences religieuses et leurs mésententes ancestrales. Le « Printemps arabe », la crise en Ukraine, ce n'est que la recomposition de l'Ancien monde par un Nouveau qui s'achève, jusqu'à la maitrise totale de l'énergie, de son cheminement et de ses accès. L'Egypte et son Canal de Suez, la Libye et ses ressources énergétiques, le Yémen et son détroit d'Aden en mer rouge, la Syrie et son port de Lattaquié pour le tracé d'un futur gazoduc la reliant à Qatar, le Nigéria et son conflit au Nord et la déstabilisation du Sahel (Mali/Niger) ou la finalité est le contrôle du tracé du futur Gazoduc Transsaharien, dédié aux marchés de l'Europe, qui part du Nigéria en passant par le Niger et arrive en Algérie, la déstabilisation de l'Ukraine pour le contrôle des gazoducs et du pourtour de la mer noire. Tous ces tracés et ces zones se trouvent comme par « enchantement » en situation de déstabilisations politiques, en conflit ou en phase de sortie de crise et de stabilisation, çàd en phase de contrôle. Ce plan américain en cinq phases pour assouvir, en réalité, les exigences de la superpuissance, où le « printemps arabe » et la crise ukrainienne ne sont que sa quatrième phase, masquée sous des allégations trompeuses comme d'étendre la démocratie et de défendre les droits de l'Homme ! Les USA ont par ailleurs, sous leur contrôle déjà, d'une manière ou d'une autre, par un jeu d'alliances et d'intérêts les accès du détroit de Gibraltar (O. Atlantique/Méditerranée), le port de Tanger au Maroc, le port de Bassora, en Irak, sur le Golf Persique, le Détroit d'Oman, le port de Djibouti (Sortie Mer Rouge/ O. Indien) ou la présence militaire américaine « à long terme » vient d'être prolonger, siège notamment d'une base de drones américains au Camp Lemonnier, contre un loyer annuel de 63 millions de dollars, les Détroits du Bosphore et des Dardanelles, en Turquie (Méditerranée/Mer Noire), le port de Soupsa, en Mer noire, en Géorgie, le port Durreo, en Albanie (Mer Adriatique/Méditerranée). Ce plan, modifié au gré des succès ou des échecs, comme constaté vis-à-vis de l'Iran pour son programme nucléaire, présenté comme principale cause des divergences, mais en réalité, l'objectif non avoué est le contrôle total de la navigation du Golf Persique en maitrisant le port Bender-Abbas en Iran, et pourquoi pas, si l'occasion se présentera, de contrôler l'acheminement et les tracés des hydrocarbures iraniens. Pareillement en ce qui concerne l'enlisement dans le conflit syrien, l'insécurité en Libye et au Nigéria, l'éviction de la Confrérie en Egypte, la perte de la Crimée au profit de la Russie et la déstabilisation de l'Ukraine au bord de la scission et de la guerre civile, aux conséquences fâcheuses et mal programmées par la superpuissance. L'Algérie est en devoir de revoir sa stratégie d'allégeance aveugle à la superpuissance et à ses alliés de l'UE et du Golf persique, étant donné que la structure militaro-oligarchique qui dirige le pays n'a d'autre choix que de soutenir cette stratégie d'allégeance, vu leur degré de compromission par rapport aux occidentaux. L'intérêt national donne priorité à la defence légitime des intérêts étatiques, en privilégiant en priorité les affaires internes. En commençant à revoir la stratégie du tout sécuritaire et des achats frénétiques d'armement et d'équipements sécuritaires, ruineuse pour le pays et pour son avenir, ensuite en remédiant immédiatement à la problématique de la répartition équitable des revenus de la rente et enfin en aidant les voisins frontaliers, au nord comme au sud, sur les plans financier, sécuritaire, économique et en leur proposant une coopération multisectorielle, réelle, réaliste et bénéfique. * Ex-Directeur Projets internationaux à la National Aviation University, Kiev |
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