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Le savoir, la citoyenneté, le pouvoir et l'Etat de droit

par Kamal Guerroua *

Le terme citoyenneté «mouwatana» est presque un néologisme en langue arabe. En traduction littérale, il signifie le fait de partager le même sol, la même patrie, et forcément, des idéaux, des rêves et des espérances en rapport avec celle-ci.

Or, le mot «el-watan» qui donne en français «patrie» n'a pas la même charge symbolique que cité (l'équivalent de «hay» en arabe, faute de mieux), lequel aurait débouché sur le substantif «citoyen» et par ricochet «concitoyen»! Il est vrai que, si la première acception (patrie, el-watan) se base sur les valeurs concrètes du destin commun, une histoire unique, des liens communautaires (religieux, tribaux, régionaux, dynastique et parfois de dimension ethnique...etc), la seconde (Cité-«hay») est, tout uniment, liée au partage du peuple des vertus de la démocratie, de la tolérance, de l'interculturalité et du respect des droits de la personne humaine.

RETROSPECTIVE SUR LE CONCEPT DE LA CITOYENNETE

En occident, la citoyenneté est un acquis millénaire. Les grecs en furent les pionniers. Chez eux, la Polis (Cité-Etat) était différente des Empires barbares parce que les citoyens n'obéissent pas à un homme aussi puissant fût-il mais aux lois. Ainsi, le philosophe Socrate (470-399 AV J.C) a refusé de s'enfuir en buvant la ciguë qui provoqua sa mort pour manifester son respect des lois de la Cité en dépit de leur injuste application. En fait, si dans le domaine du culte, la société athénienne fut polythéiste, en politique, elle fut abstraite, distincte de la société réelle, formée d'individus concrets. En ce sens, il y a le citoyen qui s'est «débarbarisé» en entrant dans le giron de la Cité-Etat et l'individu concret qui reste dans le statut rigide de «métèque» ou de «barbare». C'est ainsi qu'est né le principe de l'Isonomia au VI siècle avec Clisthène, c'est-à-dire, la participation de tous les citoyens à l'exercice du pouvoir politique (esclaves et métèques) sans rapports hiérarchiques de soumission ou de domination (oligarchie et plèbe). En effet, les réformes institutionnelles que ce dernier a enclenchées sur le sillage de Périclès (495-429 AV J.C) dont le siècle fut «l'âge d'or» de la civilisation grecque ont été le prélude à l'avènement d'une ère d'égalité, ce qui se traduit en langage moderne par «Etat de droit».

En revanche, les romains ont une vision différente de la citoyenneté, le rhéteur et homme politique Cicéron (106-43 AV J.C) définit le citoyen non comme un membre de la Cité mais comme un sujet de droit, la conception de la justice n'est pas distributive comme en Grèce mais soumise aux critères de force et de féodalité (la citoyenneté est accordée seulement aux hommes libres, les serfs en sont exclus). Cependant, si Jules César (10044 AV J.C), l'homme à la poigne du fer fut le concepteur de la dictature (à l'origine une période de transition entre la république et l'Empire), Auguste, son successeur ( 63 AV J.C, 14 A.P J.C) a eu le mérite de réformer l'empire en diffusant les arts, la culture, les vertus de la citoyenneté à la mode périclésienne, le forum fut instauré à l'instar de l'Agora athénien, une communauté philosophique est créée par un mouvement d'éducation culturelle comme en Grèce et le mécénat est devenu une tradition du palais, une véritable révolution dans les mœurs collectives de l'époque!

En Orient, la spiritualité a joué un grand rôle dans l'émergence de la citoyenneté. C'est pourquoi, parler de celle-ci sans citer l'apport de la philosophie confucéenne serait un déni historique. Dans l'engrenage de la société chinoise ancienne, les liens tribaux furent une constance, les unions se font et se défont au gré des allégeances. Néanmoins, les troubles politiques ayant eu lieu durant la période des Printemps et des Automnes (771481 AV J.C) ont cristallisé une nouvelle approche pour la dissolution des alliances traditionnelles, en favorisant une dynamique que le sage Confucius (551-479 AV J.C) cristallisa par sa vision humaniste en «un système éducatif féodal», basé sur «la confiance». Un système où l'harmonie, l'ordre et la cohésion font de l'individu la pièce-maîtresse de l'ensemble sociétal dans une interdépendance.

Dans l'empire pharaonique, la tradition est héritée de la Mésopotamie (les civilisations akkadienne et assyrienne), les tables de loi de Hammourabi et la sagesse ancestrale de Gilgamesh ont été insérées dans la vie quotidienne. Néanmoins, l'organisation du pouvoir fut pyramidale (le pharaon et sa famille au sommet, les paysans et les esclaves à la base). La figure tutélaire, presque divine du Pharaon et le polythéisme cultuel ont placé les masses dans l'équation : (serfs, sujets et maîtres). L'évolution de l'architecture (les pyramides) et des soins médicaux (la momification) n'a, semble-t-il, pas été accompagnée d'une avancée dans le domaine politique!

En péninsule arabique : S'il est une civilisation qui a pris de la durée, c'est immanquablement celle des arabes (plus de 7 siècles 622-1492), sans oublier bien sûr ses multiples ramifications sous des ethnicismes régionaux (Ayyoubides, Mamelouks et Ottomans) jusqu'en 1920, date de la signature du traité de Sèvres par les ottomans et le déclin définitif de leur empire.

A vrai dire, le rapport des musulmans à la citoyenneté fut une forme de gestion du triptyque (Din (religion), Dounya (la vie mondaine), Dawla (Etat)). L'individu fut membre de la communauté des croyants, sa voix est incarnée par le pouvoir divin, représenté d'abord par la personne du prophète, puis, par celle des quatre Califes orthodoxes. Après la grande discorde (655-661), l'emprise du cultuel sur le culturel, de la croyance sur la pensée, la foi sur la raison fut le cachet de la dynastie Ommeyades (661-750) dont le siège était à Damas, celle-ci a privilégié le lien du sang «arabe» au détriment de la dimension universelle de l'Islam (l'héritage familial du trône). Avec les Abassides (7501258), la donne a changé, l'apport des persans a été sublimé, la prospérité culturelle sous l'ère de Harûn Al-Rashid (763-809) avec le concours de ses fidèles «Baramikas» n'a pas d'égal. Si Saladin (1138-1193) reste dans l'imaginaire collectif arabo-musulman et même occidental l'icône de résistance par excellence à toute invasion extérieure et le reflet d'un humanisme hors norme, le nom du Calife Al-Mamoun (786-833) est, lui, associé à la figure de Périclès athénien et d'Auguste romain. Sous son égide, la maison de la sagesse (Bayt Al-Hikma) où fleurissent des sciences et des œuvres de l'époque fut créée en 832, ce qui constituait une fructifère rencontre entre la philosophie grecque et hellénistique et l'univers spirituel de l'Islam. Ainsi la science a-t-elle été extirpée du moule de «la doxis religieuse», la traduction des divers savoirs aristotéliciens, d'Euclide, d'Archimède et l'apogée du rationalisme philosophique des Mutazilites furent la consécration de l'âge des lumières musulman, en pleine période du Moyen Age occidental (V-XV siècle) où l'autorité ecclésiastique a pris les rênes du pouvoir politique.

II-LE CONTEXTE MODERNE

Si la citoyenneté est en Occident le fruit de la modernité politique où le contrat social a réalisé une identité quasi fusionnelle entre l'individu et le corps politique au lendemain du traité de Westphalie de 1648, lequel a vu en théorie la fin du Moyen Age et par ricochet des guerres religieuses y afférentes, elle n'en reste pas moins profondément enracinée dans les idées des savants réformistes musulmans du XIX siècle à savoir Mohammed Abduh (1849-1905) et Al-Afghani (1838-1897). Ces derniers ont mis l'accent sur l'importance du savoir et de la philosophie comme vecteurs de modernité. Autrement dit, l'effet induit par le développement de la technique grâce à la révolution industrielle n'en est à leurs yeux qu'un dérivatif. Selon eux, la citoyenneté autant que l'identité ne sont pas une fixité mais un mouvement, d'où leur exhortation aux élites arabo-musulmanes à passer de l'inertie au progrès, de la fixité au mouvement (voir l'ouvrage de Bachir Diangne, Bergson post-colonial, C.N.R.S éditions 2011).

Il serait primordial de mettre en évidence ici que corrélativement à l'industrialisation de l'Europe depuis le XVIII siècle, c'est-à-dire, peu après l'ère de l'Aufklarung (les Lumières), la modernité à l'occidentale fut entachée de l'éclaboussure coloniale (la conquête en général des pays du Sud d'une manière injustifiée). Déjà, à titre d'exemple, la machine de guerre mise en branle au départ sous les auspices de l'autorité catholique des Rois Ferdinand d'Aragon (1474-1504) et d'Isabelle la catholique (1451-1504) par Hernan Cortez (1485-1547) et Francisco Pizarro (1478-1541) contre les indiens de l'Amérique Latine fut un énorme fiasco civilisationnel ; comparable en bien des points aux fameux «tribunaux d'Inquisition» mis sur pied contre les juifs et les maures en Espagne, à cet effet, l'humanisme sous couvert évangéliste du jésuite Bartolomé de la Casas (1484-1566) ne fut qu'un vernis rhétorique pour «vassaliser» davantage l'indien, issu de «l'Amérique précolombienne» barbare par rapport au colon, venu de l'Europe civilisée! L'opium de la religion fut ainsi conçu comme «un appareil idéologique» pour reprendre le mot du philosophe Karl Marx (1818-1883), afin de justifier «un matérialisme historique» (la quête d'intérêts) sous des dehors humanitaires! La parenthèse d'esclavagisme qui s'en est suivie des siècles après fut une terrible honte sur le front de toute l'humanité. Après la défaite napoléonienne à Waterloo et la tenue du congrès de Vienne en 1815, les velléités coloniales se sont bien confirmées, les territoires de l'ancien monde que se sont partagés alors l'Empire austro-hongrois et l'Empire ottoman, puis dans une seconde étape, les portugais et les espagnoles, se recentrent désormais sous la domination tant militaire, culturelle que politique anglaise et française. Pratiquement, la notion de citoyenneté s'est calquée sur les deux modèles précités.

1-LA CITOYENNETE A L'ANGLAISE

L'évolution du «tyran des mers» a fondamentalement été impulsée par les retombées positives de la révolution industrielle jusqu'à ce que celui-ci devienne «un Empire où le soleil ne se couche jamais!». De conception libérale, la citoyenneté anglaise exige en premier lieu la liberté de penser, de parler et d'agir. La naissance de la prise de conscience du citoyen fut graduelle et progressive. En ce sens, exempte de tous les liens intermédiaires, la citoyenneté reste liée dans le cas anglais à l'évolution de l'exercice du pouvoir. De plus, le libéralisme économique dont se sont inspirés John Stuart Mill, Adam Smith et David Ricardo s'est élargi à toutes les sphères, la politique comprise.

2- LA CITOYENNETE A LA FRANÇAISE

En France «ce tyran des terres», la citoyenneté est née de façon brutale au lendemain de la révolution française de 1789. Néanmoins, l'influence de l'absolutisme royal de l'ancien système (le lien direct entre le roi et les sujets) fut le catalyseur de la résurgence de l'autoritarisme et de l'empire (forme contre-révolutionnaire) des décennies après sous Napoléon Bonaparte (1769-1821). L'idéalisme «rousseaussiste» ayant donné lieu à la souveraineté populaire a mis le citoyen dans un universalisme qui jure avec les valeurs libérales dont se targuent les anglais, la république représentative que Montesquieu (1689-1755) aurait préconisé dans son œuvre « l'esprit des lois » a mis du temps pour se mettre en place. L'intérêt et la volonté de chaque citoyen s'identifient à l'intérêt collectif ( individualisme, laïcité, universalisme).

III LE CITOYEN ARABE, LA DECOLONISATION, LES DICTATURES ET L'ALIENATION

On ne peut décrire l'évolution de la citoyenneté dans le monde arabo-musulman ou la sphère tiers-mondiste sans que l'on fasse un détour sur la pensée de l'américano-palestinien Edward Said (1935-2003) et de l'indien Homi Bhabha dans la mesure où ces deux penseurs insistent sur «le dualisme actif» entre le savoir et le pouvoir. Fidèle à une certaine forme de «dissidence réflexive» de nature à lever le voile sur les «dérives sémantiques» du monde moderne dont a parlée le philosophe Mohammed Arkoun (19282010), E. Said a plaidé haut et fort pour une ère du savoir et de connaissance «the knowledge is our weapon» clame-il dans l'une de ses nombreuses conférences, une arme contre l'ignorance d'abord, puis, contre l'hégémonie de ce monde dit «libre», Bhabha invite, quant à lui, les élites tiers-mondistes ou orientales à une reconsidération intelligente du gisement culturel et cultuel de l'Orient par l'imbrication du savoir et du pouvoir, du réel et de l'intelligible, des discours élitistes et des luttes sociales, la seule idéologie possible à ses yeux pour surmonter les échecs nationaux. Cette dernière est apparentée dans sa pensée à l'hégémonie au sens gramscien ou herdrien où l'historicité des cultures et la singularité des différentes situations socio-culturelles devraient être mises en évidence pour pouvoir discerner la voie à opter (voir son ouvrage Les lieux de culture, théorie postcoloniale, Payot, Paris, 2007). L'Etat post-colonial selon ces deux auteurs fut un avorton d'une construction anthropo-philosophique, longuement mûrie dans les officines de l'Occident, d'où l'emprise des schèmes de pensée de ce dernier, lesquels se sont perpétués sous diverses formes (économiques et militaires notamment), engendrant complexes d'infériorité, idéalisation du dominateur d'hier, décrédibilisation de la culture locale et surtout une imitation servile des épluchures d'une civilisation d'ersatz. En effet, l'avènement des dictatures a plongé les masses révoltées des années 40-50 dans une torpeur civique, due à des «désenchantements collectifs» sentis comme une chute irréversible, voire une blessure inguérissable (défaitisme). La citoyenneté est niée au nom d'une sujétion ayant pris des allures tantôt religieuses, tantôt militaristes, prorévolutionnaires ou anti-impérialistes).

L'aggiornamento philosophique et institutionnel n'a jamais eu lieu et les élites se sont ingéniées à greffer des «implants exogènes» à leur magma référentiel (un arbre mort) sans en adopter ni manier l'esprit. Ainsi, la polémique verbale, la logorrhée triomphaliste et l'esprit de caste se sont conjugués à une tendance généralisée à la résignation. En un peu plus d'un demi-siècle, l'espace arabo-musulman est devenu ce colosse aux pieds d'argile, culturellement en agonie, politiquement en recyclage et économiquement à la traîne qui s'ennuie dans l'attente. Les bouffées d'espoir du printemps début 2011 n'ont, malheureusement pas, pu fendre les mécanismes de défense des vieilles-gardes nationalistes et leur relais dans le pouvoir et les sociétés civiles (les élites cognitivisées et arrimées aux cercles d'argent, des affaires et des privilèges). Du coup, le statut du citoyen est considéré comme un luxe dans une société en restructuration et dont le souffle est entrecoupé par de puissants courants de conservatismes tout acabit (religieux, politiques, culturels, sexuels...etc). Sans doute, la dé/patriarcalisation de son «background sociologique» serait un antidote aux relents de violence sociale qui l'empêchent de s'investir pleinement dans la chose politique. La modernité est absorbée par des projections utopiques sur un passé de grandeur qui ne trouve pas, hélas, une assise démonstrative dans une actualité fort lamentable (voir mon article Pourquoi les arabes régressent-ils? In le Quotidien d'Oran N°5670 du 18 juillet 2013).

Ce qui nous autorise à dire que la notion même du «Monde Arabe» comme ensemble homogène (Oumma) n'a pas d'explication formelle convaincante dans la réalité géostratégique d'aujourd'hui. Car, les dissymétries fonctionnelles des régimes politiques, les disparités régionales des composantes culturelles des pays, la physionomie de pensée commune, ébranlée par l'épreuve des mandats (Syrie), protectorat (Tunisie et Maroc) et colonisation (l'Algérie) ont préfiguré l'ère de ce que l'on peut appeler hinc et nunc «le destin de désunion factuel», tantôt critiqué (surtout quand il s'agit de défendre la cause palestinienne, face à l'ennemi sioniste), tantôt encouragé (en particulier, quand il s'agit du cas du printemps arabe où certains régimes réfractaires au changement et ayant peur de la «contagion négative» du chaos et de troubles réfutent ce principe de solidarité active entre les masses en révolte). Or, sans culture commune, sans une fondation normative commune, comme l'affirme le sociologue polonais Zygmunt Bauman dans son ouvrage ( Community, seeking safety in an insecure world, Cambridge, Polity, 2001), la société se diffracte en classes, refuges, cultures particularisées, qui ne s'intéressent qu'à elles-mêmes, et abandonne la communauté sociale, politique, culturelle!

IV- LA CITOYENNETE, LA GLOBALISATION ET LA SOCIETE DE CONSOMMATION

En vérité, avec l'apparition de la société de consommation, le concept participatif de la citoyenneté et de la politique a été brouillé. La démocratie médiatique et virtuel, la mode, la célébrité, le sexe et l'ascendant pris par «l'éphémère» ont fait en sorte que la rupture avec la culture du citoyen authentique, naturel et sans artifices se révèle au grand jour «nous sommes entrés dans une dictature du désir où le manque n'a pas de place» dirait à ce propos le sociologue Jean Pierre le Brun (Perversion ordinaire, vivre ensemble sans autrui, Denoel 2007). En conséquence de quoi, le champ définitoire de la citoyenneté s'est élargi en englobant diverses autres variables que la politique ne maîtrise pas ou peu, Talcott Parsons (1902-1979) et Niklas Luhman (1927-1998) parlent de la culture ou plutôt de théorie des médias. Autrement dit, de ces nouveaux mécanismes de régulation du marché réel (économie) et symbolique (la culture) de la société en lieu et place de «la fonction instrumentale de coercition légitime» de l'Etat classique. Le rôle prépondérant dans la prise de décision des oligarchies financières, des cercles d'affaires et des multinationales dans l'architecture interétatique moderne en est la démonstration la plus frappante. Il est hautement significatif d'ajouter à ce sombre tableau, le phénomène de la globalisation qui a détruit le reliquat éthico-philosophique de l'Occident moderne et par ricochet l'assise conceptuelle des pays en développement. Si le rationalisme, l'émancipation des contraintes de distance, de matière et de croyances, l'arrachement au passé, la critique de la politique, la foi en la technologie, la séparation de l'humain du non-humain et la marche vers l'universel donnent sens à la notion du moderne selon le philosophe Bruno Latour (Nous n'avons jamais été modernes, Critique du rationalisme dogmatique, la découverte 1991), ils n'en restent pas moins figés par un développement technologique, autrement plus ressenti et plus palpable au niveau planétaire que l'avancée de la conscience et de la pensée. Le dilemme de la société moderne est qu'elle fait de grandes régressions dans le sillage de son progrès, lequel est pourtant censé toujours ascensionnel. En gros, le principe de citoyenneté qui date des millénaires se retrouve au jour d'aujourd'hui transformé, manipulé, changé, voire déformé à cette époque où l'on parle exagérément du post-modernisme! La modernité n'est-elle pas atemporelle en fin de compte?

* Universitaire.