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Vive la
république ! Et pourquoi pas ? Tant qu'elle nous déplante de nos illusions
idéologiques pour nous enfoncer dans nos chimères. Vive la république autant
qu'elle fourvoie les royaumes et tente d'installer ses pions expansionnistes
dans la pensée, la réflexion et le rire.
Dans son dernier roman " qu'attendent les singes " Yasmina Khadra candidat inaccompli extirpe les relents qui se vivent dans une société qui à son tour donne l'impression d'être usuelle. L'auteur parfaitement accompli, connu et reconnu va tel un enquêteur fouiner dans les tiroirs de la société républicaine pour y voir la vérité de la république qui n'existe qu'aux frontons des institutions. Alger, ses " r'boba ", ses héros, ses larbins en font la trame d'un polar hélas fondamentalement dramatique quoique pris sous un angle tragico-comique. Si la société est un groupe d'individus, elle ne peut être uniquement un groupe d'êtres physiques et un mécanisme matériel constitué d'un œsophage, d'une cavité gastrique et d'un conduit rectal. Tout ce qui bouge dans un espace multidimensionnel est sensé avoir une source d'énergie. L'intérêt. La survie. Le pouvoir. Les marches, les contremarches, les sit-in constituent sans rampe, un escalier vers le règne des étages ou bien s'assimilent à des troubles à un ordre établi. Les étages supérieurs peuvent être l'œuvre de groupes, de partis et à défaut d'audience, recours est fait aux autres. Comité, coordination, mouvement etc.? leur finalité c'est de se consacrer par auto-proclamation sans tabou ni humilité comme porte-voix du peuple. Le peuple social ou la société populaire est entre deux trottoirs perpendiculaires ; les plantes pédestres sur l'asphalte à peine chaud d'un moi d'avril qui vient de finir à moitié chaud. " Il " ne connaît pas la parole à " tour de table ". Son gosier est l'amplificateur du mal provenant de ses entrailles et de ses profondes tripes. Apres ces élections, tout le monde semble être tout le peuple. On dénie même le contraire d'une voix ou d'un slogan. Que perd-t-on à écouter chanter les moineaux ? L'usage séculaire de droits innés dédie aux individus le choix d'une certaine morphologie de leur cité. La vie ne se conçoit que dans une communauté. Aussi tout regroupement de personnes, et même d'animaux ; suppose t-il la mise en place d'un modèle de partage, ordonnancé et hiérarchisé suivant les besoins de ceux qui sont les premiers à l'imaginer. L'équité, la quête de justice et autres subterfuges justificatifs à cela, viennent, à l'avantage de leurs auteurs ; corroborer, convaincre et maintenir le schéma organisationnel en cours. A l'opposé de l'homme, l'animal ne vote pas. Les muscles le font élire ou le forcent à périr. Ainsi la force c'est la loi. L'homme à défaut de force a crée l'élection. Misant sur le nombre, le groupe ; il découvrit, à dessein la loi de la majorité. Le nombre allait vaincre la force, et au nom de la loi ; il la mettait à sa disposition. Déduction faite, le groupe est une force et la loi servile et loyale se mit à son humble service?alors que même la majorité n'a pas toujours raison. A la conquête du pouvoir, le génie humain, un certain du moins brisera tout rempart obstruant les chemins le menant vers l'apogée enivrante de la domination, de l'asservissement et de la soumission de tous. Il mettra ses billets de banque obtenus par crédit au service d'une envie précaire. Il blanchira ses terres immobilières par une bassesse de guichet et d'ordres hiérarchiques. Rien ne résiste à son ingéniosité devenue insatiable car immodérée. La situation de confort du pouvoir qu'il s'est offert, ne l'émeut point. Mais fait graviter autour de son trône une multitude de personnes à la recherche de bribes et de détritus émanant de l'exercice de ce pouvoir. Les charognards politiques font toujours partie d'une coalition ou d'une alliance. L'exercice du pouvoir provoque indéniablement, dans sa définition ; plusieurs concepts. Les uns ne peuvent concevoir l'autorité sans qu'il y est son corollaire de responsabilité, les autres voient en la responsabilité un pouvoir qui accentue davantage l'autorité et permet les pires situations. La responsabilité est un engagement moral, l'exercice du pouvoir devait se confiner dans un contrat aussi moral et dont les dispositions ne sont que conscience, confiance et aisance spirituelle. La loi à elle seule ne suffit pas à contrecarrer les déviations ou les dépassements de prérogatives. Fut-elle préventive et punitive. De la privation de liberté l'on se libère. De l'amende l'on s'acquitte. Mais du remord, du chagrin et de l'admonestation intérieure, l'on s'enferme davantage. Les chroniques du passé nous ont narrés que l'épée et les édits ont tracé dans le sang et dans les cachots les contours du pouvoir. Les rois faisaient et font croire à la plèbe qu'ils étaient et sont toujours les dépositaires terrestres du pouvoir divin. Les présidents ; ceux de la volonté des masses. Les dirigeants et leaders, le comble du savoir et de la compétence. Les généraux ; les stratèges et vainqueurs de célèbres batailles. Il n'y a pas de pouvoir que celui de faire du bien ou du mal. Yasmina Khadra sait raconter au fil romanesque cette pratique de responsabilité. L'entité qu'elle soit corporative, coopérative ou associative (bâtonnat, notariat, prolétariat, plantonat, médecinat etc.?) ne peut être la société civile. Ce n'est en finalité qu'un ensemble de groupe que seul un intérêt bas, terrestre et matériel est susceptible de les animer. Quand bien même l'intérêt moral légitime en soi subsiste, il ne sert qu'aveuglement le premier cité. La perfidie associative n'a pas manqué de gagner d'autres champs ayant d'autres caractères. La politique. Quel est le caractère humanitaire d'un comité de soutien à l'élection du président de la république ? Quelle est sa raison d'être ; une fois le président élu ? A-t-il toujours besoin d'être soutenu et contre qui ? Mensonge associatif. Ce satanisme de diversion systémique du fonctionnement des rouages de la société et partant ceux de l'Etat ne va certainement nous mener nulle part. Hors du temporel il n'atteindra jamais le spirituel qu'il veut, à grandes lectures ; forcer notre croyance envers son don de sauveur ou sa vision para naturelle des êtres et des choses. Vouloir fondre l'Etat ou faire semblant de le faire sans fondre ses réflexes ingrats, infamants et avilissants vis à vis de sa substance; demeure à la limite un demi-jeu puéril entre une équipe du pouvoir en place et le reste du monde. La société civile ne se trouve pas donc là où elle crèche. Ce sont ces liens de spiritualité pour un idéal immatériel qui la font croître, vibrer et ne jamais dépérir. Aucun agrément n'y est de mise. Nul magistrat ne va avoir une compétence judiciaire pour prononcer sa dissolution. Elle n'est pas crée, elle y est c'est tout. Le arch, le douar, les ouled?, les bni? ; ne s'astreignent sous aucune disposition législative ou réglementaire, si ce n'est cet esprit séculaire et commun qui les guide et les anime. Pour eux la loi est non écrite, elle est transmissible de père en fils, c'est un lot patrimonial d'héritage. Encore que les partis ne doivent pas être une famille, ni avoir une plate-forme de douar. La politique ne devait pas être aussi l'apanage d'une administration mais bel et bien un domaine propre aux partis et personnalités authentifiées politiques. La société civile peut être à l'occasion une horde de mômes, de torse-nus ou de faciès tatoués, qui court les rues, mais c'est surtout une sagesse assise et agissante, une force apaisante et non fracassante. Ni quelques fonctionnaires tapis dans des bureaux calfeutrés d'Alger ou d'ailleurs criant publiquement leur amour national et présidentiel pour se taire à la première opportunité d'une meilleure nomination. Ils avaient aussi aimé ainsi tous les présidents et leur peuple. Professionnels des amours populo-présidentielles et des passions éphémères des sphères gouvernementales, ils mesurent le degré de l'algérianité à l'intensité de la braise et du feu que l'on a, à l'égard de la personne providentielle. Les dernières élections ont laissé beaucoup de visages frustrés sur la chaussée après un affichage zélé. Ils croyaient pour une voix obtenir un fauteuil ministériel. Les équipes et les clans écrasent tout cartilage idéologique pour se fondre en leaders, militants ou sympathisants de partis et de partis de tout bord. Nul, en dehors de certains calculateurs aux comptes restreints, n'a de pensées pour la nature de l'avenir qui attend, impatient, de manière sûre l'acte d'éroder davantage le peu de capital de confiance et de crédibilité dont se prévalent allégrement les différentes institutions du pays. Le mal se trouve justement en cette imprécision future dont personne, y compris les états major des partis, ne semble mesurer l'attrait macabre. La démagogie, instrument de pure propagande contient notamment en son sein comme élément fondateur le pouvoir de discourir sans que les actes puissent suivre la parole. Enflammer les troupes, les enthousiasmer reste du domaine du possible. De slogans creux à de vaines promesses ou des serments irréalisables, le démagogue ne fera avancer les choses que dans la tête des écervelés. Dans le cœur de la société civile, il n'y pas de place pour la haine. Elle aime dans l'action et le silence. La récompense pour elle est insaisissable. Le sentiment d'avoir accompli une noblesse humaine suffit. Cette " société " s'attache à professer un caractère géo-national et compte, sans les consulter, des adeptes, militants, adhérents, sinon, sympathisants, parmi l'effectif qui n'est que théorique. Cette société n'est pas une armée mais semble fonctionner en tant que de besoin en un véritable état-major. Un bourg qui marche, qui crie sa colère ce sont des bourgs qui vont le faire. Un jour ou l'autre. Marcher c'est se rendre dynamique. Crier c'est ne plus se taire. La république peut-elle, à la limité des débats ; être une idée ou un groupe d'idées et avoir une vue d'ensemble du foisonnement idéalistique et idéologique de ses membres ? Voilà une aubaine bien tracée d'ouvrir encore un autre " débat " sur une autre révision de l'acte de naissance républicain. La constitution ! Ah cette trouvaille néo-cons qui arrange le pas de tous les acteurs, règle la symphonie et réglemente aussi les décibels de l'applaudissement. Tout serait à gagner s'il fallait ne plus interdire la respiration et le chuchotement même allant en contresens de la plus forte voix de la place. Si l'insouciance mine les cœurs, ce ne sera pas le fait d'un hasard ou le fruit d'une simple fatalité. L'incertitude des lendemains n'est pas forcément l'image chaotique d'un bain de sang ou de scènes d'égorgements. L'insouciance aussi, n'est pas seulement l'acte volontaire de ne pas aller jeter son bulletin de vote. Elle peut paraître verbale ou expresse. Elle est dans le menu de tous les jours. Ne pas voir couler l'eau à son robinet pendant des mois, ne pas rechigner à s'acquitter de ses redevances est aussi une autre forme de terreur financière et citadine. La crainte de voir échouer les reformes sempiternelles accentuent l'appréhension légitime d'une population qui n'aspire qu'au bien-être tant déclamé et glorifié par les rossignols de la tchatche politicienne. La grève des enseignants, des robes noires, des praticiens de la santé constitue en soi, droit de grève étant légitime ; une autre procédure de chantage auquel il faudrait définitivement y répondre. La réforme de l'Etat, dans son système mécanique de fonctionnement, tarde à venir se joindre à une autre tentative de réformer la justice. L'une comme l'autre n'aurait pas besoin d'une quelconque majorité parlementaire ou d'un gouvernement administratif pour pouvoir se déterminer à sortir des commissions pour devenir des réalités exécutoires, des faits authentiques à effets immédiats et réels. C'est un peu ça l'embryon d'une république. L'Algérien cherche la paix par rapport à ce qui s'est tramé contre son intégrité quand ce n'est pas sa philosophie qui en fait les frais. Il ne croit plus à ses dirigeants, il a perdu en eux toute confiance. Comment ne pourrait-il pas le faire lorsqu'il voit les canailles monter les marches de la gloire et " Les braves rasent les murs, quand la place est livrée aux chiens et aux vauriens" ? Les voleurs défendre la vertu et la morale publique ? Ses banques au service exclusif des parvenus ? Son environnement souillé par ces prémonitoires immobiliers ? Ainsi dans cette société républicaine dans ce " pays de mélange de beauté et de noirceur " comme le qualifie Yasmina, le carriérisme n'a jamais côtoyé le professionnalisme. Le premier est un agissement passif, le second est un art et une science. Les annales nationales retiennent pour le compte de la postérité qu'il existe des personnes qui depuis l'institution des assemblées et de l'Etat n'ont pas failli à leur dépôt d'offres et de candidatures. L'espoir leur est toujours de mise. Ils boudent les sièges de l'autorité partisane un temps pour revenir un peu en avance quelques temps avant les prochaines élections. La vie pour eux continue dans le formulaire à servir à chaque échéance électorale qui ouvre à son tour d'autres issues vers l'Etat. Ils ne désespèrent jamais. Certains se disant " professionnels " de la politique suggèrent que les échecs ne sont que des étapes dans un processus. Les grands tombent et se relèvent ne cessent-ils de dire. Ils se voient tels des généraux qui perdant une bataille aspirent à remporter une guerre. C'est pour cette raison qu'ils ne perdent en aucun cas l'espoir de revenir un jour aux affaires. L'histoire en fait, leur a donné raison. Les exemples sont nombreux et diversifiées. Parfois les grands triomphes ne s'obtiennent qu'après de lourdes pertes. Sommes-nous là en ce cas de figure face à un professionnalisme, à un carriérisme ou à une obséquiosité ? Difficile à trancher. L'important c'est aussi la circonstance que procréent ces hommes. C'est aussi cet ingrédient imprévisible, circonstanciel ou providentiel qui vous guide vers une destination politique jamais espérée ni attendue. Les actuels frais ministres en sont en fait un résultat de la pratique du pouvoir dans ce pays où Hamrlaine et Edd, selon Khadra font le meilleur et le pire. Le temps fait aussi des siens. Derrière chaque destinée se profile l'ombre d'une main, d'un bon ou mauvais génie. Derrière chaque petit nom devenu grand se roule les pouces, un nom silencieux et taciturne. Tout se confond au moment où la république se liquéfie dans les tréfonds des groupes. Ces " beni kelboun " au sens narratif de Yasmina ne sont pas identifiables et n'émargent pas aux registres de la soupe populaire ou sur les listes du logement participatif. Ceux-ci font et défont ceux qui leur font la société. Ils " mentent par nature, trichent par principe et nuisent par vocation ". |
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