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Je crois comprendre que plusieurs formations se sont réunies pour
convenir de l'observation du boycott des prochaines présidentielles. Comme la
fois précédente.
Quand le pouvoir s'était passé de leur présence. Ils n'ont, décidem ment, pas retenu la leçon. Pour peu qu'il fasse beau, nous aurons droit, si leur appel touche les électeurs, à de beaux em bou teillages sur les routes des corniches algériennes. A l'incivilité au quotidien, nous ajouterons l'incivilité électorale qui a déjà une forte prise sur le citoyen lamda. Sauf que, cette fois, ce citoyen aura un alibi en béton. Il aura suivi les directives de partis dont il ne milite dans les rangs d'aucun d'entre eux. Mais il sera heureux d'être " contre", attitude où nous excellons. On ne nous changera pas mais, si, pour une fois, les partis qui ont décidé du boycott s'étaient réunis pour discuter et pour adopter une plate forme minimum commune de gouvernement - avec des repaires clairs soutenus par un agenda -, et parvenir, dans la foulée, à un accord sur celui qui la portera, cette énergie négative, de rejet, pouvait être transformée en attitude positive, constructive. Parce que les hommes et les femmes qui ont signé votre pétition, mesdames et messieurs, de bonne foi, ont voulu souscrire à vos promesses, à votre aura faute d'adhérer à un programme inexistant. Ils vous ont bien mandaté de les représenter dans la compétition. Ils ne vous ont pas demandé de vous défiler à la première aigreur d'estomac. Faisons ensemble le calcul. Si on additionne toutes les signatures au bas des pétitions pour valider leur candidature, si on y ajoute celles des élus locaux, nous devrions arriver à un chiffre respectable de votes de défiance. Et vous laissez choir toutes ces bonnes volontés, toutes ces personnes qui veulent donner une dernière chance à la démocratie. Et les laisser orphelins d'un leader ? Comme je traine un gène qui me pousse au soupçon, j'en suis venu à me demander si ce retrait calculé n'a pas été décidé, pour certains d'entre vous, pour déguiser leur déconvenue. Le signe patent qu'ils n'ont pas été suivis. Je me trompe ? Chiche donc, publier vos listes de soutien, histoire de nous convaincre que vous jouissiez de supports, que vous étiez sur la bonne voie pour que le Conseil Constitutionnel retienne votre candidature ! Nous attendons. Voyez vous, votre entrée en lice procédait d'une erreur de calcul politique. Vous aviez parié sur l'absence du tenant du titre dans la course à la présidence. Il a suffit qu'il balbutie quelque mots devant la caméra, assis devant le Président du Conseil Constitutionnel, sans doute prêt à lui souffler les mots qu'il faut dire en la circonstance, pour que vous vous retiriez en ordre compact. Admirable coordination. Exceptionnelle entente entre des candidats de bords aussi différents. Remarquable. Pardon pour les sarcasmes. Si c'est nécessaire, il faudra voter, sans vous. Blanc ou nul. Ou pour un candidat en lice. Même si la météo est agréable. Voter. Le vote, encore une fois, n'est pas un exercice inutile comme on veut nous le faire croire. C'est un acte citoyen auquel nul citoyen ne doit se soustraire. C'est à force de renoncement à ce droit que les tenants du pouvoir se sont sentis détenteur d'un chèque en blanc qu'ils ont monnayé à leur guise. Et s'ils nous consultent, aujourd'hui, ce n'est pas tant pour nous demander notre avis, mais plutôt pour formaliser l'élection aux yeux de la communauté internationale qui, au demeurant, n'ignore rien des magouilles. Un marché de dupes. Ils font semblant d'organiser des élections. Des hommes et de femmes font semblant de se présenter. Nous faisons semblant de voter. La communauté internationale fait semblant de ne rien penser. Tout est dans les formes. Nous voterons et nous ne ferons pas semblant. Et si nos voix ne sont pas prises en considération, nous aurons alors de très bonnes raisons pour râler haut et fort. Très fort même. Trois parenthèses historiques. On a rapporté, il y a quelques années, qu'au plus fort de la contestation en Iran, le Shah fit passer un message à Khomeini lui promettant un milliard de dollars s'il quittait le pays. Au messager, le leader de la révolution iranienne le chargea de transmettre à son maitre le message suivant: " Khomeini, lui, vous propose 5 milliards pour prendre un avion vers n'importe où ". L'histoire ne dit pas si son abdication coûta aussi cher au contribuable iranien. L'armée, support et suppôt du régime, s'aligna sur la rue. Chez nous ? Nous tenions pour puissants, capables de faire pleuvoir le ciel, quelques hommes qui composaient le Conseil de la Révolution. Quelques mois ont suffi au président Chadli Bendjedid pour les disperser dans la nature. Que sont-ils devenus? Qu'avons-nous retenu de leur passage ? Dans un autre pays, au Costa Rica, une armée épouvantée reçut comme un boulet de canon la décision du président de la république, nouvellement élu après une courte guerre civil, de signer la nationalisation des banques, un 1er décembre 1948 et, dans la foulée, l'abolition de l'armée. La proscription de l'armée fut introduite dans la constitution de 1949. Ce fut aussi simple que ça. A part la vingtaine de micro états dans le monde, le Costa Rica est donc, depuis, le seul état dans le monde contemporain à allouer, ce qui était le budget militaire du pays, à l'enseignement et à l'assistance des plus démunis. Le pays ne s'en porte pas plus mal. Bien au contraire. Les populations sont alphabétisées à 96 pour cent. Notre situation géographique nous interdit cet extrémisme. Elle est la garante de la sécurité du pays, de la défense des frontières. Mais pas de nous défendre de nous-mêmes. Voilà. Parenthèses fermées. Ceux qui s'inspirent de l'histoire pour justifier leur décision sont des sages. Mais les sages n'ont pas toujours raison. L'histoire aussi a besoin d'un grain de folie. Le meilleur exemple est celui que nous ont offert ces patriotes qui ont défié 130 de colonialisme, d'expropriation, d'acculturation, de négation de notre existence même pour faire triompher leur idéal. Que disait le défunt président Boudiaf au bout de 100 jours de présence à la tête de l'état? Après cent premiers jours, " j'ai rencontré beaucoup de monde, étudié beaucoup de monde. J'ai étudié beaucoup de dossiers, recueilli beaucoup d'informations. Le devoir de vérité oblige à vous dire que j'ai découvert que notre crise avait une ampleur considérable, car elle touche notre société dans ses profondeurs, dans son identité, ses valeurs, ses institutions, son fonctionnement. Je reste convaincu que notre pays a besoin d'un changement radical. Le changement attendu de tous devait toucher tous les aspects de notre vie économique, sociale et culturelle. Je saisis l'occasion de l'installation du CCN pour m'adresser au peuple algérien et lui annoncer que le choix fait en faveur du changement radical est le seul choix valable, le seul qui permettra à notre pays de sortir de la situation de crise" Il paya le prix de tant de témérité. Ce qui ne découragea pas ceux qui ont la rage de l'Algérie au ventre. M. Abdelhamid Mehri, au terme d'une longue vie de militant, tirait les mêmes conclusions. Dans sa lettre ouverte adressée, le 16 février 2012, au Président en cours de mandat, M. Mehri proposait un schéma intermédiaire de sortie de crise. Un plan de redressement que l'on n'a pas considéré. Ni au niveau des pouvoirs, ni au niveau populaire. Il n'a pas reçu l'écho qu'il méritait. Les pro-pos ont été vite étouffés. Pourtant, ce qu'il avançait tombait sous le sens : Il réclamait " la suppression et la levée des obstacles et des entraves qui inhibent la liberté d'expression ou la restreignent ". Il voulait que soient réunies les conditions " permettant aux organisations et aux initiatives sociales des jeunes de la nation, ses étudiants, ses cadres et ses élites des différents secteurs et disciplines, d'exercer leur droit naturel et constitutionnel à exprimer, par tous les voies et moyens légaux, leurs critiques, leurs aspirations, leurs opinions et leurs propositions". Il appelait, également, " à la multiplication des initiatives populaires émanant de la société et soutenant la demande de changement pacifique autour des axes et des modalités suivants " tels que des séminaires de dialogue rassemblant " dans la diversité des courants intellectuels et politiques, des citoyens engagés qui rejettent la violence et l'exclusion politique " qui " œuvrent à identifier les similarités et les préoccupations communes permettant la jonction des volontés et des efforts pour la réussite du changement pacifique souhaité". Le vivre ensemble. Il recommandait ensuite la constitution de groupes d'évaluation agglomérant, " à des niveaux différents, les représentants de divers courants intellectuels et politiques, des spécialistes intéressés par un secteur spécifique de l'activité nationale " qui " auront la charge de procéder à une évaluation objective de ce qui a été accompli depuis l'indépendance, d'en identifier les forces et les faiblesses et de tracer des perspectives pour son développement". Faire le point. Mobiliser les compétences en faveur de la chose publique. Ensuite, pour mettre un terme à la corruption, M. Mehri appuyait la créa-tion d' " amicales de solidarité " qui " auront pour mission d'édifier un barrage contre la généralisation de la corruption en sensibilisant les larges catégories sociales susceptibles d'être les victimes des corrompus. Il s'agit de les amener à une position ferme contre la corruption en adoptant le slogan "nous ne payerons rien en dehors de ce que prévoit la loi". La société civile dans le plein exercice de ses prérogatives. A ses yeux, l'établissement de " ponts pour le dialogue et la concertation les plus larges avec les forces politiques " est l'alpha et l'oméga " pour préparer un congrès national général " qui établira "l'évaluation critique et globale du système de gouvernance et de ses pratiques durant ses différentes étapes, depuis l'indépendance, et déterminer les tâches, les moyens et les étapes pour jeter les bases d'un système démocratique et de l'Etat de droit ". Ah ! L'état de droit ! L'ajustement est nécessaire, écrivait-il, pour " sortir ce pays, définitivement, de la spirale de violence ", violence qui est " la somme d'erreurs commises aussi bien par des mouvements islamiques que par les autorités de l'Etat dans leur traitement ". On croirait l'entendre marteler - ce qui ne semble pas être dans son tempérament - " qu'il est impossible de résoudre la crise en traitant la moitié de celle-ci et en occultant l'autre moitié ". Il inscrivait l'établissement d'" une plateforme nationale sur les perspectives du développement global et sur la préparation du pays à faire face aux évolutions imposées par les changements mondiaux ", comme une priorité, une autre " sur les fondements de la politique étrangère nationale et ses lignes générales et, en premier lieu, identifier les mesures permettant la réalisation de l'union entre les pays du Maghreb ". Selon le principe suivant : la politique étrangère est le prolongement de la politique nationale. Du Mozart. Au terme de son diagnostic, il nous remit une ordonnance. Nous l'avons fourré au fond de nos poches. Il nous a quitté depuis. Sans doute amer. Deux ans plus tard, nous retrouvons, chez M. Mouloud Hamrouche, la même analyse, l'identification des mêmes blocages et le même appel à la pro-tection des libertés publiques. Avec, cette fois, un avertissement sérieux sur les risques immédiats de dérapages. En peu de mots, imagés, son diagnostic est le suivant : L'accouchement pourrait être difficile. Le bébé se présente mal. Et la vie de la maman, de la matrie, est en danger. Il n'est pas inutile de rappeler cela. Retour sur images Un certain 7 Novembre 1985, au cours du cocktail offert à l'occasion de la commémoration de l'indépendance, dans les salons du prestigieux hôtel Intercontinentale, tous ceux qui comptent dans la capitale française sont présents. Dans le brouhaha des conversations on s'entend difficilement. Alors, quand on a un mot à dire entre invités, on se penche pour le susurrer à l'oreille. Et la mienne est disponible pour le colonel de l'Armée Nationale Populaire, en tenue numéro, une qui me souffle : " regarde qui vient ". Celui qui vient est un homme de petite taille mais qui, cette soirée là, prend beaucoup de place. On s'écarte devant lui. Chemise blanche et cravate. De son costume, on ne voit rien. Il porte un manteau. Il a le regard brillant. Curieux. A ses cotés, un jeune homme timide. Il tient un calepin dans la main. L'homme est abordé par des personnalités françaises. Il sourit. C'est son jour de gloire. Puis, quelques Algériens s'avancent vers lui. Brefs échanges. Souhait de bienvenue. A mon tour, je susurre au Colonel, " tu ne vas pas le saluer "? " Pas pour le moment " répond-il. " S'il est là c'est qu'il a été invité officiellement. Il n'y a rien à craindre des qu'en dira-t-on ". Il répond: " rien ne presse ". Mais il observe tous ses mouvements. L'homme va, à petit pas mesurés, à la rencontre, d'un groupe à l'autre, pour saluer des visages connus, ces groupes qui, subitement, s'ouvrent pour l'accueillir. On lui sourit, on lui demande comment il va. Personne n'ose lui dire " cela fait longtemps qu'on ne vous a pas vu ". C'eut été de mauvais goût. Il dit un mot à celui-ci, à celui-là et, chaque fois, se penche vers celui qui l'accompagne. Ce dernier note un nom, un numéro de téléphone. Le personnel politique avait changé, rajeuni un peu. Son carnet d'adresses d'antan ne lui sert plus à grand chose. Il l'actualise. Pour plus tard. Il ne tarda pas. Entrée remarquée. Sortie discrète. La moisson fut bonne. Je le crus. Ainsi, ce soir là, prit fin l'exil et s'ouvrit la voie vers le royaume. Ça marque l'exil. Celui qui était la personnification même de l'Algérie à l'extérieur, l'image d'une politique nationale audacieuse, singulière, qui présida une assemblée générale des Nations Unies qui inscrivit à son ordre du jour la nécessité du dialogue Nord-Sud, qui donna la parole au Président de l'Organisation de Libération de la Palestine, M. Yasser Arafat, qui fondit en larmes devant le cercueil du Président Boumediene, tirant des yeux celles de millions d'Algériens, par un terrible coup de sort, se vit évincer de la course au pouvoir au profit de Chadli Bendjedid alors qu'il se croyait le dauphin. Le Congrès extraordinaire du FLN en décida autrement. Son visage était décomposé quand les membres du Bureau Politique firent leur entrée pour accéder à la tribune de la Coupole. Il aurait pu incarner la continuité. Continuer à l'incarner si la ligne était demeurée la même. Le Président Bendjedid lui préféra un autre homme, M. Mohamed Sedik Benyahia. Homme politique chevronné - membre de la délégation du FLN aux négociations d'Evian - qui survécut miraculeusement à un atterrissage forcé du biréacteur Gruman dans le Sahel. Il rencontrera la mort dans l'espace aérien entre l'Irak et l'Iran, dans un second Gruman, abattu celui là par un appareil irakien. Dramatique point final à une vaine tentative de faire taire les canons, d'arrêter l'hémorragie de sang entre l'Iran et l'Irak voulu par les Etats-Unis sans aucun doute. Qu'allait-il advenir de lui ? La Cour des Comptes. Des règlements de Comptes Rapatrier, de Suisse, les reliquats des budgets des ambassades. On n'en sut pas plus. On dira qu'il s'agissait là de fonds requalifiés pour soutenir les mouvements de libération dans le monde. Sans doute. Il sera l'homme providentiel. Accueilli dans les salons de l'hôtel Intercon-tinental, première étape vers un retour. Retour discret à Alger. Ses contacts étaient autant de paliers de décompression avant de sortir la tête de l'eau. Le régime est en crise. Succession de Présidents, de démissions, de démis-sionnés avec, pour point d'orgue, un assassinat. Celui de Mohammed Boudiaf. Et depuis ? Le Colonel est devenu Général puis homme d'affaires. L'homme politique exilé, le Président. Par quel mécanisme psychologique, lui qui était destiné, croyions nous, à orienter la politique nationale vers plus de rigueur, plus de justice sociale, par quel mécanisme, par quelles expériences était-il passé pour poursuivre une politique délibérément droitière - à tout le moins, centriste - conduite par M. Bendjedid ? Par quel processus le Colonel, maquisard, ennemi de l'exploitation de l'homme par l'homme, s'était-il converti aux affaires ? Dans quel maelström politique s'étaient-ils, tous deux, fourrés pour renier les principes de la Révolution Algérienne dont ils étaient les fils naturels ? Une révolution sous l'aile de laquelle ils avaient grandi, par laquelle ils prirent du relief, sans laquelle ils n'auraient été que des hommes dans la foule ? Curieuses métamorphoses. Curieuses trajectoires. La presse donne souvent la parole aux combattants qui gardèrent la même ligne de conduite et qui furent, largués dans la vie. Mes deux exemples, en revanche, sont les représentations parfaites, la démonstration faite homme de la théorie de l'évolution des espèces de Darwin. Ce ne sont pas les plus forts qui survivent, mais ceux qui ont la capacité de s'adapter. Et l'idéal d'antan a été phagocyté. Croyons nous le moment venu pour passer à la vitesse supérieure comme nous le faisait croire la libéralisation de l'économie, des média, dans une illusion de liberté retrouvée après la décennie noire? Du tout. La sentence est dure à digérer. Tandis que Maamar Farah, dans le quotidien " Le Soir ", fait le relevé de toutes les manœuvres et alliances pré-électorale pour se demander, en conclusion " faut-il laisser faire ", dans une brillante démonstration le sociologue Arezki Derguini écrit, dans les colonnes du Quotidien d'Oran : " Sans démocratie et alternance, parce qu'étant essentiellement militaire, le pouvoir politique ne peut être soustrait par une équipe civile à une autre qui aurait failli. S'opposer sans possibilité de gouverner ne peut conduire qu'à l'auto-exclusion du champ politique ou à une certaine schizophrénie qui conjugue opposition ouverte et connivence secrète ". On se croise les bras ? Les commentaires tentent des lectures qui se rejoi gnent toutes dans une impasse. Des despera dos manifestent dans les rues pour demander, avec force cris, le retrait du président sortant de la compétition comme si c'était la panacée. Revendiquant le droit à la parole et à la démocratie, le paradoxe veut qu'ils dénient le droit, s'il lui est reconnu par la médecine, à M. Bouteflika de se représenter à la magistrature suprême. Alors que le problème n'est pas là. Qu'il se représente ou pas ne changera nullement la donne. Il fallait manifester bruyamment le jour où fut proposée la révision de la Constitution et la non limitation des mandats, prélude, en terre du tiers monde, à la présidence à vie. L'ancien premier ministre M. Mouloud Hamrouche, très attendu par diffé-rents secteurs de la vie politique intervient finalement pour suggérer une refonte du système avec le concours des jeunes généraux qui, faut-il le rappeler, doivent leurs galons au système en place. Nous atteignons la périphérie de la schizophrénie. Que faire ? Voici la potion d'Arezki Derguini: " En attendant que la société puisse "poser " une équipe dirigeante et lui en "opposer " une autre qui lui succédera si la première faillit, il faut donc que l'on puisse passer d'une administration militaire de la société, qui divise la société à sa manière, à une administration civile qui rationalise et économise l'administration de la société. Il faudra que des leaders puissent œuvrer pour une civilisation, une démocratisation de l'administration de la société et du débat politique [2]. Il ne s'agit plus de faire la révolution, tout du moins comme on a appris à la faire au cours du XX° siècle, mais de transformer un certain nombre de pratiques en organisant leur mutation. Il faut revoir et réorganiser les processus de militarisation de l'administration sociale et politique en vue de favoriser leur mutation en processus de civilisation. Les processus de militarisation sont les processus par lesquels s'est construite une autorité centrale, les processus de civilisation sont ceux par lesquels une telle autorité centrale devient pérenne. Les passages des uns aux autres doivent être pensés et organisés ". Qui va organiser cette mutation ? Les partis politiques sont des coquilles vides. Les hommes politiques, à ce jour, ont été incapables de parler le même langage, de proposer un modèle. Et ce n'est pas le coup de force déguisé que l'on nous propose qui nous sortira de la spirale infernale. Le Président sortant sera réélu comme l'affirme Maamar Farah. Ce n'est pas du pessimisme. Dire cela, c'est du réalisme. Car la solution du passage par une mutation n'est pas à portée de main. Et les tenants du pouvoir veillent à ce qu'il ne le soit pas dans un avenir prévisible. Pourtant ? Réécoutons ce que disait MM. Boudiaf, Abdelhamid Mehri et Mouloud Hamrouche. Et l'ancien porte parole du FFS, M. Bouakouir qui estime, lui aussi, que l'Algérie est en danger. " Les courants antinationaux, logés dans les niches sensibles du pouvoir et actionnés par des officines étrangères, trouvent un terrain politique fertile pour affaiblir encore davantage ce qui reste des institutions du pays et soumettre définitivement l'Algérie aux intérêts étrangers", écrit-il. C'est dit. Je me posais également, dans mon petit trou, cette même question. Qui sert qui ? Il estime, en outre, que les richesses du pays sont " détournées au profit de nouvelles couches parasitaires " et que " l'affrontement actuel entre les différents segments du pouvoir, loin d'être un conflit politique ou idéologique, concerne avant tout le monopole de la rente et des circuits de la corruption. " M. Bouakouir plaide pour le rassemblement des " segments éparpillés de l'opposition autonome, au-delà des différences idéologiques, et se poser en Alternative au chaos programmé ". Notre vœu. " Il ne faut pas que l'effondrement du régime entraîne celui de l'Algérie. " J'y souscris. Quelle coalition inscrira dans sa feuille de route les prescriptions de MM. Boudiaf, Mehri, Hamrouche et Bouakouir ? Quels leaders auront la sagesse de choisir l'homme d'expérience qui les portera devant l'électorat ? |
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