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Le quatrième
mandat a porté un sérieux coup aux institutions, au Conseil constitutionnel et
à l'armée, mais il a aussi atteint la médecine et la morale politique.
Le quatrième mandat que brigue le président Abdelaziz Bouteflikaa provoqué de sérieux dégâts dans le pays. En plus des conséquences politiques et économiques plus ou moins redoutées, la décision du chef de l'Etat se présenter à l'élection présidentielle, malgré son état de santé, fera quatre victimes collatérales, qui mettront de longues années pour effacer les séquelles de ce choix. La première victime est le Conseil constitutionnel dont le président, Mourad Medelci, se sentira bien seul durant la première quinzaine du mois de mars, lorsqu'il aura à examiner le dossier de M. Abdelaziz Bouteflika. Nommé il y a six mois à la tête du conseil, dans le cadre d'un dispositif destiné à encadrer la présidentielle du 17 avril, M. Medelci n'est pas connu pour ses positions tranchantes. Bien au contraire. Il a toujours accompagné les choix du pouvoir, mêmes les plus contestables. Ni au ministère des finances, ni aux affaires étrangères, il n'a été connu par sa force de caractère. L'homme qui avait reconnu, devant le tribunal de Blida, n'avoir pas fait preuve d'intelligence dans l'affaire Khalifa, sera bien embarrassé en accueillant le président Abdelaziz Bouteflika, lorsque celui-ci ira déposer sa candidature. Outre les formules portant les signatures de citoyens ou d'élus, et une déclaration de patrimoine, le dossier de candidat doit en effet contenir un certificat médical attestant que le candidat est apte à assumer le poste de président de la république. D'une manière ou d'une autre, M. Medelci se demandera, à un moment donné, si le certificat médical fourni par le président Bouteflika est authentique, et s'il se justifie. Un chef d'Etat doit en effet jouir de ses capacités physiques et mentales pour défendre les intérêts du pays. S'il doit s'absenter de longs mois, s'il ne peut présider les réunions, ni participer aux forums internationaux pour y affirmer la position de l'Algérie, il semble évident que sa candidature peut être légitimement invalidée. Mais M. Medelci ne le fera pas. Ce qui signifie clairement que Conseil constitutionnel est mort. De manière concomitante, la médecine a été gravement atteinte dans cette affaire. Un médecin, professeur de médecine, c'est-à-dire un homme ayant atteint le grade le plus élevé de sa spécialité, a déjà driblé les Algériens en rendant public un diagnostic faussé le 27 avril 2013. Le professeur Bougherbala attesté que le chef de l'Etat avait eu un « accident ischémique transitoire sans séquelle ». On découvrait, peu après, qu'il s'agissait d'un AVC, avec des séquelles très sérieuses. Que faire quand une sommité de la médecine rend publics des diagnostics erronés, ou se fait complice de mensonges aussi graves ? C'est toute la médecine qui se trouve discréditée. Même la médecine n'est pas épargnée Le médecin qui fournira au président Bouteflika un certificat médical pour l'élection présidentielle sera contraint au même exercice. Un médecin est supposé connaitre les contraintes auxquelles est soumis un chef d'Etat. Pourra-t-il fournir un certificat médical décrivant fidèlement l'état de santé du chef de l'Etat ? Peu probable. Et il risque ainsi d'être contraint au mensonge, ce qui est contraire à l'éthique et à la morale de ce prestigieux métier. L'éthique et la morale politique sont, précisément, la troisième victime du quatrième mandat. Elles ont virtuellement disparu du paysage politique, du moins dans les cercles du pouvoir. Des ministres, de hauts responsables, de hauts fonctionnaires, sont contraints, ou se croient contraints, à des déclarations absurdes. Ce qui donne une sorte de concours de la déclaration la plus loufoque, l'un affirmant que le cerveau du chef de l'Etat fonctionne mieux que celui de tous les Algériens, pendant que l'autre débite des mensonges évidents. Cette dérive morale doit être, un jour ou l'autre, assumée. Et c'est l'armée algérienne, quatrième victime collatérale, qui devra en assumer les conséquences. Car en Algérie, à tort ou à raison, l'armée est considérée comme l'ultime centre de décision. C'est elle qui parraine les chefs d'Etat, dicte la direction à prendre lors des grands virages, et exclut des choix ou des personnalités considérées comme séditieux ou dangereux. Le quatrième mandat est clairement perçu comme le résultat boiteux d'un bras de fer entre différents centres du pouvoir. L'armée était-elle favorable au quatrième mandat ? Etait-elle hostile? Peu importe. Ce que l'histoire retiendra, c'est que ce choix absurde a sérieusement entamé l'image de l'Algérie ; il a aussi enlevé le peu de crédit qui restait au personnel politique ; mais il a surtout atteint l'armée. Si celle-ci a validé ce choix, elle a manifestement commis une erreur en maintenant au pouvoir un homme fortement diminué. Si elle a subi ce choix, cela signifie qu'elle s'est laissé doubler par des groupes opaques qui ont acquis une influence dangereuse. Mais au final, c'est à l'armée que le choix sera imputé, ce qui en fait la principale victime collatérale du quatrième mandat. |
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