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La rétorsion de
l'information est devenue une donnée récurrente, laissant place à différentes
supputations et parfois à des analyses farfelues faites par des charlatans au
risque d'embraser la rue algérienne et même de nuire à la sécurité nationale.
La raison essentielle est l'inexistence d'une communication institutionnelle efficiente, efficace et à jour. Aux Etats Unis, en France et partout ailleurs, chaque institution de l'Etat, de la plus petite à la plus importante, a son porte parole officiel ou son attaché de presse, sauf en Algérie, exception faite du MAE, avec Mr. A. Belani comme porte parole. En ce qui concerne les USA, que ce soit la Maison Blanche, le Département d'Etat, le Département de la Justice, le Pentagone, les autres services de sécurité ou le plus petit district, tous ont des portes parole et des attachés de presse, connus du grand public. Pareil en France, ou les portes paroles de l'Elysée, du Quai d'Orsay et des autres institutions sont connus. Ce sont des personnalités publiques. Sans parler de leurs sites internet qui sont mis à jour en temps réel et actualisés selon l'importance et la gravité de l'information. Qui connait les portes paroles et les attachés de presse du Palais d'El Mouradia, du Palais du Gouvernement, du MDN et des autres institutions souveraines de l'Algérie ? Ceux des autres ministères et institutions étatiques ? Qui a entendu ou vu les portes paroles du ministère des travaux publics communiquer, quand l'affaire de l'autoroute a éclatée, ou celui de l'énergie et des mines, quand celle de Sonatrach a fait irruption dans les quotidiens algériens et étrangers ? Celui de la justice est aussi méconnu par les professionnels que par le grand public. L'APN, le Senat, les Wilayas et j'en passe, tous signent par l'absence de ce fameux porte voix officiel et important. S'offusquer ensuite par le déballage malsain, des interventions non professionnelles et dangereuses n'est pas sérieux. La nature a horreur du vide, surtout en Algérie, ou la « radio trottoir » est une profession de foi. Les exemples ne manquent pas. On l'a constaté lors de l'attaque terroriste de Tiguentourine de janvier 2013, ou les premières informations sont parvenues d'un site mauritanien, proche de la nébuleuse Al Qaïda, reprise par une chaine TV privée, plus prompte à la sensation qu'à l'information crédible et sans parti pris. La rétorsion de l'information en Avril 2013, sur le vrai diagnostic du président Bouteflika, qui s'est avéré un AVC par la suite. Le dernier exemple est venu récemment, avec la guerre des communiqués, d'articles de presse tendancieux, des lettres ouvertes de personnalités, dites nationales, d'interviews irresponsables, des contres attaques médiatiques d'un autre âge, des analyses, des conclusions et des suppositions sans fondement réel et loin de la réalité. Cela a permis l'éclosion d'une cacophonie médiatique malsaine sans précédent et des règlements d'anciens comptes, par presse interposée, qui par sentiment revanchard, qui par calcul politique et qui enfin pour une plus grande visibilité médiatique. La presse, en général, que ce soit écrite, visuelle ou auditive a trouvé son compte, en augmentant qui son tirage, qui son audience, sans oublier l'afflux des annonceurs publicitaires, en publiant des articles « bidon » ou en organisant des plateaux et des débats télévisés nuls et inconsistants, sur le plan analytique ou sur celui de la neutralité sémantique et déontologique, avec des journalistes incompétents et des intervenants en manque d'image et de reconnaissance. En 2009 déjà, pendant la crise diplomatique entre l'Algérie et l'Egypte causée par un match de football, qualificatif à la coupe du monde 2010, en manipulant l'information par calcul politicien de part et d'autre, il y a eu un aperçu comment les médias profitent de l'occasion, en l'absence d'une communication institutionnelle efficace qui sait et veut gérer une situation de crise, en informant à temps et ne laissant aucune chance aux supputations. La faute, surement et assurément incombe en premier lieu à l'absence de la communication institutionnelle qui a donné lieu à toute cette mascarade. Mais en second lieu, la faute est aussi partagée par certains intervenants, nullement la presse, mais par quelques journalistes de la presse jaune et de boulevard, qui par besoin de notoriété et qui pour remplir des « missions » et satisfaire des « commandes » d'un côté. Ils n'ont pas encore compris que les temps ont changés. De l'autre côté, l'erreur commise par certains politiques, profitant du vide laissé par la communication institutionnelle, par opportunisme primaire et cherchant une place au soleil, après un silence complice et long, voulant rebondir et regoûter aux délices du pouvoir, en pensant que l'algérien a tout oublié. Il les a oubliés certes, mais leur époque et leurs aura sont éteints depuis fort longtemps. Il faut commencer à repenser l'information et la communication en tant qu'instruments efficaces de gestion et de bonne gouvernance et de procéder à l'actualisation institutionnelle de ses mécanismes afin de pouvoir être crédible, en utilisant les outils les plus modernes, et pourquoi pas voir un jour, le proche possible, nos dirigeants communiquer par Twitter et par d'autres moyens modernes usités. Il est grand temps que nos institutions étatiques s'imprègnent de ce qui se fait ailleurs et prennent l'initiative de remettre au goût du jour les postes de porte parole et d'attaché de presse. Enfin, il est normal de se poser la question de la pertinence de l'existence d'un ministère de la communication, qui joue le rôle de guichet d'enregistrement des accréditations, de surveillant des médias et de service dédié à la censure, à l'heure actuelle. * Global Risk Management EXPERT - Conseiller supérieur en information & communication |
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