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La politique
étrangère est un art compliqué, dont la diplomatie est un simple instrument. Ce
ne sont pas les diplomates qui ont la responsabilité de définir la ligne de
politique étrangère adoptée au plus haut de l'Etat. Ils sont simplement chargés
de l'exécuter, sur la base des instructions qui leur sont adressées par le
premier responsable du pays, ou en son nom, au mieux du pouvoir qui leur est
délégué, de leurs compétences techniques, comme de leur position dans la
hiérarchie bureaucratique à laquelle ils appartiennent.
LA DIPLOMATIE OU L'ART DE LA DISSIMULATION Les diplomates utilisent un vocabulaire tout fait de rondeur et de bonne grâce, qui sert plus à cacher les desseins réels derrière les actions que leurs propres gouvernements effectuent au grand jour ou tente de dissimuler. Un diplomate ne présente pas la politique étrangère de son pays; son rôle est plutôt d'en cacher les ressorts et les motivations profondes sous un langage où les termes «paix, amitié entre les peuples, développement, relations amicales, justice, droit des gens, droit des peuples» et les principes généreux de liberté d'opinion, de démocratie, etc. constituent la trame des discours et des proclamations. Le diplomate amuse la galerie pendant que ses gouvernants entretiennent des intentions et des projets cachés ou conduisent des actions en contradiction totale avec l'image de bonhomie et d'humanisme qu'il est chargé de diffuser. Les desseins qui animent les gouvernants n'ont , souvent, aucun rapport avec la rhétorique de leurs diplomates ou les actions de bienveillance et de courtoisie qu'ils déploient envers d'autre pays, sous diverses formes, depuis les échanges de visites de chefs d'état; de membres de gouvernements, en passant par les cadeaux et aides de tout type qui huilent les relations personnelles entre hauts responsables, sans oublier les accords commerciaux et les articles de presse tendancieux et souvent stipendiés louant la qualité des relations entre tel pays et tel autre. La diplomatie est l'art de la duplicité poussé à son extrême. Les belles déclarations répétées à l'envie par tel ou tel diplomate, et reproduites ad libitum par tel ou tel représentant diplomatique ne sont, hélas! que trop souvent des écrans de fumées destinés à cacher des desseins sinistres de son gouvernement, ou des intentions en opposition totale avec les principes moraux hautement proclamés. L'AMBASSADEUR OTTOMAN ET LE DIRECTOIRE L'histoire est pleine d'exemples de duplicité dans le comportement des gouvernements à l'égard d'autres pays, surtout s'ils considèrent que leur propre puissance militaire les met à l'abri de toutes représailles armée de la part des pays qu'ils veulent duper. Un exemple vient immédiatement à l'esprit, c'est celui de l'invasion de l'Egypte par Bonaparte (1798-1801). Pendant que Paris fêtait Ali Effendi le premier ambassadeur ottoman (qui présentât ses lettres de créance au Directoire en mars 1797, an V de la République), dont le pays était officiellement allié de la France révolutionnaire, le Directoire, au pouvoir dans ce pays, organisait l'attaque de L'Egypte, alors territoire administré par Istanbul. La flotte de guerre française, regroupée dans le port de Toulon, se préparait à prendre la mer vers Alexandrie pendant que les membres du Directoire redoublaient de gestes et de mots aimables à l'égard de l'ambassadeur ottoman; il n'était pas d'ailleurs totalement dupe, et demandait avec insistance à aller visiter ce port pour vérifier que les paroles lénifiantes des diplomates français ne cachaient pas un projet d'agression non provoquée contre le territoire ottoman. Comble de la duplicité: le Directoire était en train de négocier, depuis 1796, une convention secrète avec la Sublime Porte, dont l'ambassadeur ottoman devait parachever la mise au point. (voir: Ignaz Freiherr von Testa, 1865 : Recueil des traités de la Porte ottomane avec les puissances européennes; Paris; Amyot, Editeur des Archives Diplomatiques, p 143) LES MEMES CAUSES PROVOQUENT LES MEMES EFFETS Depuis ces quelques dernières années, on assiste à une dangereuse tendance de certains pays à vouloir assurer la défense de ce qu'ils considèrent comme leurs intérêts sur la scène internationale, par des moyens militaires. On pensait que le système des Nations Unies, créé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, allait assurer aux petits pays un minimum de sécurité garanti par la communauté internationale. On constate, sans être versé dans les arcanes de la politique internationale, que cette Organisation est devenue une simple annexe d'une poignée de puissances qui , à leur gré, font d'elle un simple bureau d'ordre chargé de mettre un sceau de légitimité internationale à leurs actions, réglant dans le fonds les problèmes quand cela les arrange -affaires de Timor oriental et du Sud-Soudan-, mettant en place des solutions boiteuses là où ils trouvent avantageux de maintenir le désordre et les affrontements( affaires de la Palestine, de la Syrie, et des Pays des Grands Lacs, etc., etc.), punissant les pays récalcitrants à leur domination sous le couvert de lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, protégeant de tout leur poids le seul pays au Moyen Orient doté de l'armement nucléaire et menant une politique délibérée et hautement proclamée de génocide au nom de Dieu, etc. Quant au système de sécurité dont s'est parée l'Union africaine, il prête à rictus attristé, tellement la réalité qu'il proclame est éloignée de la réalité sur le terrain, qui obéit aux diktats de pays situés hors de ce continent. La sécurité de l'Afrique est loin d'être entre les mains des Africains. L'affaire libyenne et l'affaire malienne, tout comme l'affaire centre africaine sont là pour renforcer la preuve de cette affirmation, sans aucun doute pas au goût de ceux qui veulent, en dépits des faits, prouver que l'Afrique contrôle sa sécurité. LA SOUMISSION ET LA DOCILITE COMME LIGNES DE POLITIQUE ETRANGERE? Le fait est que l'extrême docilité, si ce n'est l'obséquiosité à l'égard de ces puissances extérieures au continent africain, montrées par les dirigeants des pays importants de ce continent, qui vont jusqu'à ruiner leurs économie pour acheter la non-agression de ces puissances contre eux, et les convaincre de ne pas manipuler les sources potentielles de leur éclatement, ne semble pas suffire à ces puissances pour qu'elles changent de politique extérieure. Un facteur nouveau, qui s'additionne au déséquilibre dans la puissance militaire entre le Nord et le Sud créé par les progrès technologiques, risque de rendre la situation des pays les plus faibles encore plus précaire sur la scène internationale; c'est la montée en irrésistible puissance économique, financière et militaire, et donc politique, de la Chine qui avance, lentement, mais sûrement, sur le continent africain, dont les richesses naturelles sont loin d'être bien exploitées: l'Afrique demeure le seul continent vierge attirant toutes les convoitises des puissances industrielles menacées de voir se tarir, au profit de la puissance montante, leurs sources d'approvisionnement en matières premières à bon marché. UNE BOUTADE INNOCENTE? SEUL LE NAÏF PROFESSIONNEL PEUT Y CROIRE! On pourrait difficilement croire, dans ce contexte, que la boutade du chef d'Etat français soit innocente. Le contexte dans lequel elle a été émise, -le regroupement des représentants d'une communauté dont l'idéologie génocidaire est bien établie par leurs croyances religieuses- comme l'environnement international actuel font de cette plaisanterie un message qui n'a rien de subliminal et qui cache mal une menace à l'encontre de la stabilité et de l'intégrité territoriale du pays. Le message est clair: il est dirigé vers cette communauté religieuse-dans un pays qui proclame à tu et à toi sa laïcité- pour s'attirer sa bonne grâce politique en l'assurant que l'entité politique étrangère dont elle embrasse l'idéologie génocidaire a tout l'appui même dans son entreprise de déstabilisation des pays qui sont hostile à cette idéologie aux antipodes des valeurs occidentales et également pour bien signifier que la clef de la stabilité dans notre pays n'est pas dans la poche de nos gouvernants. Cette sortie, dont certains veulent minimiser la gravité, en faisant croire qu'une simple vague déclaration officielle réduit sa portée profonde, révèle une nouvelle stratégie qui n'augure de rien de bon pour la partie nord du continent africain. En conclusion: tout comme l'appétit vient en mangeant, le désir d'agression vient en agressant et la déclaration «humoristique, «venant d'un chef d'Etat qui ne donne pas l'impression d'entretenir la spontanéité dans ses paroles et ses actes, n'est pas destinée à faire rire , mais à avertir et, évidemment, qui vivra verra! |