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La théorie du
chaos est une théorie mathématique qui a été développé dans les années
soixante. Parmi les personnalités prestigieuses qui ont participé à son
élaboration, on peut citer H. Poincaré, E. Lorenz et I. Prigogine.
En termes scientifiques, cette théorie traite essentiellement du comportement des systèmes dynamiques particulièrement en situation d'instabilité générée par des conditions initiales particulières. En langage moins spécialisé, on dira qu'elle étudie les systèmes régis par des lois déterministes mais dont le comportement, dans certaines conditions, devient totalement imprévisible. Cette théorie trouve de nombreuses applications dans différents domaines : en biologie, en physique, en médecine, etc. Parallèlement à la théorie du chaos, est apparue la théorie des catastrophes qui est considérée comme une branche de la théorie du chaos. La théorie de la catastrophe a été formulée en 1967 par le mathématicien français René Thom. Selon son auteur, "la théorie des catastrophes consiste à dire qu'un phénomène discontinu peut émerger en quelque sorte spontanément à partir d'un milieu continu". René Thom proposa sa théorie pour disait-il "prévoir la chute d'une falaise, le déferlement d'une vague, les émeutes dans une prison ou les catastrophes économiques". Ces théories modernes ne cessent de rechercher des applications nouvelles. L'effet papillon est un remarquable exemple d'illustration pédagogique pour ces théories. Voici de quoi il s'agit. En 1972 Edward Lorenz du MIT donne une conférence scientifique intitulée: "Prédictibilité : le battement d'ailes d'un papillon au Brésil provoque-t-il une tornade au Texas ?" L'éffet papillon et M. Bouazizi Pour les non scientifiques, je vous propose l'explication suivante de l'effet papillon. Cela signifie tout simplement que l'on recherche "sous quelles conditions, des causes insignifiantes peuvent provoquer de gigantesques effets ? ". Fait incroyable, ces théories viennent de trouver une application directe qui est en train de se réaliser devant nos yeux. Les systèmes en question sont les régimes politiques arabes post indépendance et le papillon, c'est Mohamed Bouazizi de la ville de Sidi Bouzid en Tunisie. René Thom est mort en 2002, Ilya Prigogine est décédé en 2003 et Edward Lorenz nous a quittés en 2008. A quelques années près, ils auraient vécu, sans aucun doute, la meilleure illustration de leurs théories dans le domaine de la dynamique des sociétés. Quand aux pauvres citoyens que nous sommes, on est heureux d'avoir vécu ces jours, un peu pour la démonstration scientifique, mais surtout pour son effet psychologique. A chacun son sauveur Jésus Christ est un messager de Dieu. Selon l'interprétation de certains chrétiens, il a été crucifié par des mécréants. Sa souffrance et sa mort sont considérées comme une offrande afin d'absoudre les péchés de ces chrétiens dans l'au-delà lors du jugement dernier. Ne pouvant supporter sa situation et la pression écrasante de son état, M. Bouazizi n'avait d'autre moyen d'y échapper que de s'immoler par le feu. Ce faisant, il a permis à des millions de citoyens brimés et humiliés toute leur vie d'affronter spontanément et avec bravoure ces systèmes politiques brutaux, arriérés et dictatoriaux. Sous l'effet du sursaut populaire et en attendant de s'effondrer, ces régimes commencent tactiquement à freiner leur insatiable appétit (pas de nouveau mandat, pas de transfert du pouvoir au fils ni au frère). Mieux encore, certains états sont devenus momentanément souples et hypocritement bienveillants vis-à-vis de leurs sujets. C'est donc grâce à M. Bouazizi que des petites libertés sont acquises en attendant des grandes. En ce sens, M. Bouazizi a absous beaucoup de nos péchés vis-à-vis du pouvoir mais dans la très dure réalité de notre quotidien. Pouvoirs destructeurs et processus de mise à jour Qu'elle explication faut-il donner à ces transformations ? Compte tenu des changements et transformations à l'échelle mondiale, il s'agit tout simplement d'un processus de mise à jour (update). C'est un phénomène historique comme celui de la colonisation et de la décolonisation. Peut-on reformer le système du dedans? Impossible car ces systèmes sont par constitution non seulement destructeurs des pays sur lesquels ils exercent leurs pouvoirs mais aussi autodestructeurs. En conséquence, les pouvoirs les plus débiles sont ceux qui pensent qu'ils sont assez rusés pour perdurer. Ils croient pouvoir surfer sur les événements et pouvoir maquiller leur laideur et celle de leur système. Ce faisant, Ils vont en contre-sens de l'histoire. En réalité, retarder la faillite ne fait que l'amplifier. C'est comme la mort qui est génétiquement programmée comme conséquente à la vie. Différents pays, une seule et même logique Ces régimes politiques ont quelques caractéristiques communes : - Les représentants du pouvoir (président, ceux qui bénéficient de sa sympathie, son entourage et autres décideurs) sont absolument sans valeur intrinsèque mais excessivement arrogants. A y regarder de plus près, ils n'ont pu entrer dans l'histoire que par accidents. - Ils invoquent le nationalisme et prétendent mener des révolutions. Tout en jalousant les rois, ils ont curieusement un rêve dominant : se constituer en royaume et préparer leurs progénitures et leurs familles à la succession. - Plus l'équipe au pouvoir s'enrichit et plus le pays est ruiné. Ainsi, si dans les pays modernes, on pratique une gestion comme disent les japonais du type "Small is beautiful" qui signifie qu'avec peu de moyens, on cherche à faire des choses formidables ; on serait tenter de caractériser la gestion des pouvoirs qui nous gouvernent par : il n'y a que le pouvoir qui compte, toutes les richesses et les ressources sont accaparées par la famille, le clan et les serviteurs. Ces richesses ne sont d'aucune utilité pour le développement du pays. - Face à la contestation contre leur pouvoir, ces régimes s'empressent de présenter la menace suivante: si on quitte le pouvoir, le pays tombe dans la guerre civile ou le colonialisme. Certains régimes peuvent aller plus loin dans la menace : ou on règne exclusivement sur le pays ou on le détruit. |
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