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Que va-t-il se passer avril 2014 en Algérie ? Rien du tout. C'est
justement le but. Il faut que le quatrième mandat ait l'air du troisième,
glissant, huilé, couvert par un ciel bleu et une évocation d'Ibn Badis et de sa
Journée du Savoir pendant que l'on parle de semoule. Le but est justement le
rien, le vide, le silence. Trois intitulés du programme national en cours.
Pour réaliser le «silence», on dit qu'il y a déjà verrouillage de la parole, de la souris, du PC, du dessin et de la chronique, de l'écharpe. Il n'y aura pas de télés indépendantes de l'ENTV et pas de radios et encore moins de 3G. Le silence sera immense, net et dur et il est le but pour que le basculement du 3M vers le 4M (M comme mandat) se fasse normalement et sans commentaire, ni bruits indésirables. Second but, le vide. On le fait depuis des années : il n'y a personne dans le pays des Bouteflika(s) mis à part Bouteflika. Pas d'autres candidats. Medelci étant placé à la tête du Conseil qui valide les candidatures, on devine que personne ne pourra passer le trou du couscoussier s'il n'est pas figurant. Benflis étant encore prudent (on l'espère), Zeroual refroidi et redescendu du maquis, Hamrouche impossible à convaincre, Said Sadi fatigué, il ne reste que le vide et Mohand Saïd déjà périmé. Pour être candidat alternatif à Bouteflika il faut survivre à l'épreuve de Medelci. Si dans le cas ou vous passez le test Philipe Morris, il vous reste à survivre à celui du ministre de la Justice, Tayeb Louh, placé là pour le test du poteau. Après, si vous ne vous suicidez pas du haut du poteau, il vous reste le test Belaïz, ministre de la justice. Là, même si vous êtes voté par votre mère, on vous montrera que votre père a voté contre vous. Mathématiquement. Donc le vide est là : technique, calculé, mesuré et invisible. Reste le rien. C'est le but métaphysique. Il faut que le pays ait le portrait de son maitre. En avril, l'Algérie sera immobile, murmurante, mal habillée, stable mais sous forme assise, épargnée par la mort mais épargnée par la vie aussi. Totémisée, momifiée donc. C'est le but. Il ne faut pas qu'il se passe quelque chose ; il faut que rien ne bouge. Il faut que les gens ne sentent même pas qu'il s'agit d'un autre mandat, que le 3ème est fini et périmé et qu'il faut élire des gens. Le but n'est pas de gagner des élections, mais de faire oublier qu'il faut même les organiser et de pousser les gens à s'interroger «à quoi elles servent». C'est quoi changer de président ? Pourquoi le faire d'ailleurs ? C'est la définition du troisième but du plan : faire accréditer le rien comme expression du tout. Ne pas bouger c'est manger du rouget. Avril 2014, il ne va rien se passer. Juste une feuille tombera, morte, tuée par la poésie facile. Un homme va tousser sans explication. Le ciel sera beau, la terre ronde comme une chaise roulante, semoule qui roule et polo Lacote. Un vieillard va murmurer à l'oreille des chevaux et des ânes et cela sera le 4ème mandat. Comme une lettre à la poste. Mais avec une prouesse géniale : regardez mes mains ! Il n'y a ni lettre, ni poste. L'Occident qui aime tant la stabilité est déjà sous le charme de l'homme qui murmure à l'oreille des ânes. Il ne dira rien. Regardera ailleurs. |
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