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Obnubilée par les échéances électorales, la gauche au pouvoir en France
s'enfonce, chaque jour qui passe, dans les rets tendus par l'extrême droite du
Front national. Jusqu'à engager, au plus haut niveau de l'Etat, un «duel» avec
une fillette de 15 ans, rom et sans papiers.
Ce n'est pas un simple effet de loupe, par médias interposés, que de dire que la France est dans une perpétuelle campagne électorale. L'ère Sarkozy, 2007- 2012, avait inauguré un véritable bouleversement dans les mœurs politiques françaises : elle a brisé les lignes de partage qui séparaient, jusqu'alors, les républicains défenseurs des " valeurs " qui ont fondé la France, celles contenues dans le triptyque Liberté- Egalité- Fraternité de celles du discours racoleur, démagogique du chauvinisme, du nationalisme étroit, xénophobe et raciste. L'immigration, l'identité nationale, les roms, les étudiants étrangers, les sans-papiers, l'Afrique pré- civilisée etc. Nous eûmes droit à des torrents de verbiages et leçons d'histoire pour nous apprendre la différence entre les français et le reste du monde. Puis, ce fût le secours par les armes " à la démocratie et la liberté " en Côte d'Ivoire, en Libye et ailleurs en Afrique centrale ou en Afghanistan. La classe politique de gauche, dans l'opposition en ces temps-là, s'offusquait, se révoltait, dénonçait ce déferlement d'ignominies qui blessent les " valeurs françaises ". Elle clamait, à juste titre, que les vrais problèmes des français sont l'emploi, l'éducation, la retraite, la sécurité avec la justice et même les questions environnementales. Mai 2012, fatigués par cinq années d'austérité économique, de discours politiques violents et stériles, d'aventures guerrières, les français rejettent le tribun Sarkozy pour porter leurs espoirs sur la gauche. François Hollande devait incarner le re-nouveau français et le retour aux " valeurs de la républiques ". Il aura fallût moins de deux années de gouvernance à la gauche pour que les français découvrent, ahuris, son incroyable conversion aux idées néolibérales sans aucune gêne, asphyxiant les classes sociales moyennes et défavorisées (celles qui l'ont portée au pouvoir) sous un déluge de décisions économiques que lui envierait la droite traditionnelle (impôts jusque chez les petites retraites, licenciement sans plan social, TVA etc.) Et pour être dans l'air du temps, la gauche remet une couche sur les sujets si honnis sous l'ère Sarkozy : immigration, roms?sans oublier sa guerre à elle, au Mali et en Centre-Afrique. Il y aurait la Syrie au tableau de chasse français, n'était cet empêcheur de tourner en rond qu'est Vladimir Poutine, le russe. Terrible exercice du pouvoir pour cette gauche qui passe de son appel à la guerre en Syrie à l'expulsion de Léonarda, la petite fille rom, pour qui le parcours de vie est, déjà à cet âge, aussi dramatique que celui de " Cosette " de Victor Hugo et à qui, le président François Hollande, lui propose une autre épreuve de vie, un déchirement charnel, intime : abandonner sa famille. Comment ce peut-il que cela soit ? Et son ministre de l'intérieur, Manuel Valls, obsédé par les sondages et sa propre ambition politique, répétant à satiété aux médias que " la famille de Léonarda ne reviendra jamais en France ". Comme un défi, un duel qu'il jure de gagner contre une famille rom sans papiers qui ose dire qu'elle reviendra en France un jour. Et comme pour montrer sa détermination à faire mieux que la droite, Manuels Valls et son gouvernement s'enorgueillissent d'avoir atteint, avant la clôture de l'exercice 2013, de nombre des expulsions des étrangers sans-papiers réalisé par la droite et Sarkozy en une année. Près de 20.000 et bientôt, en décembre, le chiffre fatidique des 22.000 expulsions /an de la droite sera dépassé par la gauche. C'est cela, pense M. Valls, qui fera couper le gazon sous les pieds de l'extrême-droite, du Front national de Marine le Pen. Quant au sort des quelques 17.000 roms, le ministre de l'intérieur est très clair la dessus : " Certains roms ont vocation à retourner vivre chez eux, en Roumaine et en Bulgarie " a -t-il déclaré dernièrement pour justifier le démantèlement des misérables taudis dans lesquels ils survivent. Etrange similitude avec la république sous Sarkozy. Du coup, l'extrême- droite se frotte les mains et attend en embuscade les prochaines élections locales et européennes. Depuis, l'avènement de la crise financière de 2008, droite et gauche font le travail de sape des derniers reliquats des " valeurs de la république " à sa place. La droite a ouvert un chemin pour le Front national ; la gauche lui creuse un boulevard. La surenchère politique entre droite et gauche avec comme référent les " valeurs " du Front national maintient la France dans une campagne électorale permanente. S'il est évident que le combat contre la régression et la tentation totalitaire de l'idéologie nationaliste et fasciste est un engagement de tous les jours, il est en revanche interdit pour tout républicain qui aspire au pouvoir d'user du corpus idéologique (discours politique)de l'extrême-droite et surtout d'user de ses méthodes de gestion des crises sociales. Auquel cas, gauche comme droite perdront leurs âmes. Et la France aussi. |
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