«?Il a murmuré. Mais c'était indistinct. On n'a pas bien
compris ce qu'il a voulu dire alors chacun a décrit l'éléphant selon soi, dans
l'obscurité. L'un a dit qu'il va se représenter au quatrième mandat. D'autres
ont juré qu'il a dit qu'il va prolonger l'actuel mandat. Ou l'actuelle
convalescence ? On ne sait pas, la voix était ténue, faible et ressemblait plus
à une respiration. Le murmure était vague, avec un soleil couchant dedans. On
lui montra la Constitution, il fit non de la tête. On lui montra Belkhadem, il
fit non avec colère. On lui montra Medelci, il ne répondit même pas. Alors on
interrogea son frère qui prit son téléphone et qui appela chacun, un par un,
par téléphone, alors qu'ils étaient tous là devant lui. C'est ainsi : il y a
des habitudes qui deviennent des vices. L'homme au téléphone ne peut plus
parler qu'au téléphone, pas aux gens devant lui. Il expliqua cependant le
Murmure de Berlin : d'un côté il y a Bouteflika (s) et de l'autre, il y a les
autres. Le murmure divise le pays en chaud et froid. Entre deux blocs. En deux
familles. Ensuite il interpréta le Murmure : le Frère veut. Mais étant donné
qu'en Algérie, depuis le congrès de la Soumam, on est tous frères mais certains
le sont plus que d'autres entre eux, on a mal compris. A la question de « que
veut Bouteflika ?» s'ajoutait celle plus complexe de « lequel qui veut ?». Qui
a compris ? Personne et c'est ce qui explique que chacun dit aux journaux ce
qu'il croit avoir compris du murmure et de son frère l'interprétation. Dans le
tas, un seul homme sourira, fier, hautain par ADN, aimant la fanfare et les
escortes depuis sa naissance : le ministre Belaïz. Ses collègues l'appellent
Jésus-Christ à cause de sa manière de marcher sur terre comme s'il marchait sur
l'eau et ses airs divins et de sultan. C'est la pierre de la nouvelle église,
l'homme de confiance, le frère du Murmure, le serviteur de l'intonation. A-t-il
compris ce que veut le Murmure ? On ne sait pas. Il ne parle pas et seulement avec
un regard étrange, presque moqueur, méchant parfois. Son but est de faire en
sorte que le Murmure soit entendu, pas compris. Il est la frontière entre le
Murmure du Président et le chuchotement de ses adversaires. Il est le vizir du
Royaume.
L'enfant gâté de la Famille. C'est ainsi qu'il se voit dans
le miroir qu'il adore, homme connu pour rêver éveillé, de lui-même. Passons !
Que dit le Murmure ? Un murmure ne dit rien. C'est une langue ouverte sur toute
les langues, un bord de mer, une écriture qui se lit dans tous les sens, un
rond-point. On utilise le murmure pour parler aux chevaux ou aux ancêtres dans
sa tête. On le fait aussi quand personne ne comprend ce que veulent les yeux.
Mais c'est une mauvaise langue pour parler à un pays. Le Murmure ne veut rien
dire au fait. Sauf ce que dit le corps : «j'y suis, j'y reste». La chaise est
roulante, pas tournante.