|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
S'il veut rester crédible au sein de l'opinion publique à
laquelle il a promis de s'attaquer au phénomène de la bureaucratie et de approcher
l'administration d'Etat des citoyens, le Premier ministre Abdelmalek Sellal se
doit de revoir la stratégie qui guide l'action gouvernementale vouée à faire
aboutir les deux objectifs. En effet, les résultats enregistrés en la matière
depuis que Sellal a déclaré la guerre à la bureaucratie ne sont guère probants
et les citoyens ne voient pas encore s'ouvrir à eux les portes de
l'administration. Depuis qu'ils ont fait l'objet d'une déclaration de guerre,
nos «ronds de cuir» à tous les niveaux de la hiérarchie de l'administration
publique se sont au contraire ingéniés à redoubler leur perversité dans l'art
d'inventer les «trucs» qui «pourrissent la vie» des citoyens quand ils
s'adressent au service public.
Chaque acte requérant pour lui qu'il se présente devant un service public est devenu un parcours du combattant pour le citoyen. Du guichet de la poste de quartier à un bureau quelconque de ministère en passant par ceux des mairies et wilayate, le citoyen lambda se retrouve pour la moindre de ses démarches confronté à des situations «kafkaïennes» dont il ne peut le plus souvent se dépêtrer qu'en sollicitant le «piston» et donc en se pliant aux conditions dont s'accompagne ce genre de corruption. Le regain de bureaucratie dont pâtissent actuellement les Algériens est dangereux car à leurs yeux il s'assimile à une réplique sous forme de défi des tenants de la gestion bureaucratique aux mesures et préconisations édictées par le Premier ministre dans le cadre de son opération anti-bureaucratie. Il est également la démonstration pour eux que l'administration publique est tellement gangrenée par la bureaucratie qu'elle parvient à renforcer celle-ci en s'appuyant sur les mesures et prescriptions censées être destinées à la combattre. Ce n'est pas par plaisir de noircir le tableau que l'on estime avoir l'impression que la bureaucratie et ses méfaits ont redoublé de férocité ces derniers temps. Là où ils se présentent les citoyens constatent qu'il leur devient encore plus difficile d'obtenir l'acte ou le service qui les y a conduits. Un constat amer pour eux qui écorne le préjugé favorable et le début de crédit qu'ils ont accordé au Premier ministre quand il s'est engagé à lutter contre la bureaucratie. En inscrivant la lutte anti-bureaucratie parmi les priorités de l'action gouvernementale, Abdelmalek Sellal a disposé positivement l'opinion citoyenne à son égard. Il est en effet apparu à celle-ci informé que la gestion bureaucratique dont les Algériens sont victimes au quotidien et pour n'importe quel acte ou décision administratifs est l'une des causes principales du mécontentement social qui s'exprime en diverses formes. Le citoyen a perdu confiance en l'Etat notamment pour cette raison. Il faut plus que des injonctions et des circulaires pour espérer sinon extirper l'esprit bureaucratique du moins en atténuer la lourdeur qui désespère les citoyens. Au Premier ministre et à son exécutif de concevoir une stratégie de lutte plus efficiente. Ils y sont sommés car il est patent que des milieux hostiles au pouvoir en place sont en train de «surfer» sur le manque de résultats de leur action anti-bureaucratie, pour présenter celle-ci comme n'ayant été qu'un «coup de com» de sa part pour prédisposer les citoyens en sa faveur à l'approche de l'élection présidentielle. |
|