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![]() ![]() ![]() ![]() Tous ceux qui
ergotaient, il n'y a pas si longtemps, sur la santé du président de la
République, ou encore ceux qui, hier, spéculaient sur sa capacité à gouverner,
ont vite fait de s'apercevoir qu'ils se sont trompés sur le personnage.
Après diverses apparitions publi-ques, restituées par la télévision, le président entend prouver que, désormais, il est bien aux com-mandes de l'Etat et que sa mala-die, suivie d'une période de convalescence sont derrière lui et dans tous les cas, ne sont pas susceptibles de l'éloigner des affaires publiques. Agissant au plan interne, il a reçu, successivement Sellal, Gaïd Salah et Medelci qu'il a instruit sur la conduite à tenir en matière de rentrée sociale, de sécurité des personnes, des biens, des frontières du pays et de conduite à tenir en matière de politique étrangère. Il a, ensuite, décidé de se rappeler à l'opinion maghrébine, en tant que médiateur potentiel de la crise Tunisienne. Il a à ce titre, reçu, successivement, et à leur demande, Rached Ghannouchi et Beji caïd essebci, leaders de mouvements tunisiens, antagonistes, venus lui exposer leurs attentes. Toutes ces audiences ont, bien évidemment, pour les observateurs avertis, valeur de messages, dont le plus significatif est adressé à la classe politique algérienne qui doit compter avec le président, décidé, pour le moins, d'achever son 3ème mandat et de faire face à toutes ses obligations. Et échec et mat à tous ceux qui, à un moment ou un autre, ont essayé de surfer sur l'article 88 de la constitution et d'en faire un artifice juridique pour « destituer » Abdelaziz Bouteflika. Sur sa lancée, le Président a donc, officiellement, fait sa rentrée politique en décidant du réaménagement d'institutions importantes. Cela s'est traduit, d'abord, par un changement ministériel profond, suivi d'une restructuration, aussi remarquable que surprenante, des services militaires, signifiant par là, à ceux qui en doutaient encore, « qu'il refusait d'être un trois quart de président ». D'autres mouvements, de même ampleur, sans nul doute, sont à prévoir dans les corps diplomatique, judiciaire et celui des Walis. En définitive, il a suffit de quelques décisions, bien pesées, prises au nom du peuple, pour non seulement secouer le cocotier, mais aussi mettre en transes toute la classe politique, endormie dans le pays le plus stable de la région. Il fallait le dire. Et la classe politique en est restée groggy : alignement du FLN et du RND ?murmure du PT?prudence du MSP, hier partisan de « l'impeachment », aujourd'hui partisan d'une « transition » ?soutien, sans surprise, du T.A.J et du MPA? et rejet d'Ahd 54 formulé par son truculent président « Mélanchon », malgré lui? et silence, curieux, du FFS. La démonstration a ainsi été faite, par le concerné lui-même, qui a repris, non seulement, l'initiative mais aussi a marqué des points et les esprits. Il ne renoncera pas à son mandat et compte assumer, pleinement, ses prérogatives présidentielles. Reste que pour le remaniement gouvernemental, il y a comme un goût d'inachevé, puisque beaucoup attendaient la désignation d'un ministre de la planification et également, comme je le pense nécessaire, la nomination d'un « porte parole » du gouvernement. Pourquoi un porte parole, c'est tout simplement pour éviter la réédition des bourdes d'un certain Daho Ould Kablia, pour le moins maladroit dans la gestion, souvenez-vous, de l'attentat de Tiguentourine et Mohamed Saïd, qui s'est essayé à l'exercice après lui, n'a pas fait mieux. Abdelkader Messahel, parfait communiquant, pourrait bien endosser ce rôle, d'autant plus que c'est le nouveau ministre de la communication et qu'il jouit de la confiance du président de la République. Et aux oubliettes tous ces ministres qui n'ont pas fait avancer leurs secteurs secoués par des grèves ou qui n'ont pas connu d'avancées notables, comme la santé, l'enseignement supérieur, les transports, ou encore l'intérieur où le ministre succédant devra, non seulement, revoir la loi électorale dans ce qu'elle comporte comme incohérences dans le mode de désignation des élus mais aussi plancher sur la réforme des finances et de la fiscalité locale qui n'a jamais vu le jour, au grand dam des élus locaux. Gageons que Tayeb Belaïz et les autres ministres sauront y remédier. En attendant, que le gouvernement se mette très vite au travail et qu'il commence à nous parler de, divine surprise, d'amélioration du service public, mais aussi, de rééquilibre de la courbe du chômage, d'emploi, d'entreprise, de production, de logement, de loisirs et de sécurité, la politique, notamment étrangère, étant comme de bien entendu, du ressort du président de la République. A Sellal de maintenir le cap tracé par Bouteflika, puisque c'est son programme qui a cours et qui est mis en œuvre, et de signifier, une fois pour toutes, aux membres de son gouvernement, de ne pas se tirer dans les pattes, d'être solidaires et de respecter la discipline gouvernementale. A défaut, que le premier ministre fasse sienne cette réplique de Jean-Pierre Chevènement, je crois, qui a dit un jour « qu'un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne ! ». Quant à tous ces califes (1) qui trépignaient du pied, qui s'impatientaient, qui voulaient sa place, qu'ils sachent eu moins, que président de la République, c'est une charge, bien évidemment, mais c'est aussi un métier (2), sinon, comment expliquer les déclarations des grands de ce monde qui se sont exprimés, à ce propos, pendant leurs mandats. Comme Nicolas Sarkozy, par exemple, qui a déclaré aux ouvriers, lors d'un déplacement dans un chantier naval à Saint. Nazaire : « Votre métier est dur, le mien également ». Ce même Sarkozy qui a eu, également à répéter, en maintes circonstances, « si je ne fais pas le travail qui le fera ? », allusion bien entendu à la charge et au métier de président de la République. Autre exemple, le président François Hollande, qui n'a pas été ménagé par sa presse nationale, qui n'hésite pas à l'épingler, notamment en cette période de crise syrienne, à travers des grosses manchettes laconiques, pour qualifier sa présidence de laborieuse et pénible : « ?Le dur métier de président de la République? ». Pour en terminer, citons aussi Barack Obama qui doit, en partie, sa réélection à son slogan : « We haven't finish the job » allusion à la nécessité de lui confier un deuxième mandat, maintenant qu'il en maîtrise le métier. Dans ce registre, Abdelaziz Bouteflika a eu, aussi, à s'exprimer, puisqu'il a affirmé, au journaliste français El Kabbach qui l'interrogeait sur ce qu'il serait devenu s'il n'était pas président, lui répondit : « de toute façon je ne sais faire que ça ! » Comprendre c'est mon métier. Le même Bouteflika a été accrédité, d'ailleurs d'une phrase restée dans les annales « ?il n'y a pas de place pour les présidents stagiaires ! » qui résonne comme une sentence pour tous ses rivaux à venir. Je le dis avec le poids et la mesure nécessaires, président de la République est un métier et quelqu'un comme Morsy, par exemple, n'a pas su en maîtriser les rudiments, a été débarqué, manu militari certes, mais parce que c'était, aussi, la volonté du peuple de la place Tahrir, qui a estimé que ce président là, n'était pas fait pour le job ! En plus donc du métier il y a aussi le costume présidentiel et force est d'admettre, que très peu d'aspirants présidents ont en l'étoffe. Que chacun de nous se rappelle, d'ailleurs, tous ces candidats à la candidature, qui envahissent nos écrans de télévision, la veille d'élections, présidentielles notamment, en quête d'une gloire, aussi ridicule qu'éphémère?le temps d'une campagne, pour les plus tenaces et néanmoins lièvres, ou trois lignes dans un canard local pour les autres hurluberlus. Et en définitive, on ne peut que résumer leur démarche à « trois petits tours et puis s'en vont », amateurs qu'ils sont. Le costume présidentiel, disais-je, si lourd à porter est sans nul doute, mal taillé pour certains. Ceux là mêmes qui hésitent, ne sont pas sûr « d'y aller », hument le vent, attendent un signal, lorgnent du côté de « l'homme consensuel » ou maintenant que le président de la République s'est réinvestit, pleinement, dans les affaires de l'Etat, sont au garde-à-vous, le doigt sur le pli du pantalon, attendant les directives? ils veillent surtout à ne pas « cracher » sur l'avenir, le leur pas celui du peuple, qu'ils n'hésitent pas à traiter de « ghachis ». Pourquoi je dis cela, ce qui apparaitra aux yeux de certains comme une critique acerbe de la classe politique, c'est parce que c'est vrai à quelques exceptions près, si je m'en réfère, aux sorties courageuses de Soufiane Djillali qui a le courage de ses convictions et qui est, il faut le dire, bien installé dans son rôle d'opposant. On ne peut dire la même chose à propos d'Abdelaziz Mokri du MSP qui, hier, soutenait, bruyamment, la théorie de l'article 88 et aujourd'hui, que le président est revenu « aux affaires », il invoque dans ses déclarations, l'idée d'une « transition ». Pendant la maladie du président, tous les cadres des formations politiques, y compris dans ce qui était appelé « alliance présidentielle » supputaient et y allaient de leurs propositions : empêchement médical, élections présidentielles anticipées, certains ont même fait des appels du pied à l'armée, sollicitant son intervention, lui demandant, ni plus ni moins, de faire un coup d'Etat, rien que ça ! La circonstance nécessitait, pourtant, sinon une trêve, au moins, un rassemblement d'humilités et non pas d'ambitions, à un moment où l'Algérie connaissait, outre la maladie du président, une tension vive à ses frontières. Malgré cela donc, des voix s'élevaient, bruyamment, pour s'aligner derrière tel ou tel candidat, « présidentiable avant l'heure », alors que ce candidat là, ne s'est même pas déclaré. D'autres intronisaient, par exemple, Liamine Zeroual, par-devers lui, jusqu'à l'amener à décliner, poliment, leur offre, aussi zélée qu'intéressée. Lui au moins, a compris, en tant qu'ancien président de la République, que c'est un métier qui use, qui isole et qui, le plus souvent, amène son titulaire à prendre des décisions parmi les plus graves et les plus pénibles. Quelques uns voudront, quand même, y aller, que dis-je concourir comme lièvres, pour obtenir qui un maroquin, ou tel autre une place en vue dans « l'establishment ». D'autres, parmi ceux qui y songent, chaque matin en s'y rasant, se préparent, sans nul doute, comme Benflis, Hamrouche ou Benbitour, si l'on croit certains journaux. Qu'ils sachent que l'Ecole des présidents de la République n'existe pas encore. Il faudra peut-être songer à la créer. En attendant, qu'ils fourbissent leurs armes, car le président de la République actuel ne se laissera pas compter, lui qui a fait de sa charge, un métier qui lui permet d'exprimer son talent, maintenant qu'il a capitalisé l'expérience nécessaire. En l'état, il est le maître du jeu, c'est lui qui prend toutes les initiatives et qui décide du calendrier. A ses concurrents, pressés de l'entendre se déclarer et d'en découdre avec lui, il serait, peut-être, tenté de leur dire : « à chaque jour suffit sa peine ». C'est ça le métier, en fait ! Renvois : -Voir mon article intitulé « ces califes qui veulent prendre la place du calife » dans le quotidien d'Oran du jeudi 25 juillet 2013. -Voir mon article intitulé « la magistrature suprême, entre la charge et le métier » dans le quotidien d'Oran du 1er juin 2013. |
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