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Le surprenant
mouvement de contestation qui s'installe à Istanbul, à Ankara et à d'autres
villes encore laisse perplexe et dubitatif tant la Turquie émergente semblait
jusqu'à présent épargnée par l'effet de contagion de turbulences sociales et
politiques qui depuis Tunis affectent de nombreux pays de la région et dont les
inducteurs caractéristiques sont la présence de deux types de déficience.
Une gouvernance autoritaire qui réprime systématiquement toute velléité démocratique et toute aspiration à la liberté et un contexte économique déliquescent. Le point d'ancrage de la contestation est la place Taksim d'Istanbul et son déclenchement le réaménagement contesté de ce lieu mythique que les autorités voulaient faire passer au forceps. La réponse ne s'est pas faîte attendre et comme partout ailleurs le cycle violences ? répression a été enclenché. Il peut devenir incontrôlable s'il ya mort d'homme parmi les manifestants et le processus peut se radicaliser, comme cela s'est produit ailleurs, et s'installer dans la durée. Le scénario de la place Tahrir du Caire semble malgré tout improbable car la Turquie dispose de sérieux atouts notamment économiques capables de contenir ce mouvement et d'éviter qu'il ne se propage à toutes les villes de ce pays. Erdogan semble vivre sa première véritable épreuve politique qui survient paradoxalement là ou il ne l'avait pas vraiment prévu. La rue ou il dispose pourtant de sérieux alliés et une popularité appréciable. Car le bouillonnant personnage doit sa longévité politique à d'indéniables succès personnels. Une insolente santé économique conférée à la Turquie et encouragée par une audacieuse politique conduite depuis son arrivée au pouvoir, une gestion intelligente de l'épreuve de force que lui ont imposée certains anciens hommes forts de l'armée qui voulaient l'éliminer, une réelle remise en cause des fondamentaux de la perception de l'épineuse question Kurde malgré la condamnation et l'emprisonnement de ses représentants historiques et une coexistence pacifique de son parti qui prône le retour aux sources religieuses dans un pays dominé jusque là par les tenants de la ligne laïque dure et par ceux qui du fait d'une proximité géographique avec l'Europe veulent conférer à la Turquie une vocation civilisationnelle qui n'est pas la sienne. La Turquie stable et opulente dérange cependant de nombreux pays et notamment ceux qui ont décidé de redessiner les contours géopolitiques du Proche-Orient. De nombreux défis risquent de l'affaiblir et ceux qui veulent frapper Ankara le savent pertinemment. Le conflit Syrien et ses effets de contagion à sa frontière notamment par le déplacement de centaines de milliers de réfugiés en provenance de ce pays, la difficulté du positionnement géostratégique d'un pays qui souhaite se réapproprier une aura portée dans le passé par tout un empire et qui doit faire avec la proximité de la puissance Perse qui ne cache plus ses ambitions politiques dans la région et notamment en Syrie , en Irak et au Liban et une relation avec Israël qu'Erdogan veut remettre en cause et qui a infligé à la Turquie l'affront de la mise en scène de la convocation de son ambassadeur et celui du raid meurtrier commis à l'endroit d'un navire humanitaire Turque en partance pour Gaza. Tous ces éléments peuvent converger et constituer une opportunité pour plonger la Turquie dans l'instabilité. Une gestion intelligente et sage de ces événements doit inspirer les dirigeants Turques. Et l'usage de la répression doit être banni. L'exemple de la réussite Turque peut devenir un modèle si les libertés démocratiques sont consolidés et le respect des minorités consacré. Car tout doit être fait pour protéger l'émergence économique incontestable d'un pays qui a réussit sans disposer de richesses naturelles à conférer une vie décente à l'ensemble de ses citoyens. La visite en cours du Premier Ministre Turque en Algérie doit aussi constituer pour nous une opportunité pour réfléchir à toutes les chances qu'il nous faut donner à notre pays pour qu'il devienne lui aussi véritablement en situation d'émergence économique et pour nous approprier, indépendamment de nos différences et sans exclure quiconque, la conviction que la transition véritable vers la liberté, le respect mutuel et le développement économique peut toujours se faire dans la sérénité et par des moyens pacifiques. Il y va aussi et dans un contexte régional ou tout faux pas se paie cash du devenir de notre nation ! |
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