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Le titre de la
chronique n'a rien d'offensant. Il n'est là que parce que, je suis et je le
demeure, naïf en amitié. J'envisageais le makhzen, se limitant au diwan du
palais royal alaouite et à tous ses démembrements à travers le royaume de notre
voisin de l'Ouest.
Mais quel rabrouement d'être brusqué et secoué par des déclarations émanant d'un parti dont le nom, à lui seul évoque ce à quoi aspire tout être humain, l'Istiqlal ce parti marocain de l'indépendance. Il avait, comme programme à sa création, cette proclamation oracle : ?'aucune négociation avec l'occupant colonial sans l'abolition préalable du traité de Protectorat, sans Indépendance du Maroc, avec le rétablissement l'autorité du sultan Mohamed V, dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle aux institutions dignes d'un État moderne''. C'était une autre époque, où les luttes, la dignité et la modernité avaient un sens. Car le succédané des responsables historiques de ce parti, l'ancien réparateur de motocyclettes, Abdelhamid Chabbat pour ne pas le nommer, demande ni plus ni moins l'annexion d'une partie du territoire algérien au royaume de ses seigneurs. Heureusement que n'est pas Lech Walesa qui veut, et on ne s'improvise pas également Lula Da Silva, par excentricité. S'il est vrai qu'il n'y a pas de sot métier, il y a par contre des métiers qui rendent sot. Comme par exemple, passer de rien à tout, ce qui est son cas. D'un univers à un autre sans en avoir la stature, ni l'étoffe et encore moins l'envergure. Celui qui est atteint de ce syndrome, risque de se prendre la tête, et commencer par vasouiller pour finir en merdoyant tout autour, et ne plus pouvoir s'en sortir qu'en collectionnant désastres et catastrophes. C'est qui semble arriver à l'édile de Fès, auquel ses propres compagnons reprochent de manquer de formation académique, et de ne pas être un intellectuel. Après avoir mordu la quasi-totalité des ministres de la coalition gouvernementale marocaine, dont l'Istiqlal fait partie. Il donnait il y a quelques jours, le coup de grâce en pérorant que : ?'la moitié des ministres de Benkirane sont des ivrognes''. Le samedi 11 mai, il décida de se retirer de la coalition gouvernementale. Prenant la parole le premier mai 2013, lors d'un meeting à Rabat, en sa qualité de secrétaire général de l'union générale des travailleurs du Maroc, en étant accoutré à la sahraouie, il eut l'insolence de revendiquer la marocanité du Sahara occidental, et l'outrecuidance d'appeler à la reconquête de plusieurs régions frontalières algériennes à savoir : Tindouf Kenadza et Béchar, rien de plus. Dommage pour tous les espoirs des maghrébins convaincus, quand l'Istiqlal s'avère et se découvre à l'age de raison expansionniste, colonialiste et impérialiste. Et nous fait dévoiler que le makhzen n'est pas uniquement l'armée, la justice, l'administration, la police et même les sapeurs pompiers du maroc. Mais aussi l'Istiqlal et tous les autres, abreuvés à la même mamelle et imprégnés des mêmes référents culturels mokhazni. Ce concept d'un autre age, creuset de l'archaïsme, de l'opacité et de l'obscurantisme. Au Maroc du 21ième siècle on marie au nom de la loi royale les jeunes filles violées à leurs violeurs, et c'est un juge qui le fait. Le moyen âge aurait honte et rougirait d'une telle pratique. Y aurait-il pire châtiment insoutenable, et torture intenable, morale et physique, que sont la vilénie, l'avilissement et l'injure, infligés à un être humain en le condamnant, à partager le plus intime de sa vie avec son bourreau violeur ? Oui mon seigneur du Maroc, l'article 475 de votre code pénal, donne licence quasiment à tous d'humilier, déshonorer et de casser des jeunes filles coupables d'être naturellement nées femmes. Il énonce ceci : ?'quiconque, sans violences, menaces ou fraudes, enlève ou détourne, ou tente d'enlever ou de détourner un mineur de moins de 18 ans, est puni de l'emprisonnement d'un à 5 ans et d'une amende de 120, à 500 dirhams. Lorsqu'une mineure nubile ainsi enlevée ou détournée a épousé son ravisseur, celui-ci ne peut être poursuivi qu'à la suite de la plainte des personnes ayant qualité pour demander l'annulation du mariage et ne peut être condamné qu'après que cette annulation du mariage a été prononcée''. Résultat des courses, et conséquences sordides de cette féodale, rétrograde, conservatiste et primitive conception de l'intégrité de la personne humaine, réactionnaire et obscurantiste. Le 15 mars 2013 dernier Amina Filali, 16 ans, à se suicidait, en ingérant de la mort-aux-rats. Elle avait été violée par Mustapha Fellaq, 27 ans, qui l'avait aussi à plusieurs reprises battue. Et comme elle devenait la honte et la personnification du déshonneur jeté sur la famille, parce qu'elle avait perdu sa virginité dans une relation hors mariage, elle avait accepté d'épouser son violeur. Ce sont, le qu'en dira-t-on du voisinage, les déblatérations des membres de la famille, et toutes les pénibles lourdeurs des carcans, qui culpabilisent ces jeunes filles, leur font tout accepter, et leur font avaler toutes les couleuvres et autres reptiles, pour silencieusement se détruire. Comme si Amina avait été seule à se mettre dans cet état, et dans cette situation de dévirginisée. Je ne vous apprendrai rien, mon seigneur en vous disant que pour avoir une relation intime, il faut être deux. Sauf que dans le cas d'espèce, il suffisait à Mustapha le violeur, pour échapper à la justice d'accepter de la prendre pour épouse, usant de faux fuyants échappatoires lui garantissant l'impunité. En l'espèce, n'importe quel débutant praticien de droit peut aisément vous démontrer que cet article est abusif, injuste et irrégulier. Et son existence constitue la source de malheurs de toute une partie des marocains. Car votre altesse, combien y aurait-il de Amina, dans votre royaume, qui se taisent, qui souffrent en silence, que l'on cloître, que l'on l'embastille, pour emmurer l'humiliation et l'indignité. En droit musulman le mariage -le nikah- est un contrat, contrairement au christianisme qui en fait un sacrement. Et dans un contrat il faut le consentement des parties pour qu'il ne soit entaché d'aucun vice de forme ou bien de fond. Et de surcroît dans cette catégorie de contrat, le défaut de consentement est une cause de nullité absolue de la stipulation. C'est ce que l'on appelle dans le droit des obligations, un contrat léonin, une convention où l'une des parties s'octroie la part du lion, d'une façon injuste et abusive. Où il n' y a pas de rencontre des volontés. Et dans le cas de figure selon des faits rapportés par la presse, des témoignages de victimes font état de calvaires et de tourments quotidiens. L'une d'elles, raconte :'' Après ce qu'il m'a fait, j'étais couverte de sang. J'ai porté plainte, mais je n'avais pas d'autre solution que de l'épouser. Ma belle-mère et mon mari m'insultaient. Je faisais le ménage, et quand des invités venaient à la maison, ils disaient que j'étais la bonne. Ils m'interdisaient aussi de voir ma famille''. Alors messieurs les juristes et les magistrats du makhzen, en appliquant cet article, vous êtes pénalement complices d'aide au suicide de toutes les Amina suppliciées du royaume, par commission de crimes par omission. Quant à vous messire le roi, et qui vouliez, avait-on annoncé en 1999, quand vous montiez sur le trône, moderniser le royaume, et que finalement cela avait fait un flop. Vous ne pouvez plus impunément durant tout votre règne, mépriser ce qui fait, pour une grande partie, un être humain : ses droits. Sachez que l'article 5 de la déclaration universelle des droits de l'homme dispose :'' Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants''. Et rappelez-vous quand vous vous rasez, toutes les Amina martyrisées de votre seigneurie chérifienne. Car en dehors d'être rétrogrades et inhumaines, les dispositions de l'article 475 de votre code pénal, matérialisent un outil puissant, briseur de vies, dignes des instruments de torture de l'inquisition espagnole. Oui altesse, le royaume, tous ses sujets et son code pénal, vous appartiennent, au sens patrimonial. Ce code condamne les femmes victimes de viol à vie. Ces jeunes femmes sont abandonnées et jetées en pâture et à la curée d'énergumènes glauques de toutes les espèces de prédateurs. Avec des circonstances aggravantes à trois niveaux, par la société que vous cantonnez à l'ère médiévale, qui les condamne. Par leurs proches, par leurs parents qui les marient contre leur volonté pour garder l'honneur des mâles de la famille sauf. Et enfin par leurs agresseurs violeurs et leurs familles qui ne s'en tiennent pas au viol, mais qui en plus, les maltraitent dès qu'elles rejoignent le foyer conjugal maudit, car elles sont dès lors considérées, selon leur cadre de références éculé, des femmes de petite vertu, des femmes faciles,en somme, des sous femmes. Tout cela ya Moulay, se fait en votre nom, et vous ne pouvez vous y soustraire, qu'en abdiquant. Pourtant dans des extraits de vos discours repris dans le préambule de la Moudawana, promulguée par le Dahir n°1/04/22, du 12 Hijra 1424 -03/02/2004- portant promulgation de la loi n°70/03, portant code de la famille, vous annoncez :» En adressant Nos Hautes Directives à cette Commission, et en Nous prononçant sur le projet de Code de la Famille, Nous entendions voir introduire les réformes substantielles suivantes : 1. Adopter une formulation moderne, en lieu et place des concepts qui portent atteinte à la dignité et à l'humanisme de la femme et placer la famille sous la responsabilité conjointe des deux époux. A cet égard, Mon Aïeul le Prophète Sidna Mohammed, - Paix et Salut soient sur lui - a dit : «les femmes sont égales aux hommes au regard de la loi «. Il est, en outre, rapporté qu'il a dit : « est digne, l'homme qui les honore et ignoble celui qui les humilie''. 2. Faire de la tutelle (wilaya) un droit de la femme majeure, qu'elle exerce selon son choix et ses intérêts, et ce, en vertu d'une lecture d'un verset coranique selon laquelle la femme ne saurait être obligée à contracter un mariage contre son gré : « Ne les empêchez pas de renouer les liens de mariage avec leurs maris si les deux époux conviennent de ce qu'ils croient juste «. La femme peut, toutefois, mandater de son plein gré à cet effet, son père ou un de ses proches''. Monseigneur abrogez l'article 475, car la justice à travers les quatre points cardinaux de vos fiefs, que vous cherchez vainement à agrandir en vassalisant, par la contrainte et par les armes,d'autres hommes et d'autres femmes contre leur gré,est dite et prononcée au nom du roi que vous êtes. C'est l'un des procureurs du roi, en principe garant de l'ordre public, c'est-à-dire la sécurité, la salubrité et tranquillité, auxquelles des hommes et des femmes vivants pleinement leur siècle, ont ajouté une quatrième valeur, la dignité due à toute personne. Donc votre procureur royal, pour amplifier la voix de ses maîtres, avait condamné en appel un gosse de 14 ans, détenu depuis trois mois, dans un centre de redressement loin de sa famille et de son pays pour une prétendue agression sexuelle, en fait un jeu d'enfants, à un an de prison et beaucoup de dirhams d'amende. En première instance déjà, un autre procureur du roi près du tribunal d'Agadir avait requis la peine maximale de 20 ans de prison ferme, mais en soulignant que la décision du tribunal devait être exemplaire ! Mais pour qui ? Oui majesté, je vous parle de Islam Khoualed. Messire le roi, il est à se demander sur l'innocence de cette fixation qu'observe tout votre royaume sur cette affaire. Alors que par ailleurs dans le royaume, tous les jours que le bon dieu fait, la drogue est expédiée tout azimut à partir de votre royaume. Et tous les jours aussi, pas moins de dix 10 go fast, ces embarcations équipées de plusieurs moteurs très puissants font la traversée entre le Maroc et le sud de l'Europe acheminant des tonnes de drogue de résine de cannabis. Pourquoi le makhzen ne fait-il rien pour arrêter ce trafic. Monseigneur en laissant faire vous faites du tors à toute la jeunesse du monde en l'intoxiquant par ce poison. Vous devenez la source des malheurs de centaines de milliers de familles dans ce qu'elles ont de plus cher, leurs enfants. En Algérie nous avons également notre lot de contagion. Chaque jour nos services de sécurité arrêtent des contrebandiers et leurs cargaisons de plaquettes de drogue estampillée,made in Maroc,par centaines et par milliers de tonnes. De nos frontières de l'Ouest nous arrive la contamination par la drogue. Messire, il ne vous a pas échappé, que le cannabis pour être consommable se cultive, se travaille pour être transformé, puis acheminé jusqu'à la mer pour ensuite être transporté au-delà des mers. Et pour toutes ces opérations qui s'effectuent en amont, il faut une lourde logistique. Le makhzen est-il à ce point aveugle, démunie, indifférent, inerte et inactif pour laisser faire en complice averti. N'a-t-il d'yeux que pour terroriser un gosse de 14 ans. Ou bien dans cette dramatique cabbale, ne s'agit-il réellement pas, d'un règlement de compte à propos d'une affaire dont ce gosse est innocent et ne connaît ni les tenants, ni les aboutissants. Tout de go, je vous signale que pour ce qui concerne le problème du Sahara Occidental, l'Algérie a toujours fait valoir l'application des résolutions onusiennes relatives à la question, et avait de tout temps affirmé sa disponibilité à apporter sa contribution pour un aboutissement et un règlement dans ce cadre. Et pour vous le rappeler mon seigneur, quand le royaume chérifien avait saisi la cour internationale de justice, de la Haye, la juridiction rendit le 16 novembre 1975 un arrêt dans lequel, elle fait le constat des liens historiques entre les tribus du Sahara occidental, avec le royaume, mais dans le même arrêt, la C.I.J précise que ces liens, ne prévalent pas sur le droit à l'autodétermination. Ce qui correspond fidèlement à la position algérienne. Ainsi, cela devient de l'acharnement gratuit contre un gosse venu en sportif invité dans votre royaume, qui se retrouve détenu et trimballé de tribunal en cour de justice, dont il n'en sortira pas indemne au plan psychologique. Mesurez-vous altesse royale, les dégâts que cause cette justice du makhzen aux ordres, qui se prononce au nom du roi que vous êtes. Votre altesse un enfant s'entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans au sens de l'article premier de la convention internationale relative aux droits de l'enfant de 1989. Par ailleurs, l'article trois de la même convention, dispose :'' Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale''. Vous aussi monsieur le roi, êtes le père d'un garçon qui a 10 ans, parce que né le 08 mai 2003, et comme par hasard, c'est ce jour là, où sûrement, vous fêtiez avec votre famille l'évènement, ce qui est normal, que votre justice avait condamné Khoualed Islam en appel, à un de prison ferme. Mon seigneur, même si votre garçon est né et demeure prince, il partage avec Islam sa situation d'enfant, et les deux ont besoin de vivre entre les leurs, chez eux. Sire le roi, Islam est né, lui, le 19 mars 1998, il était donc, le jour de son anniversaire en prison au Maroc, loin de ses parents. Son père rapporte qu'Islam, après trois mois de détention ne fait que pleurer. Il a beaucoup maigri dit-il. Il s'est replié sur lui-même et les rares moments où il ose parler, c'est pour poser des questions sur son devenir, sur sa scolarité, sur ses camarades, s'ils ont passé leurs compositions, s'ils sont en vacances. Il parle aussi de sa mère et de ses frères et sœurs qui lui manquent terriblement, conclut-il. Je ne souhaite à l'enfant prince héritier du royaume du chérifien, Moulay Hassen que du bonheur durant son enfance. Mon seigneur, en parent que vous êtes, ayez de l'empathie pour la maman d'Islam. Ce gosse a déjà trop payé pour sa petite personne, cela fait trois mois qu'il est détenu. Relâchez-le, laissez-le rentrer chez lui. Et je vous promets que toutes les mères et tous les pères du monde, vous reconnaîtront ce geste. Laissez les problèmes des adultes se régler entre adultes. Quant au chroniqueur, il fera ce jour là, en être humain policé, son mea culpa et sitôt verra et commentera autrement l'actualité marocaine. Monseigneur, moi je tiens le pari, et j'attends. |
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