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Est-il possible d'être plus anti-arabe, plus anti-palestinien,
caricaturalement plus à droite que Benyamin Netanyahu, le Likoud et même
Avigdor Liberman ? A priori, c'est difficile, mais à cet exercice le Premier
ministre canadien, Stephen Harper, et son ministre des Affaires étrangères,
John Baird, sont inégalables. Ils ne sont pas simplement dans la norme
pro-israélienne qui existe en Occident sur fond de culpabilité génocidaire. Eux
aiment en rajouter.
M. Stephen Harper est un admirateur de George W. Bush - on a les goûts de sa propre culture, n'est-ce pas ? - mais il voudrait faire beaucoup mieux. Il y a quelques semaines - c'est d'ailleurs passé sans susciter de réactions significatives de la Ligue des Etats arabes -, le ministre canadien des Affaires étrangères a choisi ostensiblement d'aller rencontrer des responsables israéliens à Jérusalem-Est. Il suffit d'aller faire une recherche sur internet pour constater que cela n'a rien d'un accident et que la rhétorique des dirigeants néoconservateurs au pouvoir à Ottawa s'alimente d'une violente détestation des Arabes et des Palestiniens. Il n'y a aucune retenue dans l'expression du soutien à la politique brutale de colonisation et de purification ethno-religieuse menée par Tel-Aviv, il n'y a que de la justification. M. John Baird qui a exprimé ainsi un mépris ostentatoire à l'égard du droit international a pris sa plume pour demander au Conseil des droits de l'homme de l'Onu de démettre le rapporteur spécial pour les droits de l'homme dans les territoires palestiniens, Richard Falk. En sortant l'artillerie grossière de l'accusation d'antisémitisme. En fait, le ministre canadien a donné le signal d'une campagne outrageusement mensongère destinée à diaboliser un homme libre qui fait son boulot librement. C'est à coup de citations tronquées que l'organisation sioniste UN Watch a lancé la charge contre M. Falk l'accusant de justifier les attentats de Boston. De nombreux journalistes ont démonté la manière dont les propos de M. Falk sont manipulés - très grossièrement - et on n'a pas le moindre doute qu'au ministère canadien des Affaires étrangères il y a des gens très compétents qui ne se contentent pas des communiqués d'UN Watch mais vont sur le site de Foreign Policy vérifier par eux-mêmes. A l'évidence, l'ultra-sionisme de M. Baird se moque complètement des « faits» et le fait dégainer sans attendre. Les constats de M. Falk sur la situation dans les territoires occupés sont suffisamment documentés pour ne pas être contestés. Mais c'est bien le travail «impartial» que fait ce professeur de droit international américain qui fait monter des bouffées de haine à Ottawa. Dans le monde arabe, les réactions au mépris du droit international exprimé par M. Baird en se rendant à Jérusalem-Est n'ont pas suscité de réactions fortes. Ottawa est en train d'abuser. Le gouvernement canadien a tendance à oublier que les opinions commencent à être actives dans le monde arabe. L'expression permanente de haine anti-arabe - et la charge contre M. Falk en est une des manifestations tout comme le vote contre la reconnaissance de la Palestine à l'Onu - qui prévaut à Ottawa va finir par être perçue pour ce qu'elle est : le gouvernement conservateur canadien a la «haine» des Palestiniens. Il n'essaie même pas de modérer cette expression. Le pouvoir en place à Ottawa est en train de ruiner une image assez positive du Canada. Les entreprises canadiennes pourraient le ressentir assez rapidement? |
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