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« Tant que je vivrai et que j'aurai quelque force, je ne laisserai
personne en Algérie toucher à la conquête la plus précieuse de la Révolution ».(Ahmed
Ben Bella - Villa Joly, Alger, 1964.)
19 mars 1962. 19 juin 1965. Deux dates distinctes mais sanglantes. La première a vu l'OAS (Organisation armée secrète créée le 11 février 1961) terroriser les populations et réprimer dans le sang toutes celles ou tous ceux qui avaient dit non à « l'Algérie française ». Bilan : des centaines de morts et de blessés parmi les Algériens et Français dénombrés à travers le pays. Quant à la seconde date, elle a vu couler à flots le sang algérien dans les rues dans une Algérie libre et indépendante, à l'issue des manifestations populaires pro-benbellistes qui ont osé dire non au colonel Boumediène pour avoir destitué leur président plébiscité au lendemain du recouvrement de l'indépendance du pays. Parmi les villes qui ont souffert ce jour-là, jour du putsch, figure Annaba se trouvant à l'opposé de Maghnia, ville natale du président Ben Bella. Décrétée ville martyre par les opposants u régime de Boumediène, la ville des jujubes où des manifestants sont descendus dans les rues à l'annonce du coup d'Etat, en scandant «Vive Ben Bella», ont été cueillis par des feux nourris de toutes parts. Des femmes et des hommes sont tombés raides morts avec l'emblème national et le portrait du président à la main, sous les balles des soldats qui ont reçu l'ordre de leur supérieur de tirer sur celui ou ceux qui osaient manifester. Bilan : des centaines de morts et de blessés recensés à travers le territoire national. Le 19 mars 1962, date à laquelle fut annoncée la proclamation du cessez-le-feu entérinant la signature des accords d'Evian mettant fin à 7 ans de guerre et 132 ans d'occupation française, se compte parmi les plus importantes et symboliques dates de l'histoire de l'Algérie contemporaine, mais les décideurs en ont décidé autrement. Car cette date combien chère à nos glorieux Chouhada et valeureux Moudjahidine, marquant la fin d'une ère et le commencement d'une autre pour la liberté et la prospérité de notre pays, n'a jamais été consacré comme une fête nationale, chômée et payée alors que le 19 d'un autre mois celui de juin 1965 qui a pourtant connu un bain de sang voire une journée sanglante, durant laquelle le président Ahmed Ben Bella, premier président de la République algérienne indépendante fut, après avoir assisté au match de football opposant notre équipe nationale à son homologue brésilienne au stade d'Oran, renversé par son ministre de la Défense nationale Mohamed Boukharouba dit le colonel Boumediène qui prit le pouvoir et devint président du Conseil des ministres et de la Révolution. Redressement révolutionnaire pour les uns, coup d'Etat pour d'autres, le 19 juin fut désormais consacré comme une date historique par la nouvelle direction du pays, qui a fait d'elle une journée chômée et payée. Pourtant certains Moudjahidine qui prétendent être le fer de lance de la Révolution ont fermé les yeux devant cet état de fait et n'ont jamais osé lever le petit doigt ou crier haut et fort sur tous les toits en appelant les nouveaux dirigeants à ne pas fêter cette date durant laquelle beaucoup de sang des Algériens a coulé en se disputant le pouvoir dans l'effusion de sang. Il aura fallu que le président Bouteflika ait prit son courage à deux mains, c'est-à-dire trente-quatre ans après son arrivée au pouvoir 1999, de supprimer du calendrier des fêtes nationales et religieuses la commémoration de la date du 19 juin. Comment se fait-il que le 19 mars qui a, après de longues et rudes négociations entamées entre la délégation FLN conduite par Krim Belkacem et le gouvernement français représenté par Louis Joxe, abouti à la signature des accords d'Evian proclamant officiellement le cessez-le-feu sur tout le territoire national, ne soit pas consacré comme une fête nationale, chômée et payée ? Pourtant plusieurs figures emblématiques de la Révolution algérienne, dont certains ont passé de vie à trépas ont, de tous temps, appelé de leur vivant les dirigeants du pays à considérer la date du 19 mars, fête de victoire, au même titre que le 5 juillet, fête de l'indépendance. Dans la foulée de la révision prochaine de la loi fondamentale du pays, qu'est la Constitution, le président Bouteflika pourra, comme il l'a fait pour la suppression du 19 juin, réhabiliter le 19 mars en décrétant une loi l'instituant comme une fête nationale, chômée et payée. Enfin et de l'avis des observateurs, le chef de l'Etat aura ainsi le mérite d'être le père fondateur de la IIème République, après avoir ouvert le champ politique en attendant celui de l'audiovisuel et la promulgation de la nouvelle Constitution, lesquels achèveront à quelques mois de la fin de son troisième mandat présidentiel, le processus des réformes politiques qu'il a engagées lors de son discours d'avril 2011. * Auteur d'un ouvrage intitulé Les vicissitudes d'un homme nommé étoile |
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