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LES TOUAREGS DE L'ADAGH DES IFUGHAS
A travers leurs traditions orales.Une étude de Dida Badi. Mémoires du Cnrpah (ministère de la Culture), Nouvelle série, n°13. Editions du Cnrpah, Alger 2010. 267 pages,250 dinars S'il y a une dénomination qui connaît, ces derniers temps, une certaine notoriété, c'est bien celle de Ifughas, leur Adagh, en tout celui se situant, en assez bonne partie, au Nord du Mali, étant «envahi» par les forces militaires de la Misma avec en pointe les forces françaises. Il est vrai que la notoriété datait déjà avec les revendications autonomistes en Azawed, puis l'émergence d'un mouvement de libération, le Mlna, puis l'arrivée sur la scène des groupes terroristes islamistes du Mujao (et d'Aqmi) qui s'y installèrent, avec otages, armes venues de Libye, et bagages, allant même jusqu'à tout balayer sur leur passage et de menacer le sud du pays?tout en visant les installations pétrolières de l'Algérie voisine. Et, plus, pourquoi pas ? Une notoriété dont les habitants de la région auraient bien voulu se passer... comme cela s'est fait durant des siècles. Hélas, la géopolitique, le commerce et les trafics de tous genres ont des voies tortueuses et imprévisibles. L'Adagh des Ifughas, ressemble, du point de vue géologique, à l'Ahaggar: un massif montagneux, avec une altitude modérée (pas plus de 1000 m), un socle très ancien dominé par le granit et une surface non plane? une région peuplée par les Kel Adagh, une société très bien structurée, avec ses clans (45 recensés par l'auteur), leurs histoires (orales surtout) compliquées et multiples et leurs particularités? et une plaque tournante dans les échanges commerciaux entre le nord et le sud du Sahara. Avis : Ne se lit pas facilement, mais devrait être lu pour bien comprendre le monde qui nous entourent et les événements qui surviennent, parfois brutalement Extrait: «Les traditions orales des Kel Essuk (du clan Ait Alensar) font remonter leur origine aux temps préislamiques (?) et se rattachent même aux peuples qui ont exécuté les inscriptions tifinagh sur l'ensemble de l'espace saharien, c'est-à-dire aux Berbères avant l'islamisation de ces régions» LES SCIENCES ARABES EN AFRIQUE Mathématiques et Astronomie IXe ?XIXe siècles Suivi de Nubdha fi ?ilm al-hisab d'Ahmad Babir al-Arawani. Une étude de Ahmed Djebbar et Marc Moyon. Apic Editions, Alger 201 (Editions Grandvaux, France, 2010). 191 pages, 600 dinars Les auteurs sont modestes. Pour eux, ce livre n'est qu'une tentative de présentation d'un panorama de la production astronomique et mathématiques, d'expression arabe, publiée ou ayant circulé dans trois grandes régions du continent africain : l'Egypte, le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Un livre qui s'adresse à la fois au grand public et aux chercheurs. On apprendra, pour ceux qui ne le savaient pas encore, qu'à la fin du VIIIe siècle, les prémisses d'une nouvelle tradition scientifique avaient commencé à voir le jour, d'abord à Bagdad, puis à Alexandrie et dans certains foyers intellectuels du Croissant fertile? durant des siècles, essentiellement en arabe? prenant la forme, d'abord d'un vaste mouvement de traduction d'écrits sanskrits, persans, nabatéens et surtout grecs. D'autres phases suivirent? jusqu'au début du XVe siècle? avènement d'une tradition d'enseignement, de recherche et de publication, avec l'apparition de nouveaux pôles de l'Asie centrale jusqu'à une partie de la péninsule ibérique... et une troisième avec la circulation des savoirs produits... On a même signalé la présence d'un scientifique musulman en Chine dès le Xe siècle? La traduction des «éléments sur la science du calcul d'al-Arawani» est un plat succulent? pour les amoureux du chiffre et les matheux. Comment soustraire, additionner, multiplier? Il est vrai que «le calcul est une science ancienne» (les problèmes de commerce et d'héritage et de tout ce qui se rattache à la vie quotidienne de l'homme en société sont si anciens !). Avis : Un professeur émérite d'Histoire des mathématiques et un Maître de conférences en épistémologie et histoire des mathématiques, voilà un couple pas facile à déchiffrer. Et, pourtant, on est vite emporté par l'Histoire et les histoires d'un sujet en grande partie inexploré. La science, c'est très difficile à acquérir mais si facile à connaître. Extraits: «Les informations relatives aux pratiques scientifiques n'ont pas encore été intégrées dans l'écriture de l'histoire de ce pays» (en parlant de l'Egypte? Mais, avis qui s'appliquerait largement à tous pays du Maghreb) On le sait, pas assez cependant, que bon nombre de termes en usage en Europe, aujourd'hui, sont d'origine arabe? Comment cela se fait-il ? Avec et grâce à la civilisation arabo-islamique à partir du 8è siècle (2è siècle de l'Hégire) ? Non. L'auteur «démontre», avec une démarche rigoureuse et méticuleuse que cela s'est passé bien auparavant, «avec les vagues migratoires arabiques (ou arabes) dans ce continent, à partir du 2è millénaire qui précède l'ère chrétienne» Une civilisation arabo-asiatique à l'origine (????), laquelle deviendra, par la suite, arabo-européenne? C'est comme cela que les prénoms André, Boris, Eric, Jean, John, Isabelle, Monique, Ruth, Philippe, Daphné, Grâce, Hélène possèdent une origine arabe. Je me souviens que (feu) Kaddafi avait trouvé et disserté, de manière alors totalement «déjantée» sur une origine arabe de Shakespeare ? Pourquoi pas ! Avis : Un livre excellemment bien écrit et plus que bien documenté, l'auteur sachant bien où il «met les pieds». Une thèse bien défendue? d'un spécialiste (il a déjà publié neuf ouvrages sur la question)?qu'il faut quand même lire avec une part de «doute» ou d'interrogations. Dommage que l'auteur n'ait pas publié une «bio-express» en 4è de couverture. Pour la petite histoire, en 2006, Amine Mahreb a publié, aux Editions El Othmania (collection Arabissima) un «Glossaire raisonné des mots d'origine arabe» de 196 pages et, juste après, Salah Guemriche a publié, aux éditions du Seuil (France), un «Dictionnaire des mots français d'origine arabe» de 878 pages, préfacé par Assia Djebbar, de l'Académie française. Extraits: «L'étude des prénoms européens d'origine arabe devrait permettre une meilleure compréhension entre des peuples divers, lesquels baptisent leurs enfants des mêmes noms ; une plus grande prise en charge du passé historique de chaque pays, de chaque peuple à travers les toponymes, hydronymes, oronymes et les ethnonymes ; un plus large apprentissage de la langue des «autres»,ne serait-ce que pour interpréter le prénom que l'on porte ou pour choisir le prénom que portera notre enfant». |
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