|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Il suffit de peu pour rendre l'enfant heureux. Les responsables en charge
de la Culture de la wilaya de M'Sila ont, cette fois ci, tapé dans le mille. A
l'occasion des vacances du printemps, ils ont concocté un programme relativement
relevé et qui n'aura certainement pas ruiné les collectivités locales.
Pas en reste, l'Association Aissa Bisker pour la promotion de la culture de l'enfant a organisé pour l'un de ses enseignants, l'exposition de ses œuvres picturales complètes. Il s'agit de Adel Badri, professeur d'anglais et artiste-peintre de citoyenneté irakienne établi en Algérie depuis 1973 avec cependant, des séjours plus ou moins prolongés dans certains pays du Golfe. Il semble avoir, depuis 2006, opté pour l'Algérie comme terre d'asile. Lauréat de l'école des Beaux Arts de Bagdad depuis 1985, l'enseignant et l'artiste-peintre feront bon ménage avec des bonheurs différents. La direction du Musée national Nasr-Eddine Dinet qui a décliné poliment de prêter sa galerie à l'artiste-peintre aura contraint, son employeur actuel, à se substituer en lui permettant d'exposer dans les locaux de l'association, ce qui n'était pas une mauvaise chose et pour les élèves qui fréquentent l'institution et pour leurs parents. Prévue du 27 au 30 mars et au vu de l'affluence du public, elle fut prorogée au 2 avril 2013. Maitre Badri, dont les œuvres de haute facture artistique ont été, probablement, exposées au public pour la première fois, s'est donné la peine tout au long de l'événement, d'écouter le public grand ou petit, de répondre aux différents questionnements des uns et des autres. Sa palette, variée et chatoyante raconte son Irak meurtri, Ghaza l'insurgée et bien sûr Bou Saâda qu'il semble aimer pour y avoir tissé des liens d'alliance familiale durables. Artiste figuratif, il gambade du paysage à la nature morte avec une évidente tendance traditionaliste de peindre les scènes de vie courante. Toujours dans le cadre festif enfantin, deux séances théâtrales furent organisées, le dimanche 31 mars l'une après l'autre et c'est là où réside le tort d'une organisation bancale de l'autorité communale. Sans service d'ordre, la manifestation qui a débuté par un brouhaha indescriptible en dépit de l'assistance peu nombreuse, s'est achevée dans le calme par le seul miracle de la représentation théâtrale des troupes de la Coopérative culturelle «Sarh El Fène» de Sétif et l'Association théâtrale «Kalima» de M'Sila. Avec peu de moyens et beaucoup d'imagination, les jeunes acteurs et actrices ont, pendant plus de deux heures de spectacle, «réduit au silence» un parterre infantile vociférant, surtout celui qui n'était pas accompagné. Et si la musique adoucit les mœurs, le théâtre ramène le calme. A un certain moment, les adultes qui n'étaient apparemment là que pour leur progéniture, se prirent au jeu de la scène et semblaient suivre avec un regard enfantin, les séquences ludiques. Heureux, ces enfants immergés dans un désert culturel des plus arides, auront vécu l'espace d'une matinée récréative, un moment de bonheur dont ils se délecteront pendant quelques jours encore. Les adultes, eurent droit quant eux, le vendredi 29 mars, au théâtre engagé de la Coopérative d'Oran dans une production adaptée de «Métamorphose» de Frank Kafka. L'assistance aurait pu être plus nombreuse, si le lieu et l'horaire étaient mieux adaptés. La salle des fêtes communale n'est pas encore attractive pour drainer un large public, encore moins mixte. Faut-il aussi que le comité des fêtes trouve les voies et moyens les plus efficients pour faire parvenir l'information. La femme ouvrait le bal avec une exposition d'œuvres picturales féminines. Placée sous le haut patronage de Mme la ministre de la culture, la thématique «Femme créatrice» que le Musée national Nasr- Eddine Dinet organise dans sa 4è édition du 2 au 11 avril 2013 était intitulée «Printemps féminin». Plus d'une trentaine d'œuvres de 21 artistes se «disputèrent» l'espace de la première galerie du musée qui s'avéra exigüe, compte tenu de la forte assistance féminine qui se bousculait lors de l'inauguration. De mémoire de gardien de musée, nulle exposition n'aura drainé autant de monde que ce mardi 2 avril. Dames en hidjab, jeunes filles, vieilles dames en melhfa (voile traditionnel local) et fillettes s'égaillaient dans les espaces attenants à la galerie. La maison du maitre Dinet, relique laissée en l'état ou du moins réhabilitée, se faisait peut être visitée pour la première fois, par les néophytes de l'art pictural. Dans la galerie, les femmes papotaient, comme à leur habitude, autour des œuvres. Celles qui attiraient plus de monde, sont celles des artistes académiquement formées à l'instar de Serguine, la doyenne, ou les quelques élèves des Beaux Arts qui ont tenu à investir, le champ artistique avant l'heure. Khaoula et Oumhani racontent par le symbole le ballet ou la silhouette diaphane faite de légèreté. Sheima, Karima, Ikram et Selabil excellent dans le portrait où le regard exprime l'émotion du moment. Hassina et Fatna, influencées probablement par l'école de Dinet, reprennent à travers la palette l'artisanat traditionnel du tissage et du brodeur assis à même le sol. Parmi la foule et presque dans l'anonymat, se trouvait Barkahoum Farhati, chercheure au Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques d'Alger (CNRPAH). Architecte et historienne de l'art, cette fille du «pays» a œuvré dans le cadre de la fondation pour la réhabilitation de ce lieu mythique après sa destruction par autodafé lors de la tourmente qu'à connue la nation dans les années 90. Par le hasard du calendrier elle se trouvait ce jour en compagnie de deux amies dont Silvia Naef, historienne à l'unité d'arabe de l'université de Genève. Heureuse et probablement émue à la fois, elle semblait dire à ces jeunes artistes : «Battez-vous tant que vous en avez l'énergie. Vous n'aurez que l'instruction et la culture comme armes de lutte». Cet antre muséal ne fait pas que des vernissages et des expositions, il met à la disposition du public, une riche bibliothèque généraliste. Sous la direction de Mohamed Ladjelat, cette ruche bourdonnante est portée à bout de bras par de jeunes cadres à l'instar de Smail Bensalem, chef de département, Brahim Abdeldjabar, artiste-peintre et bien d'autres. L'atelier de dessin et de peinture d'enfants, dirigé par Mme Zahani et qui a déjà quelques années d'existence, s'est fait connaitre à travers la célébration de la Journée internationale de l'enfance par plusieurs expositions, notamment : «Reflets de couleurs», «Mains et merveilles» et «Rencontre d'enfants» respectivement en 2010,2011 et 2012. Les artistes en herbe, garçons et filles sont pour la plupart issus du milieu social commun. Dans le superbe hall, illuminé par éclairage zénithal, un vieil homme qui semblait, se trouvait là par hasard, observait cette exubérance, toute féminine, avec un regard amusé pour dire enfin : «Soubhane Allah ! Qui aurait pu pensé un jour, que les femmes s'intéresseraient à l'art ?...elles nous ont habitués à rouler du couscous ou au travail de la laine ! ?ce sont là, les bienfaits de l'école que peu de gens de mon âge ont fréquentée». Interpellé par le muezzin de la mosquée qui jouxte le musée, le vieil homme quittait les lieux pour aller s'acquitter de son devoir religieux. |
|