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En Algérie, les autorités s'attendent à une explosion
sociale qui s'étendra à l'ensemble du pays. Les manifestations dont le sud du
pays est le théâtre à l'initiative du mouvement de défense des droits des
chômeurs ont été pour elles à cet égard un avertisseur au sens qu'elles sont en
train de faire tache d'huile à travers le territoire national.
Elles tentent bien entendu de contenir ce mécontentement social et de l'apaiser par des batteries de mesures à caractère financier et social en faveur des couches défavorisées de la société et donc susceptibles d'entrer massivement en protestation. Mais conscientes que les mesures prises ne sont pas suffisantes pour les en détourner, les autorités se préparent à faire face à la tempête qui se lève en mettant en ordre de bataille le dispositif de maintien de l'ordre de l'Etat auquel est dévolue la mission de gérer pareille situation. C'est du moins ainsi qu'il faut décrypter l'information faisant état d'un projet en maturation de création d'une cellule des opérations de sûreté et de maintien de l'ordre au niveau du ministère de l'Intérieur. Cette cellule sera érigée en commandement commun en charge de la coordination des interventions si nécessaire des organes sécuritaires de l'Etat que sont la Gendarmerie nationale et la Sûreté nationale (DGSN). Cette coordination à établir entre les deux institutions en charge du maintien de l'ordre est censée rendre réactif et efficient le dispositif sécuritaire en fonction de l'ampleur que prendront les événements redoutés à travers le territoire national. Il est prévu qu'outre cette coordination qui va s'établir entre les corps du maintien de l'ordre, ceux-ci vont voir leurs effectifs étoffés et se voir doter du matériel adéquat pour affronter les mouvements de rue. Cette initiative pour laquelle le président Bouteflika a donné le feu vert montre que quand il se sent menacé dans sa pérennité, le pouvoir sait faire preuve d'anticipation. On aurait voulu qu'il fasse montre de cette même qualité d'anticipation s'agissant de concevoir des politiques et des pratiques de gouvernance en mesure de supprimer les causes qui sont à l'origine des mécontentements populaires et de leur montée en puissance. Sur ce plan, les autorités du pays s'en tiennent à une démarche suicidaire pour le pouvoir et hélas pour le pays. Laquelle consiste à faire du bricolage en terme économique, à octroyer des mesurettes sociales qui ne répondent aux revendications qui s'expriment et à ignorer l'exigence du changement politique dont les Algériens sont en attente. En s'en tenant à elle, les pouvoirs publics se trompent lourdement s'ils pensent pouvoir parvenir à gérer l'explosion populaire qui en résultera inéluctablement par le seul déploiement d'un dispositif de maintien de l'ordre aussi efficace et renforcé qu'il puisse être. L'action de celui-ci sera vaine si comme à Ouargla et d'autres villes du Sud le mécontentement populaire se traduira en manifestations pacifiques et exemptes de provocations et surtout que ses acteurs inscrivent leurs actions dans la permanence et leur généralisation à l'ensemble du territoire national. |
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