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En consultant le
dictionnaire, le terme disparu est expliqué et défini comme suit : disparu,
personne morte ou considérée comme morte. Disparaître : ne plus être
perceptible à la vue, à l'ouïe, à l'odorat ; ne plus être éprouvé. Etre caché,
dissimulé par quelque chose. Cesser de se trouver quelque part, de se
manifester. Ne plus se trouver quelque part, de manière inexplicable, pour des
raisons que l'on suppose être la fuite, le rapt, le vol, etc. cesser d'être,
mourir.
Hé bien voilà ce que la langue française nous éclaire sur le disparu ou les disparus, humains soient-il ou objets. Mais vous allez vous demander que va-t-il nous dire à ce sujet, ce n'est pas un cours de langue française dont il s'agit, mais moi je vous dirais qu'il s'agit beaucoup plus du domaine du politique, et là le mot disparu prend une autre tournure, plus profonde que les définitions que donne la définition du dictionnaire de langue. Des disparus ? On n'en a eu en Algérie. Et pour ne pas aller trop loin, faisons un petit tour d'horizon dans notre histoire contemporaine ! En 1830, quand nous avions essuyé l'invasion colonialiste française et durant 132 années, nous en avons enregistré des milliers, sinon des millions d'algériens. Les généraux français et tous les militaires qui ont mis leurs pieds sur notre sol, se sont distingués par une sauvagerie sans limites pour exterminer les populations locales et les faire disparaître à jamais. Des dizaines de milliers d'algériens anonymes ont été exterminés sans que nul ne s'en soucie, d'autres ont été déportés un peu partout à travers les colonies françaises afin que nulle trace ne reste de leur passage sur terre, afin que nul ne sache ou ils ont été emmenés. Jusqu'en 1954, tout était permis et personne n'avait le droit de broncher pour demander ou se trouvait son père, son oncle, son cousin, ou n'importe quel autre membre de sa famille. Nul ne savait ou il a été interné ou déporté. On disait qu'ils ont été transportés par bateau et tout le monde parlait de Cayenne sans même savoir situer ce bled. Seuls ceux qui en sont revenus, et ils sont très rares, qui ont pu en parler. Les moyens de communication étant inexistants, il était quasiment impossible que l'information arrive chez le commun des mortels parmi les populations locales. Les poètes avaient beau en parler mais ce n'était pas tous les algériens qui pouvaient accéder à ce qui se chantait ou se déclamait dans les souks, les fêtes, ziaras ou autre rencontres. Ceci pour la centaine d'années et plus de colonisation sauvage, de guerre d'extermination, de déportations massives et j'en passe. Quel est ce malin qui pourra donner un chiffre sur ces algériens disparus comme ça, gratuitement, alors qu'ils n'avaient rien fait pour mériter une telle chose, disparaitre par le fait de guerre qu'ils n'ont pas déclaré, et sur leur sol par-dessus le marché. Combien d'algériens ne sont jamais revenus des guerres coloniales, mobilisés de force pour servir de chair à canon, disparus dans des terres lointaines sans que personne n'en sache la moindre chose, même si leurs noms existent sur quelques registres des armées coloniales. Qui s'est inquiété pour avertir leurs familles sur leurs sorts, personne. Ils sont partis et ne sont jamais revenus, tombés au champ de bataille anonymement, sans que leurs familles en fassent le deuil. Oubliés à jamais ! Au-delà de la seconde guerre mondiale les choses ont quelque peu commencé à changer, les algériens se sont émancipés au point ou ils ont revendiqué leurs droits inaliénables à la Liberté et là le ton a changé. Certes la sauvagerie du colon et de son armée est allée en s'accentuant mais la situation n'était plus la même dans le monde entier avec la création des deux blocs opposés, d'un côté l'occident avec à sa tête les USA et de l'autre celui de l'Est avec à sa tête l'URSS. La France a assez massacré, assez déporté, assez caché les exactions de son armée répressive, il ne pouvait en aller jusqu'à l'infini. Le déclenchement de la guerre de libération nationale en 1954 a également été une autre cause des disparitions forcées de militants, de moudjahidine et de simples citoyens qui n'ont pas choisi d'être au moment « M » à un certain endroit, ou ont été témoin d' un fait de guerre. Durant ces sept années de lutte armée, couronnée par l'indépendance nationale, l'armée française n'a pas été tendre avec les algériens, au point ou ils ont été utilisés comme cobayes lors des essais nucléaires, le comble de la bestialité et de l'ignominie de la colonisation envers l'être humain. Et aujourd'hui nous sommes indépendants et jouissons de toutes nos libertés et nous en sommes fiers ! Chers amis lecteurs, j'aimerais que vous sachiez ce qui m'a emmené à évoquer ce sujet délicat, celui des disparus, des milliers, sinon des millions d'algériens que la colonisation française a « effacé » de la terre sans que personne ne s'en émeuve. Allons-nous demander aux français de nous « dire » toute la vérité sur ces êtres humains qui n'auraient même pas eu droit à une sépulture. Je voudrais bien que des associations aillent revendiquer le droit de savoir où ils se trouvent et qui sont-ils et combien sont-ils. Jusqu'à présent personne ne l'a fait, et en fin de compte cela servirai à quoi. Le peuple algérien a subi le martyr et cela suffit. Hé bien sachez chers lecteurs que le but de la présente chronique n'est rien qu'une simple réaction à une organisation non-gouvernementale (ong) suisse qui a eu l'outrecuidance de s'attaquer de front à l'Algérie, depuis un certain temps, et de « trainer » un ancien général devant un tribunal suisse pour des faits qui se sont produits en Algérie, un pays indépendant et souverain, et d'entrainer avec elle des associations algériennes afin de se plaindre auprès du Comité des droit de l'homme de l'Onu pour «réclamer des mesures énergiques pour que des enquêtes sur les crimes de disparition forcée et d'exécution sommaire commis pendant la «décennie noire» soient initiées par les autorités algériennes, que la lumière soit faite sur les faits en cause et enfin, que les responsables soient identifiés, poursuivis et sanctionnés » (dixit le communiqué des trois organisations rédigé et transmis d'une voix commune !!!). Donc deux organisations sont algériennes, c'est peut-être leur droit de demander n'importe quoi aux autorités algériennes en Algérie bien sûr, mais je dirais à l'organisation suisse, « de quoi je me mêle ? », est ce que un algérien ou n'importe quel citoyen du tiers ou du quart monde peut aller devant des instances internationales pour dire pourquoi les vaches suisses ne nous donnent pas du yaourt ou du chocolat directement au lieu de nous donner du lait. Les musulmans du monde pourraient eux aussi se plaindre du fait qu'un canton suisse ait interdit la construction des minarets de mosquées, et j'en passe. Hé oui, je ne pense pas qu'on nous laisserait ce droit qui leur permet tout, eux les occidentaux, au nom des principes de leur démocratie, et non à nous au nom de leur démocratie. Selon l'information rapportée par la presse algérienne, les trois ONG exigent, dans leur document, que les victimes et leurs familles, dont la douleur demeure vive, « doivent avoir accès au plus vite à des réparations complètes et appropriées ». J'aimerais bien savoir ce que veut dire « réparations complètes et appropriées ». Réparer veut dire quoi ? et en plus complètes et appropriées ! Est-ce que ces associations veulent que les familles des victimes reçoivent de l'argent, et encore plus d'argent pour faire leur deuil ? Est-ce que l'argent peut remplacer un être cher disparu ? Ces questions à peu de sous resteront certainement sans réponses, car elles ne sont fondées sur aucune logique à mon sens. La même source nous apprend aussi que leurs responsables ont réitéré leurs attentes du Comité des droits de l'homme des Nations unies et à travers un des membres (algérien) de ces trois associations il est dit que « les familles de disparus ont placé leur confiance dans le Comité des droits de l'Homme en lui soumettant les graves violations dont elles ont été victimes. Elles attendent aujourd'hui que les décisions qu'il a rendues, reconnaissant leurs souffrances et établissant la responsabilité de l'État algérien, soient enfin mises en œuvre de manière effective ». Un autre membre (algérien) avancera que « « les familles attendent déjà depuis vingt ans le retour de leurs enfants et se heurtent toujours au silence des autorités ». « Le refus de donner suite aux décisions du Comité est d'autant plus douloureux que le gouvernement algérien ne cesse de ternir la mémoire des victimes. Il est temps que les souffrances des proches de disparus soient entendues et que des réponses leur soient apportées ». Et au militant suisse de conclure : « un terme doit être mis à l'impunité pour ces graves violations des droits de l'Homme; et les victimes et leurs familles doivent être pleinement rétablies dans leurs droits. Elles ont assez souffert ! ». Quelles belles phrases ! Que vont-elles ajouter aux familles des victimes qui s'accrochent à revendiquer un mirage. Est-ce que ceci va leur rendre leurs enfants, frères, pères et autres. Ceux qui sont partis ne reviendront jamais et les expériences ne manquent pas à travers le monde. Pas très loin de chez nous, au Maroc voisin, des centaines et des centaines de personnes ont disparues à jamais du temps de Hassan 2. Qu'ont obtenues les familles de ces disparus ? Les familles des millions d'algériens disparus durant les 132 ans de colonisation barbare n'ont rien reçues et n'ont pas eu droit à des associations ni suisses ni thaïlandaises pour les défendre ou défendre leurs mémoires ! Aucun fonds de commerce n'y a été ouvert pour quémander quoi que ce soit. A-t-on besoin que des étrangers viennent nous soutenir dans notre malheur. Ces gens-là applaudissaient notre bourbier et voulaient nous empêtrer davantage dans la mouise en offrant couvert et gîte à ceux qui participaient à rajouter au malheur de l'Algérie entière. Les ONG sont là pour le bien des hommes et non pour rajouter de l'huile dans le feu, et l'Algérie n'a pas besoin que des personnes n'ayant rien à voir avec ce qu'ont enduré les algériens, viennent y fourrer leur nez. Qu'elles commencent à balayer devant leurs portes, à s'occuper de ce qui se passe chez elles, régler les problèmes des suisses entre eux et ensuite voir si elles ont le temps à consacrer à autrui. Il y a tant de problèmes en Europe à gérer par ces ONG que le temps ne leur suffirait pas de sauter vers d'autres continents. Que les choses soient claires, les algériens entre eux peuvent s'entendre ou ne pas s'entendre, la question des disparus est une question algéro algérienne qui peut se régler en Algérie et avec le temps, comme cela a été fait dans certains pays d'Amérique latine et en Afrique du sud. Il faut laisser le temps au temps et ensuite demander des comptes à tous ceux qui sont responsables de la tragédie déjà dépassée par l'Algérie. |
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