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A
propos du conflit sahraoui, le président français François Hollande, arrivé
hier à Rabat en visite d'Etat dans le royaume marocain, a déclaré en décembre
2012 devant le Parlement algérien qu'il « soutient l'initiative onusienne pour
sortir de ce conflit ». Des observateurs se sont empressés à l'époque de
décrypter son propos comme annonçant une volonté de rupture de sa part avec la
position adoptée sur ce dossier par son prédécesseur à l'Elysée, Nicolas
Sarkozy, ayant consisté à appuyer sans réserve Rabat qui refusant le plan
onusien tente de lui substituer celui de l'octroi au Sahara Occidental d'une «
large autonomie » à l'intérieur du royaume.
Rien n'est venu pourtant de Paris depuis en confirmation de leur lecture. Le Quai d'Orsay et la diplomatie française continuent là où la question sahraouie est examinée à soutenir la thèse marocaine de « large autonomie » en prétendant qu'elle est « une base sérieuse et crédible pour mettre fin au conflit ». François Hollande confirmera certainement cette continuité durant sa visite dans le royaume. A Alger, il a omis de faire état de la préférence française pour le plan marocain pour ne pas froisser ses hôtes qu'il sait très sourcilleux sur le sujet. Mais il avait pris la précaution de rassurer sur son omission les autorités marocaines auxquelles il a délégué pour ce faire avant sa visite à Alger son Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Lequel avait alors clairement affirmé que Paris s'en tiendra à son appui au plan de Rabat. Ce que François Hollande dira sur le sujet sera à l'évidence décortiqué avec minutie par les autorités algériennes et sera susceptible de parasiter la normalisation des relations algéro- françaises à laquelle a contribué sa visite en Algérie, s'il s'avère que son « soutien à l'initiative onusienne » annoncé par lui à Alger n'aura été que « clause de style » sans effet pratique sur la position française dans le dossier sahraoui. Une déclaration de François Hollande pro-thèse marocaine alors que l'émissaire onusien Christopher Ross est encore dans la région pour tenter de relancer le plan onusien de sortie du conflit sahraoui préconisant la tenue d'un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui, sonnerait irrémédiablement le glas de ses efforts. Ross a anticipé cette éventualité en mettant en garde sur ce qu'il en résulterait pour la région dont il a estimé qu'elle est dans « une situation dangereuse qui rend une solution plus urgente que jamais ». Solution dont il a précisé qu'elle doit être « en adéquation avec les décisions du Conseil de sécurité de l'ONU ». Or c'est précisément le soutien de Paris à leur thèse qui encourage les autorités marocaines à ignorer les décisions de l'instance onusienne. En leur réitérant ce soutien à l'occasion de sa visite au Maroc, Hollande ne fera que conforter les autorités de ce pays dans leur obstination à s'en tenir au fait accompli de l'occupation du Sahara Occidental et à leur refus du libre exercice pour sa population du droit universellement reconnu d'autodétermination. Il confirmera par là même que la France qui se prétend « mère des droits de l'homme et des citoyens » n'est en fait qu'un Etat « monstre froid » n'agissant que pour faire prévaloir ses intérêts nationaux. Que l'Elysée soit aux couleurs rose des socialistes ou bleue de la droite. |
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