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Pour une commune entreprise prestataire de services

par A. K.

Suite de la page 09

HIÉRARCHISATION DES ACTIONS ET ÉGALITÉ DES CHANCES

Il faut tout d'abord considérer, que les effets négatifs et pervers du pilotage à vue qui caractérisent la gestion de nos communes, mais pas seulement, ne sont pas de nature à optimiser les investissements massifs octroyés au titre des plans communaux de développement, dans bien des cas non utilisés à bon escient, comme illustré par cette pratique, du faire, défaire et refaire les trottoirs, devenue un sport national ! Tout se passe comme-ci l'aisance financière devait dispenser les collectivités locales d'une maturation de leurs projets, qui restent par conséquent, à impacts tout à fait limités. Il faut finir par admettre, que la réussite de tout projet, dépend de ce que souhaitent les citoyens, et non de ce qu'il sera décidé pour eux, en l'absence de leur implication ! La revendication de l'heure trouve son origine dans l'absence d'équité dans la répartition des moyens et la non-conformité des réponses apportées, par rapport à l'expression citoyenne. Or, comment peut-on être juste et équitable quand notre connaissance du milieu sur lequel nous voulons agir, n'est qu'intuitive et forcément subjective ! Agir juste, c'est chercher à comprendre :

? Les appréhensions des parents, quand ils envoient leurs enfants à l'école ;

? ce qui motive l'angoisse et le désarroi de notre jeunesse ;

? ce qu'endurent les populations du Sud en été et celles de montagnes en hiver, par rapport à la question du délestage énergétique et de la rupture des approvisionnements en gaz butane ;

? ce que vivent les gens dans leur quotidien, quand ils prennent les transports publics et quand ils vont chercher de l'eau ou ramasser du bois pour se chauffer, en milieu rural ;

? le quotidien des personnes âgées, des retraités, des handicapés et tous ceux qui sombrent progressivement dans la détresse.

L'inventaire non exhaustif, de la morosité du quotidien du citoyen, donne toute sa signification à la connaissance scientifique du milieu social sur lequel on a décidé d'agir, avec loyauté, abnégation et justice, pour tendre vers l'idéal de cohésion sociale. Ceci est d'autant plus nécessaire, que la gestion empirique a longtemps entretenu l'amalgame dans des domaines aussi divers et a fait que souvent, le soutien de l'Etat a été dévié de sa vraie cible. C'est ainsi, qu'on a :

? assimilé tous les sans travail déclaré, à des chômeurs ;

? distribué des aides à ceux supposés être défavorisés, sans évaluation du revenu familial ;

? bien des fois, donné des logements à ceux qui n'étaient pas forcément dans le besoin?

L'administration communale devra donc inscrire sa nouvelle démarche, dans une rupture totale par rapport à l'empirisme qui ne peut conduire, qu'à l'injustice et par conséquent, qu'à la contestation. Il faut pour cela, donner la primauté aux études de cas et aux enquêtes pour établir une véritable «cartographie sociale» qui devra faire ressortir les spécificités dans la nature des problèmes de chaque quartier en milieu urbain et de chaque centre de vie, en milieu rural. C'est ainsi, que l'on saura, comment se distribuent géographiquement la demande d'emploi, la pauvreté, la précarité des conditions de vie, les populations à risques, et que l'on pourra disposer de connaissances et de données fiables, pour la mise en œuvre de stratégies adéquates. C'est à partir de la connaissance sans cesse renouvelée du milieu social et des moyens dont on dispose, qu'il sera possible de hiérarchiser les besoins, de cibler avec pertinence les priorités et d'agir juste, dans la conformité des aspirations citoyennes. C'est de cette manière qu'on pourra établir une symbiose entre les différentes composantes de la société, une convivialité et une sérénité indispensables à l'émergence d'un mode de conduite, pour un développement équitable, harmonieux et durable. Cet effort à faire est d'autant plus important, qu'il n'est plus possible de couvrir les insuffisances managériales de bon nombre de nos élus, par l'appel massif au concours définitifs de l'Etat. La médiocrité nous coute cher ! Aujourd'hui, la différence doit se fera sur l'effort déployé pour attirer les compétences, impliquer les différents partenaires du développement, améliorer l'attractivité des territoires et créer de nouvelles richesses, sources de bien être, de quiétude et de cohésion sociales !

Il faut pour cela, régler la question épineuse des moyens de réalisation, au demeurant tout à fait limités par rapport à l'ampleur des programmes dont ont bénéficié l'ensemble de nos communes. L'inadéquation entre les programmes d'investissements et les moyens de réalisation, particulièrement au niveau des régions du Sud et à un degré moindre, celles des Hauts-Plateaux, est cette explication des retards enregistrés dans la concrétisation des projets d'une importance vitale pour les citoyens. On a beau expliquer aux populations de ces régions, que leurs wilayas et communes ont été dotées de programmes d'équipement colossaux, ce que personne ne peut nier, dans la réalité du quotidien, cet effort n'est que très peu perceptible, en raison des retards enregistrés dans la concrétisation des projets et tout particulièrement, pour ce qui concerne les programmes de logements. Il est vrai qu'au-delà du fait qu'elles soient éloignées, les régions du Grand Sud, où les entreprises ne travaillent tout au plus que six (6) à sept (7) mois sur l'année, en raison des vents de sable et des grandes chaleurs, restent peu attractives. Ceci d'autant plus, que toutes les entreprises de réalisation, aussi bien publiques que privées, disposent déjà, de plans de charge conséquents au niveau des régions du Nord, où elles ont également, plus de facilité d'accès aux centres d'approvisionnement des matériaux de construction et d'avantages induits par la proximité des banques et autres administrations. Alors, il faut se rendre à l'évidence, que dans la conformité du principe de l'égalité des chances, ces régions n'ont d'opportunité de se développer, que si leurs programmes sont correctement pris en charge par les entreprises nationales publiques et privées et par les micro-entreprises de réalisation. Encore faut-il, qu'elles puissent trouver leurs intérêts, eu égard au fait, que la situation spécifique de ces régions, reste marquée par l'éloignement, la difficulté des approvisionnements, les coûts des transports et l'absence de main d'œuvre spécialisée ! Cela veut dire, que des mesures spécifiques doivent être envisagées, afin de favoriser l'implantation de cet outil de réalisation, les centres d'approvisionnement en matériaux de construction et les bureaux d'études publics et privés. Cela ne peut se concevoir, que si des dispositions sont prises, dans le sens d'une adaptation des procédures du code des marchés, des coûts de réalisation des projets et toutes autres mesures incitatives, de nature à rendre attractives ces régions, tels les coûts d'énergie et de transports publics ! En contre partie, l'on doit attendre de tous les intervenants, aidés de la sorte par l'Etat, de favoriser la formation et les emplois pour les jeunes de ces régions ! Mais tout cela n'est qu'un premier jalon dans la longue marche, qui doit conduire au développement durable de nos régions du Sud au même titre d'ailleurs, que celles des Hauts-Plateaux. Cet objectif ne peut se concevoir, qu'à travers l'amorce d'une politique hardie d'aménagement du territoire, marquée par le lancement de grands travaux de maillage infrastructurel et de structuration du territoire devant donner lieu, dans les régions du Grand Sud notamment, à la création de centres de vie ex nihilo, sources de sécurisation territoriale et d'activités génératrices d'emplois. Cette reconquête des espaces intérieurs est un impératif du présent, dés lors qu'il s'agit de surmonter les inégalités entre territoires et les déséquilibres socio-économiques, afin de préserver la cohésion sociale et l'unité nationale. Cela sous tend, une conjugaison effective des efforts intersectoriels autour de cet objectif majeur, dans l'esprit d'une solidarité agissante en direction de nos concitoyens, chaque fois que nécessaire. C'est par cet élan, qu'on pourra déjouer les visions malsaines de ces «charognards», alléchés par l'odeur de notre sous sol et qu'on restera cette nation unie, pour peu que la prospérité soit équitablement partagée et que l'égalité des chances devienne une réalité palpable et vérifiable par tous.