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Au côté de Barack Obama qui lui a brièvement rendu visite à
Ramallah, Mahmoud Abbas n'affichait pas une mine réjouie. Il donnait
l'impression de sacrifier à une obligation à laquelle il ne pouvait se
soustraire. Il n'y a eu aucune chaleur dans son discours d'accueil dont il a
limité le contenu au minimum de ce que sa qualité d'hôte recevant obligeait à
respecter. Abbas ne pouvait faire plus sans heurter son peuple qui au même
moment faisait savoir que le président américain n'était pas le bienvenu chez
lui.
L'attitude du président palestinien a totalement contrasté avec celle du président israélien et de son Premier ministre qui ont arboré une satisfaction réjouie d'accueillir l'occupant de la Maison Blanche. Dans les deux cas, l'ambiance qui a entouré la visite d'Obama s'explique. A Ramallah, Mahmoud Abbas n'a eu droit de la part de celui-ci qu'à de «bons mots» au cynisme révoltant vu la situation faite aux Palestiniens par l'occupation israélienne et les actes punitifs qu'ils subissent pour le moindre fait de résistance contre elle. Shimon Peres et Benyamin Netanyahu ont eux tout obtenu de lui, au-delà même de ce qu'ils attendaient de sa visite. Obama leur a exprimé la compréhension protectrice de l'Amérique pour la politique d'obstruction d'Israël à la reprise du «processus de paix» et à la solution de la création d'un Etat palestinien à ses côtés. Il a reconnu à l'Etat sioniste le droit de procéder unilatéralement à des frappes contre l'Iran au moment qu'il le décidera et comme il le voudra. Il leur a réaffirmé le soutien «indéfectible» de l'Amérique politique, militaire et financier qui contribue à asseoir et à conforter le statut de première puissance régionale à l'Etat d'Israël et la poursuite de sa politique agressivement belliqueuse. Dans la brève visite de Barack Obama en Cisjordanie occupée, il y a eu l'impression qu'elle a ressemblé à celle que l'on fait à des détenus en prison que l'on va voir uniquement pour leur demander de prendre en patience leur condition et de faire confiance à leurs geôliers contre lesquels ils ne doivent surtout pas se révolter. Ce fut effectivement une tonalité de cette sorte qu'ont dégagée les propos du président américain destinés à Mahmoud Abbas et au peuple palestinien. Il leur a bien vendu encore une fois que personnellement il est pour la solution de la création d'un Etat palestinien, mais en leur faisant comprendre que l'Amérique reste au côté d'Israël quelle que soit la nature de celle qu'il veut leur imposer. Si l'Autorité palestinienne s'est à un moment persuadée que Barack Obama a eu une volonté de jouer au juge impartial dans le conflit palestino-israélien, elle se rend compte maintenant qu'à la Maison Blanche c'est un nouveau Ponce Pilate qui officie. Obama a fait comme le procurateur romain de sinistre mémoire : renvoyer l'accusé à ses accusateurs tout en reconnaissant que ceux-ci sont dans leur tort. Comme Ponce Pilate, il s'est lavé les mains des souffrances et de l'injustice faites au peuple palestinien. |
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