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C'est avec un certain écœurement que les Palestiniens qui ne se sentent pas
obligés de faire semblant ont observé la visite de M. Barack Obama en Palestine
occupée. Ecœurement exprimé avec beaucoup de tranchant par Abdelbari Atwan, une
des grandes plumes libres palestiniennes, qui a parlé d'un président américain
d'une obséquiosité sans égal à l'égard d'Israël. C'est bien, estime
l'éditorialiste, un «house slave» - un esclave de maison - totalement conforme
aux vues d'un establishment fortement travaillé par le lobby israélien.
Les médias occidentaux les plus critiques se contentent de noter que Barack Obama a renoncé à faire quoi que ce soit dans la région. Ce qui est faux. Il a renoncé - si tant est qu'il ait essayé de le faire un jour - à déplaire à Israël, il n'a pas renoncé à le suivre y compris dans son projet de guerre contre l'Iran. Cela n'a rien d'une nuance. Ceux qui ne se sont jamais laissé prendre par la rhétorique verbeuse de M. Barack Obama ne sont pas surpris. Le président américain vend des mots aux Palestiniens et livre des armes à Israël, le reste n'est qu'une affaire de marketing qui ne se fonde sur aucun génie particulier, si ce n'est celui de la vassalité politique des gouvernants dans le monde arabe. Il y a eu en juin 2009 un message du président américain à l'université du Caire en direction du monde arabe et musulman appelant à un nouveau départ entre les Etats-Unis et les musulmans dans le monde. C'était un leurre. Après la politique guerrière de Bush, il fallait changer au moins le discours. Et Obama s'en est chargé. Avec beaucoup de volubilité. Tablant sur un formidable marketing qui a entouré l'arrivée du premier Noir à la Maison Blanche, il a saisi et exploité, outre la vassalité habituelle des dirigeants, une certaine envie d'y croire chez une partie des opinions. Il aura pour cela lâché une demi-phrase sur le refus d'accepter la «légitimité de la continuation des colonies israéliennes» qui constituent, avait-il dit, «une violation des accords passés et portent préjudice aux efforts de paix». Etait-ce une phrase sincère, un moment d'égarement d'un homme qui ne peut être président sans le soutien d'un establishment totalement sous la coupe de l'Aipac ou un simple moyen d'appâter les auditoires ? La question est vraiment secondaire même si, par accident, elle a fixé à Mahmoud Abbas et à ses négociateurs un seuil de dignité minimal à ne pas concéder. C'est ce seuil, le refus de négocier sans un arrêt de la colonisation, que l'administration américaine œuvre à faire tomber afin que, comme d'habitude depuis le faux processus d'Oslo, on entre à nouveau dans la comédie de la négociation sans but et sans horizons. Le vrai problème n'est donc pas Obama, même si l'écœurement des Palestiniens est compréhensible, ni son présumé «renoncement» à faire aboutir une solution. Le vrai problème est dans le renoncement absolu des dirigeants arabes à agir et à aider les Palestiniens ; leur renoncement à avoir une politique pour la Palestine et à prendre le risque de déplaire à Washington. Le problème n'est pas Obama, il est un produit absolument conforme à la politique de l'Empire. Le discours du Caire était une fausse ouverture que des dirigeants arabes ont transformée, certainement sur injonction, en événement historique. La maldonne est là. |
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