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Le pouvoir laissera se faire le procès des scandales qui
éclaboussent la compagnie nationale des hydrocarbures la Sonatrach. Il y est
acculé non pas parce qu'il veut que justice soit faite, mais pour donner
l'illusion qu'il est intransigeant s'agissant de délits nuisant à l'économie et
à l'image de l'Algérie. Mais il s'arrangera pour que le procès n'aille pas aux
déballages qui dévoileraient les protections de hauts niveaux dont ont bénéficié
les auteurs de ces délits. Il y aura donc procès, mais il ne faut pas avoir la
naïveté de croire qu'il fera la lumière sur l'étendue de la corruption dont
Sonatrach et le pays sont victimes.
La justice algérienne n'a pas l'indépendance requise et les magistrats qui seront chargés du procès le courage pour aller au-delà de ce qui va leur être enjoint de rechercher dans ce procès. D'ailleurs les principaux concernés parmi les coupables présumés des scabreuses affaires dont Sonatrach a fait les frais, sont déjà hors de portée de cette justice et de ses magistrats. Ni Chakib Khelil ni ceux dont il aurait favorisé la prédation ne seront à la barre de ce procès. Ils se sont mis à l'abri dans des pays étrangers qui n'étant pas dupes de la réalité du pouvoir algérien se refuseront à donner suite aux demandes qu'il leur formulera pour d'éventuelles extraditions. Qui plus est Chakib Khelil qui est au centre de toutes les affaires Sonatrach bénéficie de la nationalité états-unienne qui rend improbable sa comparution devant un tribunal algérien. Une protection qui fera que même s'il vient à être reconnu coupable de ce que les révélations ont dévoilé sur son rôle, il est assuré de l'impunité car ce qui sera requis contre lui, les autorités algériennes ne pourront en obtenir le respect et l'exécution. Un procès spectacle dans le scandale Sonatrach interviendra. Mais qui ne permettra nullement aux Algériens de découvrir l'étendue de la corruption qui gangrène la République, ses institutions et son encadrement dirigeant. De celle-ci ils s'en doutent de l'ampleur évidemment. Mais ils n'en auront pas la démonstration par un tel procès, qui se réduira à focaliser sur les seconds couteaux dont il s'attachera à donner à croire qu'ils ont agi sans les hautes protections qu'on leur prête, et en tout cas dans «l'ignorance» des personnalités de l'Etat visées par les révélations qui ont fait éclater les scandales. La certitude est que les scandales qui secouent le pays vont faire que d'ici l'élection présidentielle le climat dans le pays va être nauséeux et que les débats sur celle-ci seront «sanglants». Quel que soit le candidat qui aura le label «officiel», il lui faudra s'expliquer ou se prononcer sur ces scandales et leur gestion par les autorités du pays. La corruption, sa socialisation ces douze dernières années seront au cœur de cette élection présidentielle. Le procès spectacle auquel le pouvoir songe et prépare en guise de sortie des scandales qui l'éclaboussent n'en rendra que plus incontournable la question de la corruption et celle de l'identification sans détour de ceux qui ont favorisé et permis qu'elle a transformé l'Algérie en une vulgaire république bananière où la prédation s'opère sans frein. |
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