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La dernière
action terroriste dans le Sud algérien, à Tiguentourine- Ain Amenas (16 janvier
2013), en raison même de son importance ainsi que de sa programmation juste au moment
où l'opération militaire française Serval (qui a obtenu des facilités
d'utilisation, par des avions militaires, de l'espace aérien national, ce qui
est, pour le grand public, une première) a re-posé, au passage, le problème de
la communication institutionnelle en général, et celui de la communication
sécuritaire (ou de crise) en particulier.
La plupart des analystes et autres observateurs sociaux que sont les journalistes nationaux ( mis à part quelques islamo-journalistes mus beaucoup plus par leur habituelle occidentalo-francophobie ou leur nationalisme plus que sourcilleux ) , s'ils ont quasi-unanimement approuvé l'art et la manière des forces spéciales de l'Anp qui ont libéré les otages et éliminé les «envahisseurs», se sont , cependant, échinés à dénoncer l'absence ou l'insuffisance ou la faiblesse de la communication gouvernementale? et ont mis en exergue la forte «présence» de l'information déversée par les chaînes satellitaires d'Europe et d'ailleurs? qui, à défaut d'avoir des correspondants permanents expérimentés , rémunérés comme il se doit et dûment accrédités, ont fait appel à des «informateurs» et /ou à des «spécialistes» connus ou non sur la place. Une pratique en principe tout à fait normale. A la guerre comme à la guerre ! Ce qui est anormal, au niveau surtout des chaînes satellitaires d'information dite continue, certainement en raison de la forte concurrence, mais surtout, je crois , en raison d'une expérience encore courte de bien des rédactions , en tout cas de bien des journalistes, c'est cette propension à vouloir combler à tout prix les temps d'antenne, mélangeant ainsi le fait récent et le fait déjà dépassé, entretenant ainsi dans l'esprit des téléspectateurs non avertis un chevauchement et une confusion des événements . On ne sait plus si l'on vous parle du Mali ou de l'Algérie. On ne sait pas si on fait les envois d'Alger ou de In Amenas. On ne sait plus qui est le héros : l'otage ou le chef terroriste. On en sait plus quelle est la source : une agence de presse mauritanienne connue pour être plus que proche des islamistes terroristes ou une «source sûre». On perd de vue l'enjeu de la lutte : la défense de la démocratie républicaine face à une idéologie fasciste faite d'un fatras de prêches religieux ayant perdu, avec le temps et les manipulations, la queue et la tête. On oublie que le Sahel et une partie du Sahara algérien, il faut le reconnaître, sont devenus, à force de «négociations», de «tolérance» et de «dialogue», couplés aux conflits internes des pays du «Champ», un marigot rentable de trafics en tout genre, du trafic d'armes et de cigarettes à celui de la drogue , en passant par celui des êtres humains, avec ses bandes et ses cartels qui utilisent toutes les causes et tous les moyens. On passe sous silence les soutiens internationaux à la lutte anti-terroriste et on «insiste» sur les «menaces» japonaises tout en transformant les inquiétudes toutes légitimes américaines et britanniques en propos suspicieux. Pour les chaînes françaises, les déclarations favorables de François Hollande sont assez vite «lissées» comme venant d'une sorte de «complice» du «Pouvoir algérien». Décidément, les dégâts causés par le sarkozisme au sein des rédactions parisiennes (même celles des télés publiques) sont vraiment difficiles à gommer ! Pour ce qui nous concerne, il semble bien que les leçons tirés par les journalistes des années 90, alors confrontés quotidiennement et toujours brutalement, sinon mortellement, à l'information dite sécuritaire, n'ont pas été (bien) transmises aux nouvelles générations de journalistes des années 2000. Il est vrai qu'il n'y a eu aucune analyse profonde ou aucun ouvrage consacré à la chose? chacun d'entre-nous se contentant de donner une version de l'action informative tout en embellissant son rôle. Des souvenirs de vieux «schnocks», pour les jeunes journalistes (25-35 ans) qui se suffisent d'une pratique du métier où la liberté de dire et d?écrire passe avant toute responsabilité ! L'information en temps normal a ses règles quasi-universelles : accès libre aux sources, liberté de publier et de diffuser les infos collectées? si possible en faisant la part des nouvelles et du commentaire pour ne pas induire en erreur ou désorienter le lecteur moyen? Pour sa part, l'information sécuritaire, qui se confond pour une assez bonne partie avec l?information de crise, ne met pas seulement en danger la fortune ou la santé ou la sécurité d'un individu ou d'une entreprise ou même d'un Etat (exemple du tsunami japonais) mais la vie d'être humains. Il s'agit donc , tant pour les journalistes que pour les «opérationnels», avec l'aide des chargés de com', non d'ignorer les faits, non de fermer totalement les vannes de la communication, mais de permettre ou de faciliter la diffusion, mais avec précaution afin de ne pas fournir des informations susceptibles d'être exploités par des terroristes ou des preneurs d'otages, par exemple, et de ce fait, rendre encore plus difficile la mission de sauvetage? ou même la limitation des dégâts. Le droit à l'information du citoyen, la liberté d'accès aux sources d'information sont à défendre avec force? mais leur défense et illustration n'excusent pas une exploitation qui ne tienne pas compte des impératifs de la lutte anti-terroriste. Les décideurs et journalistes occidentaux et autres, eux, le savent très bien? et ils appliquent ces démarches en tant que de besoin sans que nul n'y trouve à redire. Deux mondes. Deux visions. Une foule d'intérêts. Deux poids, deux mesures. Mélange des genres. Mélange d'info et d'intox. Mélange de mauvaise foi et d'amateurisme. Un peu de tout, de tout un peu. |
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