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C'est
un secret de Polichinelle que l'Etat français a payé des rançons à des groupes
terroristes au Sahel et ailleurs dans le monde, en contrepartie de la
libération d'otages français détenus par eux. Officiellement, les autorités
françaises ont toujours et systématiquement nié avoir eu recours à cette pratique,
mais personne n'a été dupe de leur dénégation.
La confirmation que la France versait effectivement des rançons est venue de son président François Hollande qui ayant reçu à l'Elysée les familles d'otages encore entre les mains de leurs ravisseurs a fait l'annonce que Paris ne cèdera plus au chantage. L'Etat français semble enfin avoir compris qu'il faisait tout faux en se pliant à celui-ci. Aujourd'hui en guerre ouverte au nord du Mali avec des groupes armés auxquels il a versé des rançons substantielles, Paris a découvert que la France leur avait en fait fourni le nerf de la guerre leur ayant permis de recruter et de s'équiper en armement avec lequel ils combattent contre sa force d'intervention. L'Algérie ne peut que se féliciter de la décision du président français de mettre un terme à la doctrine privilégiée jusque-là par Paris s'agissant des prises d'otages impliquant des ressortissants français. Alger et Paris n'étaient pas en effet sur la même longueur d'onde sur l'attitude à adopter à l'égard des preneurs d'otages. La première prônant le refus absolu de se plier à leurs exigences alors que la seconde tout en n'ignorant pas que l'argent versé aux ravisseurs contribue à renforcer leurs capacités de nuisance n'hésitait pas à accepter le payement de rançons au motif de la considération « humanitaire » que les vies de ressortissants français étaient en jeu. Et c'est paradoxalement Paris et le monde politico-médiatique français qui ont fait reproche à l'Algérie d'avoir une doctrine de lutte antiterroriste péchant par ambiguïté. Le changement d'attitude de la France que vient d'annoncer le président Hollande conforte les autorités algériennes qui ont refusé de céder aux exigences du groupe terroriste ayant mené l'attaque contre le site gazier d'In Amenas et tenu sous son contrôle des centaines d'otages en majorité des Algériens. Sans aller jusqu'à prétendre que c'est la détermination des autorités algériennes dans la gestion de la prise d'otages d'In Amenas qui a convaincu le chef de l'Etat français à revoir la copie de son pays s'agissant de la gestion de ce type d'opérations terroristes, force est pourtant d'y voir une corrélation. La France, puisqu'elle en est à la révision de sa doctrine de lutte antiterroriste, ne doit pas s'arrêter en si bon chemin et admettre également qu'elle fait aussi fausse route en fournissant aides et armement comme cela a été le cas en Libye et maintenant en Syrie à des groupes terroristes sous prétexte de combat commun contre des régimes dictatoriaux. Avec ces groupes terroristes, il n'y a rien à négocier, rien à espérer pour la liberté et la démocratie. On le voit en Libye dont ils ont fait la base arrière à partir de laquelle leurs frères d'armes sévissant au Sahel ont lancé leurs opérations de « conquête » de la région. Quelle que soit l'issue du conflit syrien, les « djihadistes » qui y participent avec la bénédiction française et occidentale afflueront inéluctablement à sa fin vers le Sahel et retourneront les armes (que Paris entre autres leur livre généreusement) contre les militaires français présents au Sahel. De cela aussi l'Algérie a mis en garde les concernés, mais il n'est plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Et la France pour des calculs d'intérêts à courte vue n'avait pas voulu voir. |
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