|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Aux législatives comme aux élections locales presque tous
les partis ayant présenté des listes de candidats ont moyennant contributions
financières fait place dans celles-ci à de riches postulants au statut d'élus
du peuple. Qui plus est l'argument sonore et trébuchant de ces candidats
spéciaux leur a permis de figurer aux premières places sur ces listes et
d'avoir ainsi plus de chance de décrocher les sièges convoités. D'où la sans
précédente et spectaculaire percée de la représentation des puissances d'argent
au sein de la composante des institutions élues du pays.
Le renouvellement prochain de la moitié des sénateurs élus promet de faire apparaître décisive l'arme de l'argent en tant qu'argument électoral. Pour aller au Sénat, les élus locaux qui disposent de cette arme ont semble-t-il déjà monnayé les voix dont ils ont besoin en mettant sur la table des sommes faramineuses qui bousculent toute velléité de discipline de vote que les partis voudront imposer à leurs élus respectifs. Dans les lieux où se scrutent et se commentent les préparatifs du scrutin sénatorial, il n'est question que de l'hallucinante surenchère à laquelle se livrent untel et untel dans la course aux fauteuils sénatoriaux. Il y a sans doute une part d'exagération dans les sommes que la rumeur prétend avoir été proposées par certains prétendants. Il n'en est pas moins vrai pourtant que l'argent va arroser le scrutin annoncé et qu'une flopée de nouveaux sénateurs lui devra ses sièges. Une perspective qui remet au goût du jour le débat sur l'utilité de la chambre haute dans le dispositif parlementaire. Le Sénat a mauvaise presse dans l'opinion nationale. Bien plus que l'APN même si celle-ci est décriée par les citoyens comme n'étant qu'une chambre d'enregistrement qui plus est à la légitimité populaire peu évidente du fait de la fausseté des scrutins qui déterminent sa composante. Il ne se trouvera pas beaucoup d'Algériens pour plaider la cause du maintien du Sénat au cas où serait envisagée sa suppression dans le projet de révision de la Constitution que le pouvoir est en train de confectionner. Aux yeux des Algériens, le Sénat n'apparaît pas en tant qu'assemblée réunissant des « sages » successible comme c'est le cas ailleurs de tempérer le caractère partisan trop prononcé de lois et de règlementations dont la chambre basse peut en être à l'origine. Mais comme un aréopage de personnalités pour qui le statut de sénateur est tout à la fois une sinécure juteuse, le tremplin à des carrières honorifiques et pour certains la certitude d'une immunité recherchée tant leur enrichissement est sujet à de légitimes questionnements. Dans un premier temps, Bouteflika installé au pouvoir n'a pas caché son rejet du bicéphalisme parlementaire et a clairement laissé entendre qu'il était pour la suppression du Sénat dont il déclarait ne pas voir l'utilité. Il semble cependant avoir « évolué » dans son jugement sur le sujet. Ne serait-ce que parce que la chambre haute est devenue un hémicycle où toute « la crème » politique officielle aspire y siéger y compris parmi elle ceux à qui l'on prête d'être dans l'opposition à Bouteflika. Il est peu probable par conséquent que Bouteflika a l'intention d'enterrer le Sénat d'autant que cette institution ne se distingue pas par l'opposition à son égard. Un siège à la chambre haute continuera très probablement à faire fantasmer plus d'un dans notre classe politique et à être l'ambition de ceux qui fortune faite aspirent par intérêt bien compris à devenir d'intouchables « sénateurs » devant qui s'ouvrent complaisamment les portes derrière lesquelles se trouvent les décideurs et dispensateurs des avantages, privilèges et prébendes auxquels ils estiment avoir droit en tant que puissances d'argent. |
|