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Dès
l'annonce officielle des résultats des élections locales, les états-majors
partisans dont les formations ont obtenu des sièges dans les assemblées
communales et de wilaya ont engagé des tractations en vue de la constitution de
majorités dans ces institutions et sur la répartition des postes et
attributions en leur sein. Tractations somme toute normales dans la mesure où
les résultats électoraux dans la grande majorité des communes et wilayas
imposent des alliances partisanes pour pouvoir former leurs exécutifs.
Les accords d'alliance se sont avérés ardus voir dans certains cas impossibles à réaliser du fait que, émiettage électoral oblige, leurs négociateurs sont multiples et multiples les conditions et exigences qu'ils posent. Et la chose s'en est trouvée d'autant plus compliquée que les états-majors partisans sont en maints cas dans l'impuissance à imposer la discipline partisane à leurs élus locaux. Lesquels élus en font à leur tête mus par des ambitions ou de sordides intérêts qui leur font contracter alliances sans se préoccuper si elles sont contraires à celles envisagées par les formations qu'ils représentent. D'ailleurs certains, aussitôt élus, ont tout simplement changé d'étiquette partisane ôtant aux partis qu'ils ont ainsi abandonnés la possibilité de dire leur mot sur les alliances envisagées par eux. Pour certaines formations tel le FLN, par exemple, l'après-scrutin a viré au cauchemar même dans certaines communes et wilayas où la direction des exécutifs leur revient aisément de droit n'eût été que leurs élus s'en disputent et s'en contestent entre eux la présidence, chacun tentant de convaincre les élus des autres formations de voter pour sa candidature. Le spectacle que donne à voir cet après-scrutin est lamentable, écœurant, tant les marchandages conclus ou en cours exhalent des relents de vénalité et de corruption. Le comble en est que beaucoup de ceux qui en sont les acteurs ne taisent même pas ce qu'ils négocient ou ont obtenu. Vénalité et corruption sont assumées comme choses allant de soi par ces élus qui durant leur campagne électorale se sont présentés comme les parangons intraitables de la rectitude morale et de l'honnêteté dont doivent faire preuve les candidats briguant le suffrage électoral de leurs concitoyens. Presque tous les partis ayant pris part aux élections se retrouvent avec des brebis galeuses parmi leurs élus. Mais la fournée constituée par ceux ayant obtenu leur « certificat d'existence » après la réforme de la loi sur les partis se distingue plus particulièrement. Ces « hisbicules » fondés le plus souvent par des dissidents d'autres formations avec pour seul programme l'esprit de revanche et l'aspiration à être recyclé dans le système qui motivent leurs fondateurs ont été les réceptacles de la faune politico-partisane avide d'accéder à des statuts ouvrant droit à la prédation du bien commun, à l'accès aux privilèges et aux bénéfices du partage de la rente financière. En Algérie, ce n'est plus tant l'honnêteté des scrutins qui désespère les citoyens, mais le fait qu'au fur et à mesure que le temps passe la gestion du pays se retrouve aux mains de ce qu'il y a de plus médiocre et d'absolument imperméable à la notion de bien public. Aussi, ce n'est pas un paradoxe si les citoyens en viennent à regretter des responsables dont la gestion ne fut nullement exemplaire, uniquement parce que leurs remplaçants leur apparaissent d'emblée comme atteignant un niveau de nullité et de nocivité pour l'intérêt collectif encore plus élevé que celui de leurs prédécesseurs. |
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